Par appât du gain, les sociétés de véhicules sanitaires violent les règles de sécurité routières, en imposant des cadences infernales à leurs chauffeurs…
Le dramatique accident, survenu à Lyon, est révélateur du malaise de la profession d’ambulanciers privés. Un de ces chauffeurs, qui avait déjà cumulé 28 infractions au Code de la route, a ainsi tué deux adolescents de 15 et 17 ans qui circulaient à trottinette.
Jamais un chauffard avec de tels états de service n’aurait dû être embauché dans une société d’ambulances. Mais certaines de ces entreprises s’en moquent : elles sacrifient la sécurité sur l’autel de la rentabilité !
9 : c’est, en 2021, le nombre de décès causés par des accidents impliquant des ambulances privées.
Épuisés
Dirigées par des personnes dénuées de scrupules, ces sociétés embauchent de jeunes conducteurs, pour les faire travailler 24 heures d’affilée et les inciter à effectuer le maximum de transports de malades par jour. Parfois, ce sont plus de 15 sorties quotidiennes que ces chauffeurs effectuent, alléchés par un système de primes opaques versées en liquide. Résultat : les ambulanciers, forcément épuisés, multiplient les infractions routières et les accidents !
En 2021, les ambulances privées ont provoqué 115 accidents graves en France. Commissaire, qu’en pensez-vous ?
Mon avis : un métier mal encadré !
Effectivement, il s’agit d’un métier qui n’est pratiquement pas encadré, hormis l’obligation de posséder le diplôme d’État d’ambulancier. Au niveau administratif, on devrait exiger un relevé d’infractions pour tout candidat qui se présente à cet examen. Cela permettrait d’éliminer tous ceux qui sont lestés d’un certain “passif routier”. Ce n’est hélas pas le cas.
Résultat : les ambulanciers privés s’affranchissent la plupart du temps des règles du Code de la route, alors que l’article L.432-1 n’admet comme prioritaires que les seuls véhicules d’intérêt général (police, pompiers, Samu, pénitentiaire) à la condition qu’ils usent de leurs signaux sonores et lumineux.
Les ambulances privées n’entrent pas dans cette liste et sont dès lors tenues d’observer le Code de la route. Les forces de l’ordre peuvent contrôler les ambulanciers et ceux-ci sont donc aussi assujettis à des contraventions.
Or, pour avoir eu à poursuivre des ambulanciers fautifs lorsque je siégeais au tribunal de police, je sais d’expérience que les déplacements urgents sont très rares, et qu’en règle générale, excès de vitesse et feux rouges grillés ne sont motivés que par la seule recherche du profit, en multipliant les transports de patients… et ce, au détriment de la sécurité des autres usagers de la route !
Les sociétés d’ambulance ont la plus grande part de responsabilité dans cette situation, car elles imposent à leurs employés des cadences infernales, sans pauses ni repos légaux. Des primes occultes, en liquide, compensent ces « servitudes » infligées à des chauffeurs qui allient inexpérience et rythme épuisant.
Les forces de l’ordre devraient s’impliquer plus dans les contrôles d’ambulances privées, mais il appartient aussi à l’inspection du travail de lutter contre ces pratiques illégales avec toute la rigueur nécessaire.
Commissaire Vénère
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