Dotés d’une riche histoire artistique, Pont-Aven et Clohars-Carnoët, bourgs de bord de mer où séjourna le peintre disparu il y a 120 ans, méritent un séjour.

C’est un petit coin de paradis entre mer, campagne et rivière. Un endroit idéal pour ceux qui voudraient prendre quelques jours de repos à proximité d’une crique, tout en ayant la possibilité de belles balades. Lorsque Paul Gauguin découvre le village de Clohars-Carnoët, il est en résidence à Pont-Aven, ce petit bourg de 1 500 habitants, situé entre Concarneau et Quimperlé, au sud-est du Finistère. Il se mêle aux artistes français et internationaux qui se retrouvent pour travailler leur technique d’après nature. Avec les maisons aux murs blancs et toits d’ardoise alignées le long de l’Aven, le site est parfait…

Renommée pour ses galettes, Pont-Aven continue à mettre la peinture en avant avec un musée des Beaux-Arts, des ateliers d’artistes, une école et un centre international d’art contemporain qui propose des stages d’initiations pour tous les publics. Prenez aussi le temps de vous promener le long des berges pour découvrir les quatorze moulins.

Une petite station balnéaire historique

©MAIRIE DE CLOHARS-CARNOËT

À l’instar de Gauguin, prenez la direction de Clohars-Carnoët et allez jusqu’au Pouldu avec ses quelques maisons. Les panneaux vous mèneront facilement jusqu’à la maison-musée de Gauguin. En 1886, le peintre arrive ici par le bateau des douanes d’un ami. Il cherche un lieu plus calme que Pont-Aven. Il trouve un rivage rocheux, des falaises et la lande où seule une poignée de villas sont occupées aux beaux jours par des gens aisés. Le chemin des Grands Sables, qui conduit au littoral, était emprunté par les paysans qui venaient chercher du goémon.

Paul Gauguin peindra d’ailleurs ses Ramasseuses de varech (actuellement au musée Folkwang d’Essen, en Allemagne). En 1889, il s’installe à la Buvette de la plage de Marie Henry, située à l’origine en bordure de grève. À quelques centaines de mètres, la maison-musée est, en réalité, une reconstitution à l’identique de cette auberge où le gîte et le couvert avec cidre à volonté coûtaient 60 francs par mois. De sa chambre située à l’étage, l’artiste pouvait voir l’île de Groix et la côte découpée.

Paul Gauguin va y faire plusieurs séjours entrecoupés de voyages en Arles où il rendit visite à Van Gogh, ainsi qu’en Martinique et à Tahiti. Ici, il parcourait les criques, les dunes et les chemins creux, observait l’embouchure de la Laïta, actuelle « frontière » naturelle entre le Morbihan et le Finistère, et s’intéressait aux paysans et aux pêcheurs. C’est à cette période que le sable devient rose sous son pinceau, comme ce sera ensuite le cas pour ses toiles réalisées aux Marquises. Il invente sa technique : le synthétisme, courant postimpressionnisme qui ose les couleurs, tout en s’intéressant aux formes et à la ligne. Il peint alors des chefs-d’œuvre aujourd’hui disséminés dans le monde entier, telle la Vision après le sermon (1888). Sur un fond orange, l’œuvre est scindée en deux par un tronc d’arbre incliné, des Bretonnes aux coiffes traditionnelles, d’un côté, regardent Jacob lutter contre l’ange, de l’autre (Édimbourg, National Galleries of Scotland).

Le musée rend bien compte de l’atmosphère de cette époque où le lieu fut prisé des peintres. Avec deux chambres à l’étage, quatre artistes pouvaient être accueillis. L’hiver, ils peignaient directement sur les murs et les plafonds, échangeant aussi des tableaux en contrepartie de leur loyer. Au point que la collection de la tenancière s’est élevée à 130 œuvres !

Sur le sentier des peintres

©E. BERTHIER

Une promenade balisée (de deux ou cinq kilomètres) ponctuée de tableaux permet de passer devant les paysages qui ont inspiré les peintres (Gauguin, bien sûr, mais aussi De Haan, Sérusier, Filiger…). La petite crique, appelée Plage des Anglais, est celle qui figure dans le tableau La Vague de Gauguin (1888). Le point de vue qu’il adopte pour Le Joueur de flageolet sur la falaise (1889) apparaît ensuite. La boucle passe dans les pins, les hêtres et les chênes, en longeant également la Laïta, rivière où l’on élève des moules. Grâce à un bac, il est possible de la traverser pour rejoindre Guidel. La ferme où Marie Henry allait chercher les œufs est aussi l’une des haltes proposées.

Après cette balade culturelle, mettez le cap sur Moëlan-sur-Mer, « pays des rias » – basses vallées fluviales qui ont été envahies par la mer. Amateurs de baignade, rejoignez les plages de Kerfany, ou de Trénez, face à l’île Percée. En canoë ou simplement chaussé de palmes, des sorties sont organisées. Au moment où le soleil baisse sur l’horizon et que la lumière préférée des photographes apparaît, filez au charmant port de Doëlan. Sur la rive droite, vous pourrez admirer le phare, les pins et la ria en dégustant des moules ou des belons (huîtres plates) à la terrasse du restaurant Le Trois-Mâts.

Carnet pratique

Que rapporter ? À Clohars-Carnoët, à La Station, boutique de créateurs, textile, bijoux, céramiques, déco. 12, rue des Grands-Sables.

Où manger ? Au restaurant Le Trois-Mâts au Port de Doëlan pour sa vue et ses moules (15,50 €). 4, place de la Coopérative.

Où dormir ? À l’hôtel Naéco Le Pouldu à Clohars-Carnoët, à 50 m de la plage et du GR34. À partir de 110 € la chambre double.

Pour préparer votre voyage : La maison-musée Gauguin propose de nombreuses animations l’été : promenades, visites guidées, ateliers…

Julie BOUCHER

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