Le 24 novembre 2020, Christophe Dominici, ex-international de rugby, a perdu la vie à 48 ans. Son corps basculait dans le vide. Ses proches ne veulent toujours pas croire au suicide. Il fait l’objet d’un documentaire « Christophe Dominici, il brûlait la vie », diffusé ce jeudi 29 juin sur la chaine L’Équipe.
Un documentaire inédit à découvrir sur la chaîne L’Équipe ce jeudi 29 juin. « Christophe Dominici, il brûlait la vie », se penche sur le parcours de vie du rugbyman français, de ses exploits sur le terrain à ses dernières heures fatales. Sa mort a eu lieu le 24 novembre 2020. Durant ses derniers jours, sa femme Loretta, mère de Kiara, 14 ans, et Mya, 11 ans, ses filles, n’a cessé de le dire : Christophe Dominici ne dormait quasiment plus. Ses nuits étaient hantées de cauchemars. Il se sentait épié, menacé.
Le dernier SMS que son père lui avait envoyé n’y changea rien. Ce dernier lui avait écrit : « Le père de Joe Biden lui a toujours dit (car tu sais qu’il a eu beaucoup de malheurs dans sa vie) : ‘Champion ! La mesure d’un homme n’est pas la fréquence à laquelle il tombe, mais la vitesse à laquelle il se relève.’ Et moi, je te dis pareil, mon chéri. Je t’aime. » L’ancien international de rugby et ailier du Stade Français lui avait simplement répondu : « Je t’aime, papa. » Dans le quotidien Le Parisien, Jean-Marie Dominici, qui soutient la thèse de l’accident, s’est remémoré leur dernier échange : « Je lui ai dit : ‘Tu veux que je monte ?’ Il m’a répondu :’Papa, ne t’inquiète pas, je suis bien' ». Trois jours plus tard, Christophe n’était plus là.
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En 2007, Christophe Dominici écrivait : « Le plus dur n’est pas d’entrer en enfer, c’est d’en sortir ! »
Ce Dieu du Stade, cet « ailier de poche » comme on disait, qui savait se faire géant du haut de son 1,72 mètre, avait ses blessures. Des plaies jamais tout à fait cicatrisées. Un échec, un regard ou un mot de travers pouvaient lui être une torture mentale, tant son besoin d’être aimé, réchauffé, était abyssal. La dépression le guettait depuis qu’elle l’avait terrassé juste après la Coupe du monde 1999. Comme une bête tapie dans l’ombre.
La dépression ne craint personne, pas même l’amour d’une femme ou celui inconditionnel des enfants. C’est un mal sournois qui n’attend parfois qu’un incident apparemment anodin pour fondre sur sa proie. Dans une autobiographie parue en 2007, il écrivait : « Le plus dur n’est pas d’entrer en enfer, c’est d’en sortir ! […] Le blues de mon enfance me rattrape toujours. Comme autrefois, j’ai l’impression d’être nu, sans défense, ni protection. Je plonge à corps perdu dans la mélancolie… « .
Dans la vie comme sur le terrain, Christophe Dominici se donnait, fonçait. Excessif et généreux. Depuis qu’il avait quitté le monde du rugby, douze ans plus tôt, l’adrénaline des matches, la camaraderie entre joueurs lui manquaient terriblement. Alors il compensait, ou plutôt tentait de compenser, par une hyperactivité. Multipliait (avec succès) les entreprises : vins, eaux gazeuses, boutiques… Mais son regard noir et volontaire gardait le cap sur le monde de l’ovalie. Le rugby restait son horizon. Et, en avril 2020, quand un investisseur émirien l’a contacté en vue de reprendre l’AS Béziers, autrefois grand club de rugby qui risquait de descendre de Pro D2 en Fédérale, il s’est sûrement dit : » Enfin ! « . Ce n’était pas juste un projet de plus. C’était le destin qui cognait à sa porte. Alors il s’est jeté dans cette mission avec un enthousiasme de gosse. C’était sa mêlée à lui.
On le croit passé à autre chose. Pas si sûr…
En août 2020, comme chaque été, l’ancien joueur du XV de France défunt se reposait dans le jardin de ses parents, un endroit planté de citronniers, d’orangers et d’oliviers vieux de plusieurs siècles. Ses filles jouaient dans la piscine, tout son clan était là. Lui venait de sortir de quelques jours en maison de repos. Son projet, son grand rêve autour du club de Béziers prenait l’eau, il le savait, et lui avec.
Le 31 octobre, au Stade de France, Christophe Dominici commentait le match contre l’Irlande en tribune de presse, comme d’habitude. Face aux copains, il donnait le change. Ne montrait rien. Faisait le mariolle. Il parlait de nouveaux projets. On le croyait passé à autre chose. Pas si sûr…
A nos confrères du Parisien son père lâche : « Il avait passé trois mois à la maison. C’est moi qui lui donnais ses médicaments tous les matins. Il fallait l’entourer constamment. Il est remonté à Paris et on n’a plus su comment il allait. Beaucoup de gens n’ont pas fait ce qu’il fallait. Il est sorti de chez lui un matin. On n’aurait jamais dû le laisser sortir. «
Ce 24 novembre, Christophe Dominici était sorti à 11 heures pour soi-disant acheter des cigarettes. Ne le voyant pas rentrer pour déjeuner, Loretta, sa femme, inquiète, était partie à sa recherche. Le parc de Saint-Cloud est l’endroit où ils aimaient se balader ensemble, alors c’est vers là que ses pas l’avaient conduite. Tout y était silencieux. Un froid soleil d’automne s’attardait entre les branchages… Les secours étaient là. Ils n’avaient rien pu faire. Il était 15 h 05…
Dans son livre, Christophe Dominici avait écrit : « Plus on prend de l’âge et plus c’est difficile d’accepter de souffrir. C’est souvent pour cela que les carrières prennent fin. ». Les vies aussi. Parfois.
Crédits photos : Guillaume Gaffiot/Bestimage
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