Consistant à prélever de la graisse dans les zones du corps qui en ont, pour la réinjecter à d’autres qui manquent de volume, la technique esthétique du lipofilling est de plus en plus en vogue. Voici tout ce qu’il y a à savoir avant d’envisager cette intervention.

Se débarrasser de la graisse présente sur des zones qui nous complexent et la transférer là où l’on aimerait avoir plus de volume. L’idée peut paraître folle, voire trop belle pour être vraie, et pourtant, elle est bel et bien réelle ! C’est ce qu’on appelle en chirurgie esthétique le lipofilling, une méthode dérivée de la lipo-aspiration.

Cette pratique de plus en plus répandue, et sur laquelle on a beaucoup de recul, en Amérique comme en Europe, promet une augmentation notable du volume sur certaines zones du visage et du corps, sans avoir à recourir à l’utilisation de prothèses. En utilisant des cellules graisseuses issues de notre propre corps (le ventre, les cuisses, le dos…), les risques de réaction sont moindres. Voici ce que vous devez savoir sur le lipofilling avant de sauter le pas, grâce aux conseils du Docteur Michel Rouif, Chirurgien plasticien et Secrétaire Général de la SOFCEP.

En quoi consiste le lipofilling ?

Cette technique consiste à prélever de la graisse par liposuccion dans une zone à affiner, pour s’en resservir dans une partie du visage ou du corps manquant de volume. Entre temps, la graisse prélevée est centrifugée et filtrée dans une machine spécifique, afin de ne récupérer que la partie huileuse. Par principe de précaution, on ne peut greffer que sa propre graisse, d’autant que le fait d’utiliser ses propres ressources organiques permet une meilleure assimilation par le corps. Selon la technique d’injection choisie, on peut préparer des tissus graisseux plus ou moins épais, qui sauront s’adapter à la zone greffée.

Le lipofilling a été adopté presque en même temps que la lipo-aspiration, il y a 70-80 ans environ. « On s’est vite rendu compte que la graisse injectée s’incrustait dans les couches profondes de l’épiderme pour créer un volume sinon permanent, de très longue durée » indique le Dr Rouif. Le chirurgien new-yorkais Sydney Coleman – l’un des pontes de la méthode, notamment sur les techniques de préparation du tissu graisseux – a beaucoup œuvré à son développement.

Si la technique est jugée très intéressante par de nombreux professionnels, ils sont en revanche assez peu à la pratiquer régulièrement. En effet, non seulement l’opération est bien plus longue qu’une pose d’implants, mais en plus, elle nécessite plus de matériel à acheter et rapporte donc globalement moins d’argent. Les consultations médicales sont aussi plus méticuleuses.

Quelles sont les zones pouvant être traitées par lipofilling ?

Les zones où une greffe de graisse est possible sont multiples et concernent aussi bien le visage que le corps. Selon l’endroit visé, les techniques d’injection vont varier afin de pouvoir mieux s’adapter à la peau.

  • Le lipofilling du visage (ou lipostructure)

Il constitue ce que l’on appelle une micro-greffe ou une greffe moyenne. Comme il concerne les tissus les plus fins du corps, il est effectué à la canule, à une profondeur de 0,8 à 1mm maximum. Cette dernière permet en effet une injection précise et fine, sans créer d’effet gondolés sur le visage.

Le lipofilling peut concerner plusieurs zones du visage. « S’il est particulièrement intéressant pour remonter le regard et éliminer cernes creux et poches, on peut aussi obtenir plus de volume sur des joues ou des tempes creusées par l’âge et la perte musculaire et osseuse » indique le Dr Rouif.

Les lèvres sont également injectables en lipofilling. Cependant, peu de chirurgiens s’y aventurent, car il est très difficile d’estimer le volume obtenu une fois la graisse bien accrochée. Il est donc bien plus sécuritaire de passer par l’injection d’acide hyaluronique pour gagner en volume dans cette zone. En effet, quand l’acide hyaluronique est résorbable, la graisse injectée par lipofilling devient un tissu autologue, qui ne bouge presque pas dans le temps.

Couplée avec un lifting dans les cas les plus importants, la lipostructure va permettre de bien retendre les tissus de surface et de rendre la zone injectée plus « plumpy », sans laisser de cicatrices importantes. Une technique qui nécessite un diagnostic réalisé par un docteur aguerri.

  • Le lipofilling des seins

C’est « la demande la plus fréquente en lipofilling » assure le Dr Rouif, qui estime que la technique est une grande avancée pour les femmes. C’est aussi celle sur laquelle on a le plus de recul et les résultats les plus impressionnants. Ici, les greffes sont dites « épaisses », si bien que l’injection se fait à la seringue, à une profondeur de 1 à 2mm.

Le lipofilling s’adresse aux femmes qui souhaitent modifier légèrement la forme de leurs seins naturels (pour des seins en poire par exemple), mais aussi augmenter de manière raisonnable le volume de leur poitrine ou lui redonner du rebond après une grossesse ou une perte de poids. Enfin, c’est aussi une possibilité pour celles qui ont besoin d’une reconstruction après un cancer (à débuter environ 1 an après la rémission), mais ne souhaitent pas avoir recours à des prothèses. Une séance de lipofilling offre entre 1 à 2 bonnets supplémentaires à la silhouette.

  • Le lipofilling des fesses

Il s’agit là aussi d’une greffe profonde faite à la seringue. Cependant, « elle est assez peu pratiquée en Europe, car elle a subi une grosse polémique après que de lourds effets secondaires aient été constatés en Amérique du Sud et aux États-Unis » précise le Dr Rouif. Cela explique qu’en France notamment, les chirurgiens soient assez frileux à réaliser cette intervention au niveau du fessier.

En quoi consiste la nano-greffe ?

Ces greffes ultra précises consistent à prélever les cellules souches pour les exploiter dans le cadre de ce que l’on nomme la médecine régénérative. Ici, la graisse est centrifugée à grande vitesse pour ne garder que la substance accrochée aux cellules graisseuses, dont le potentiel est très précieux. Une fois prêtes, ces cellules peuvent être utilisées pour de la régénération tissulaire, qui va consister à booster le tissu graisseux injecté par ailleurs.

Des études sont encore en cours pour déterminer la dose idéale de cellules souches à greffer. Ce que l’on sait, c’est que leur exploitation pour des personnes ayant subi des brûlures (par la chaleur ou par des radiations), ou souffrant d’ulcères des jambes, serait très prometteuse. Elles peuvent également être utilisées à des fins purement esthétique. En effet, injectées directement sous la peau, les cellules souches sont parfaites pour régénérer le derme.

Entre lipofilling et pose de prothèses, comment faire son choix ?

Les résultats obtenus avec l’une ou l’autre technique ne sont pas du tout les mêmes, que ce soit au niveau des seins ou des fesses. Aussi, il est important que le traitement de la demande soit bien effectué au départ. D’une part, « il faut bien garder en tête qu’avec un lipofilling, les résultats ne seront pas immédiats, et devront potentiellement demander plusieurs interventions successives (jusqu’à 3) si vous souhaitez obtenir un volume conséquent. Au contraire, la prothèse donne un résultat immédiat et un volume conséquent si tel est le désir de la patiente » insiste le Dr Rouif. Retenons aussi que le lipofilling fait aussi plus d’œdème, tandis que les implants laissent plus de cicatrices.

Sans parler de volume à proprement parler, les résultats obtenus avec les deux techniques ne sont pas tout à fait les mêmes. Quand les implants donnent un effet de projection important (changeant considérablement la silhouette), grâce au gel très dense et épais dont elles sont constituées, l’injection de graisse elle, donne un galbe, un effet de rebond et une sensation au toucher qui reste très naturelle. En effet, on ajoute de la graisse là où, par définition, il y en a déjà.

À noter, lipofilling et prothèses ne sont pas incompatibles. Dans certains cas en effet, « on va faire une injection en plus de la prothèse, afin d’harmoniser le rendu ou de donner plus de rebondi à la zone » indique le Dr Rouif. C’est notamment très utile « pour ne plus avoir à faire de pose de prothèses rétro-pectorale (c’est-à-dire sous le muscle), pour éviter qu’elle ne se voie, notamment sur les personnes très sèches » poursuit le docteur.

Lipofilling : comment se passe l’intervention ?

Les étapes qui consistent à prélever la graisse par liposuccion, la filtration des graisses puis la réinjection se font à la suite les unes des autres, sans interruption. « Cela permet de maintenir un niveau de sécurité opératoire optimal, particulièrement légiféré en France » souligne le Secrétaire Général de la SOFCEP. C’est aussi plus de confort pour le/la patient.e, qui n’a pas à subir plusieurs interventions sous anesthésie. C’est la raison pour laquelle tout se passe en bloc opératoire – à l’hôpital ou dans une clinique – et non pas dans un cabinet médical, même dans le cas de micro-greffes au niveau des cernes, de la joue, ou des tempes qui sont parfois réalisées sous anesthésie locale.

En moyenne, estime le Dr Rouif, « une telle opération prend entre 1h30 et 1h45 selon les zones concernées, contre 45 minutes à 1h15 pour une pose d’implants ». Le prix ? « Comptez environ 2 000€ pour un lipofilling, contre 6 000-7 000€ pour une augmentation mammaire par exemple (hors procédure de reconstruction accordée par la Sécurité Sociale et éventuelle prise en charge par les mutuelles) ».

Les résultats définitifs suite à l’opération s’obtiennent sous 2 à 3 mois, avec une zone injectée moins ferme, notamment au niveau des seins. Si une seconde injection de graisse est nécessaire pour plus de volume, il faut patienter au minimum 3 mois.

Y-a-t-il des contre-indications au lipofiling ?

Les freins à pratiquer cette opération sont très peu nombreux, outre les contre-indications globales à la chirurgie esthétique (lourde pathologie par exemple). En revanche, il faut savoir, souligne le Dr Rouif « qu’au fur et à mesure du temps, les cellules graisseuses sont de moins bonne qualité. On s’aperçoit alors que la seringue n’est plus aussi dense en graisse vers 60-70 ans qu’elle ne l’est auparavant. Par conséquent, le résultat obtenu avec un lipofilling peut être un peu décevant, car le tissu et la graisse fusionnent moins bien ».

Autre point à noter : une fois la graisse injectée dans les tissus, elle est très dépendante des fluctuations de poids. Autrement dit, si vous êtes du genre à faire le yo-yo avec votre poids, que vous preniez ou perdiez du poids, il faut garder en tête que cela pourra avoir des conséquences sur la zone traitée. On grossit, elle grossit également ; on perd du poids, la graisse injectée perd en volume.

Quels sont les risques de complications liés au lipofilling ?

Comme toute chirurgie esthétique, les risques ne sont pas anodins, notamment du fait de l’anesthésie générale ou du risque bactérien. Néanmoins, les complications liées purement au lipofilling sont, elles, assez rares. On peut constater pendant plusieurs jours, voire semaines après l’opération des œdèmes sur la zone de prélèvement de la graisse, qui peuvent être douloureux au toucher. Cela implique de porter un panty ou une gaine (selon la zone prélevée). Parfois aussi, il est possible que des kystes remplis de graisse se forment après l’injection. Mais ces derniers sont sans danger et résorbables par ponction.

Crédits photos : GETTY

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