Depuis six ans, l’association Clean my calanques* organise des sessions de nettoyage des calanques de Marseille et milite pour la préservation de l’environnement. Alors touristes citoyens, remplissez vos sacs-poubelles !

C’est un beau jour d’été 2017, en plein footing, qu’Éric Akopian s’étonne de la quantité de déchets présents sur le sentier de la calanque de Morgiou. Saisi par le contraste alarmant entre le cadre paradisiaque du site et l’abondance des détritus en tous genres, il décide de passer à l’action en organisant des opérations de dépollution « entre copains ». Et ça marche.

Petits gestes de grande utilité

Aujourd’hui plus de 50 tonnes de déchets ont été récupérées au fil des mois et près de 60 000 nettoyeurs bénévoles de tous âges s’y sont collés. Une belle initiative ! « On sous-estime le pouvoir de notre action : beaucoup de personnes pensent que les petits gestes isolés sont inutiles et qu’il vaut mieux baisser les bras. C’est tout le contraire, dit-il. Chaque action a son impact et nous devons montrer l’exemple aux générations futures pour protéger notre environnement. »

Comment se déroule un ramassage ? En général, les bénévoles, qui viennent via les réseaux sociaux, se retrouvent vers midi pour déjeuner ensemble, apprendre à se connaître et laisser le temps à tout le monde d’arriver.

Petit pitch de présentation des consignes de ramassage et à 13 heures, c’est la distribution du matériel nécessaire : gants, sacs, gobelets pour mégots, pinces… Après deux heures de travail, des petits cadeaux sont offerts à ceux qui ont trouvé les détritus les plus originaux. Puis c’est l’heure du tri, du pesage et du recyclage avec des associations partenaires, comme Recyclop ou Sauvage Méditerranée, qui, elles, se chargent de les valoriser.

Éduquer

Comment participer ? C’est simple : il suffit de suivre l’association sur les réseaux sociaux et regarder sur le site internet dédié dans les rubriques « nos actions », puis « ramassages », pour trouver le calendrier et les lieux à nettoyer. Le jour J, vous venez avec votre pique-nique, zéro déchet bien sûr.

Comment sensibiliser ? Deux à trois fois par semaine, les treize membres de l’association interviennent dans les écoles, collèges, lycées pour informer les jeunes des risques liés à la surconsommation et aux déchets qui en découlent. S’ensuivent des séances de ramassage avec les classes sensibilisées.

Haro sur le plastique !

Aujourd’hui, la production de plastique dans le monde s’établit à 460 millions de tonnes par an. Et il est prévu qu’elle triple d’ici à 2060 !

Un beau bilan déjà

87 sorties organisées depuis 2017

52 210 kg de déchets collectés

5 000 jeunes sensibilisés à l’école

3 questions à… Éric Akopian : “Ramasser, c’est bien ; sensibiliser, c’est mieux !”

Fondateur et président de l’association Clean my calanques.

France Dimanche : Quel est le principal défi que vous vous lancez cet été ?

Éric Akopian : On aimerait sensibiliser en amont la population pour que notre prochain ramassage de déchets du 16 septembre ne soit pas un carnage comme l’an dernier : une montagne de plastiques avec des bouteilles, des glaces, des papiers entassés à l’escale Borély, en face du Parc. Hallucinant ! Nous créons des événements autour du stade de l’OM avec les joueurs avant chaque match ; nous allons dans les écoles (gratuitement) pour montrer le bon exemple. Vous savez que 100 % des élèves lèvent leur main quand on leur demande s’ils ont déjà vu un adulte jeter un déchet ou un mégot par terre ! L’été, on va aussi dans les centres aérés…

FD : Au premier ramassage en 2017, seules sept paires de bras aidaient à ramasser les déchets. Combien êtes-vous aujourd’hui et quels sont les sites les plus pollués ?

ÉA : Il y a deux ans, au moment des inondations dans la cité phocéenne, on a réussi à mobiliser 550 bénévoles en une fois. Bien sûr, c’est un triste record. Mais en deux heures à peine, on a ramassé 3,8 tonnes de déchets… Aujourd’hui, nous sommes des centaines de personnes mobilisées. Les sites les plus pollués ? Callelongue (on y est allés dix-huit fois en six ans), L’Estaque et la plage de la Corbière (huit fois) ou l’escale Borély, sur la plage avec la grande roue, tellement fréquentées. Là, on n’est jamais déçus. Ce sont des valeurs sûres… [Rires.]

FD : Remarquez-vous une prise de conscience des Marseillais ou avez-vous l’impression que l’action ne peut que perdurer ?

ÉA : Oui, les gens se réveillent petit à petit mais cette prise de conscience est trop lente par rapport à l’urgence de la situation. Les ramassages ne sont que la partie visible de l’iceberg. Ramasser, c’est bien. Sensibiliser, c’est encore mieux ! Et notre message ne s’adresse pas qu’aux écolos. Il est destiné à tous les citoyens de Marseille et d’ailleurs.

*www.cleanmycalanques.fr

Alicia COMET

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