À 95 ans, la doyenne des Grosses Têtes s’est éteinte dans son sommeil, à son domicile.
Son image de mamie ingénue, faussement indigne, des Grosses Têtes l’amusait au plus haut point. Et son immense popularité était sa Légion d’honneur. Claude Sarraute s’est éteinte paisiblement dans la nuit du 19 au 20 juin, à l’âge de 95 ans : « Ce n’est pas la mort qui me fait peur, c’est le grand âge… Tout fout le camp ! Je suis menacée par le déambulateur et je vois arriver le fauteuil roulant ! Heureusement, il y a encore la tête qui marche. C’est vrai, il m’arrive de penser au suicide », avait confié la doyenne de RTL, célèbre pour son franc-parler et ses bons mots. Membre du comité d’honneur de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, Claude Sarraute s’est finalement éteinte dans son sommeil. C’est son fils aîné, notre confrère Martin Tzara, qui a annoncé la triste nouvelle.
Après une longue carrière au Monde où elle tenait une chronique piquante sur la vie parisienne, Claude Sarraute était devenue l’un des piliers des Grosses Têtes depuis les débuts. Fasciné par sa personnalité et son humour, Laurent Ruquier l’avait enrôlée à son tour pour Rien à cirer sur France Inter et On va s’gêner sur Europe 1, avant de retrouver RTL pour de bon.
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À chaque fois, Claude Sarraute faisait merveille avec sa grande culture et son sens absolu e la repartie. Les Grosses Têtes de Philippe Bouvard l’ont révélée au grand public. Avant, il n’y avait que les lecteurs du Monde qui la connaissaient. Je l’ai invitée à France Inter dans les années 1990. J’ai découvert une femme formidable. Tout de suite, je lui ai dit : ‘Il faut que vous me rejoigniez’. Et elle m’a rejoint », raconte Laurent Ruquier, très éprouvé par la disparition de la femme de lettres. « C’était une mamie loufoque et amusante. J’allais la voir régulièrement et on riait. C’était devenu difficile parce qu’elle parlait de plus en plus difficilement. Mais on arrivait à rire encore », a témoigné Laurent Ruquier, en larmes, au micro de RTL. « J’ai tellement appris sur la vie avec elle. Évidemment, je ne vais pas la comparer à ma mère, mais c’était quand même comme une seconde maman.
En tout cas ici, à Paris, dans ce métier. C’était une amie comme on en souhaite à chacun, une des premières femmes libres, plus féministes qu’on ne l’imagine ! », a-t-il ajouté, avant de prendre l’engagement de boire une coupe de champagne à sa mémoire, comme elle l’avait voulu. Parisienne pur jus, née le 24 juillet 1927, Claude Sarraute était la fille de l’une des grandes écrivaines du XXe siècle, Nathalie Sarraute, cheffe de file du Nouveau Roman. Un monstre sacré de la littérature.
« Que faire quand on a une mère entrée de son vivant dans La Pléiade (collection littéraire prestigieuse du monde de l’édition, ndlr) ? Sûrement pas devenir sa pâle copie, pensait, avec raison, Claude Sarraute », rappelle Le Monde dans un bel hommage. « Elle était habitée aussi par le désir d’écrire. Alors journaliste ! Claude a assumé avec panache sa passion pour l’éphémère de ce métier, en sachant qu’elle mourrait sans Pléiade et sans faire les gros titres de tous les journaux ». L’adorable mamie anticonformiste des Grosses Têtes qui reposera près de son troisième époux, l’académicien Jean-François Revel au cimetière du Montparnasse, à Paris, a toutefois droit aux gros titres pour son départ qui nous rend tous tristes.
FRANÇOIS PERRET
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