Entière et intimidante, chaleureuse et curieuse, la comédienne, à l’affiche d’une série sur TF1, se montre plus complexe qu’on ne l’imagine. Elle est, au-delà d’une actrice, un personnage à part entière

Au générique, depuis le 15 mai, de la mini-série de TF1 Les randonneuses avec, entre autres, Alix Poisson, Camille Chamoux ou Elsa Lunghini –l’histoire de six copines de chimiothérapie qui font une ascension en montagne – Clémentine Célarié a reçu le prix de la Meilleure actrice pour cette interprétation au festival Séries Mania. Son allure impériale lorsqu’on la rencontre est saisissante, son éducation qui tranche avec la Madame sans gêne qu’elle a interprétée au théâtre est omniprésente. Ce qui qualifie le mieux l’actrice dans la vie c’est le mot panache.

GALA : Vous avez remporté un immense succès au théâtre dans Une vie, d’après le roman de Maupassant (mise en scène Arnaud Deniset), eu un trophée pour Les randonneuses. A 65 ans, est-ce une sorte de renaissance professionnelle ?
CLÉMENTINE CÉLARIÉ : Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que je travaille beaucoup ; j’ai un nouveau projet au théâtre : l’adaptation du roman de David Lelait-Helo, Je suis la maman du bourreau, que je jouerai seule en scène. En fait, je n’arrête pas. J’étais en réunion Zoom dans le taxi qui me menait à notre rendez-vous et je suis épuisée. Mon âge, je le ressens avant tout comme quelque chose qui fluctue : aucun chiffre précis ne remplace un ressenti. Les jours de fatigue, comme aujourd’hui, j’ai 112 ans. Mais si je suis amoureuse, j’en ai 18. Après, évidemment, la maturité permet d’affirmer ce pour quoi on est fait, et moi, j’adore bosser.

GALA : Vous savez pourquoi ? Qu’est-ce qui vous motive ?
C.C. :
J’ai l’impression d’avoir un rêve à construire. Je suis un mélange d’innocence et de conscience, traversé par des émotions très fortes. Ma volonté d’émerveillement me fait tenir. J’adore ça. Je suis le genre de personne qui a cru au père Noël jusqu’à ses 14 ans et d’une certaine façon, j’y crois toujours. Coûte que coûte, j’ai la volonté de fabriquer du rêve dans ma vie. Je suis incapable de faire une croix dessus, de me résigner.

GALA : En 2019, on vous a diagnostiqué un cancer du côlon que vous avez combattu pendant trois ans. Cela a-t-il changé votre rapport au temps, au monde ? Votre amoureux vous avait quitté au moment de l’annonce de cette épreuve…
C.C. : Forcément, la maladie a accéléré le sentiment d’une urgence. Dans une existence, il faut combattre sans arrêt, passer outre les grands coups de massue que l’on se prend sur la tête, comme le cancer, et se relever. Je choisis de ne pas m’attarder sur le négatif. C’est vrai que J’ai affronté le cancer sans compagnon à mes côtés. Mais, en revanche, il y a eu Jérôme, mon producteur, qui m’a appelé tous les jours, et m’a soutenue. C’est ce que je retiens. J’ai eu un ou deux chagrins d’amour. Ça va, ça passe, je m’en fiche finalement. En matière de sentiments, j’ai la dose d’inconscience suffisante pour me dire que je retrouverai quelqu’un.

GALA : L’amour n’est pas une priorité ?
C.C. :
Pour l’instant, mon amoureux, c’est le théâtre. J’ai un vrai amoureux mais je ne le vois pas beaucoup. Il est loin et comme je suis en pleine mise en scène de mon projet, je me couche le soir comme une poule, vers 21 heures, en regardant des films sur la religion. La liberté, ça se construit et elle a un prix : la solitude. Ça n’empêche pas qu’il y ait des moments où je elle me pèse. Où j’ai envie d’aller raconter à mon mec ce que je vis. En amour, je veux l’absolu, la passion ou rien. Beaucoup de gens pensent que je suis très libre parce que j’ai prononcé le mot « bite » dans une émission d’Ardisson… Ou encore parce que j’ai joué un rôle de femme qui dit : « Bouffe-moi la chatte » dans 37°2 le matin. C’est une erreur, le sexe ne m’intéresse pas si je ne suis pas amoureuse. Et puis en amour, comme en amitié, d’ailleurs, je suis jalouse et possessive.

GALA : Vous êtes perçue comme très proche des gens en général or vous venez d’un milieu plutôt bourgeois et aristocrate. Etes-vous un transfuge de classe qui a migré vers le populaire ?
C.C. :
C’est plus compliqué que cela. Mon père était journaliste, fils d’ouvrier et du côté de ma mère, il y a eu un divorce. Il est vrai que j’ai fait « péter » les codes de la grande bourgeoisie avec un métier qui est une passion pour moi. J’ai opéré une sorte de changement d’identité aussi. Je m’appelais Meryem comme ma grand-mère (Meryem Collier de la Marlière, ndlr) et sur les conseils d’un professionnel, j’ai changé de prénom pour Clémentine. A l’époque, ça m’a paru logique de changer d’identité pour un métier qui consistait à incarner d’autres que soi. Mais dans mon cercle intime, je reste Meryem.

GALA : Vous avez une forte personnalité. Comment la définiriez-vous ?
C.C. :
Pendant longtemps, j’ai cru que j’étais normale. Et puis on m’a fait comprendre que non. J’ai un tempérament particulier. Je l’expérimente chaque jour. Je me dis : « Ah… OK ! ». A force, j’en suis consciente. Je vois bien que certains me jugent un peu « trop » tout. Trop enthousiaste ou trop travailleuse. C’est fatigant et épuisant mais c’est comme ça, je suis dans le « trop ». C’est peut-être ce qui me permet d’incarner si fort un personnage sur scène. Et cela dit, qui décide de ce que l’on doit être ? Ceux qui me trouvent « trop », souvent, je les trouve « pas assez »…

GALA : On vous aime, en tout cas, puisque vous êtes l’une des rares actrices qui poursuit une carrière dans le show-business depuis les années 80…
C.C. : C’est vrai. Mais le mot show-business est vraiment une aberration pour moi. Comment peut-on penser que le show, le travail d’artiste, va avec les affaires ? Je n’ai aucun sens du calcul, de la carrière ou de l’argent. Et je suis là. Donc show oui, business non.

GALA : Quel type de mère êtes-vous et vos enfants suivent-ils vos traces ?
C.C. :
Je ne souhaite pas trop parler d’eux mais Abraham, l’aîné, qui a 38 ans, est dans la musique. Gustave, 32 ans, aussi. Et Balthazar, 30 ans, dans le cinéma. J’aimerais bien travailler avec eux. J’ai été une maman sévère, avec des valeurs telle que les repas en famille, le partage, la vérité et l’honnêteté. Je les ai incités à ne rien lâcher et à croire en eux, à aller au bout de leurs envies. Je ne compte pas les fois où j’ai dit à l’un de mes fils : « Je ne partirai pas de ta chambre tant que tu ne me diras pas ce qui ne va pas ». Je voulais qu’ils parlent, qu’on fonctionne à la confiance. Aujourd’hui, mes enfants sont mes premiers alliés. Ils sont aussi des supporters artistiques. On échange beaucoup. Je ne voulais pas d’écrans entre eux et moi. D’ailleurs, mes petites-filles n’en ont pas.

GALA : C’est compliqué de s’entretenir avec vous sans reparler de ce fameux baiser que vous avez donné sur la bouche à un malade du sida lors d’une émission, en 1994, quand il y avait beaucoup de sérophobie… Vous êtes entrée dans l’histoire, ce jour-là.
C.C. :
Oui. On m’en parle encore. Ça revient régulièrement, dans la rue et ça me va. Je n’aurais jamais imaginé que ça prenne une telle ampleur. Cela m’a demandé aucun courage. Je pensais même que tout le monde sur le plateau allait me suivre et faire de même. Mais j’ai vite compris qu’il y avait deux camps qui ne se touchaient pas. J’ai voulu ce contact, montrer qu’il n’y avait pas cette frontière invisible que je voyais déjà s’installer… Je ne comprenais pas. Vous voyez, on en revient toujours à ce que je considère comme normal ou pas. Trop ou pas. Pour moi, ça c’était normal.

GALA: On vous dit que vous êtes belle? Vous avez une jolie silhouette.
C.C.: Ne m’en parlez pas. Je rêve de frites, d’un McDo, et de plein de sauces avec une grosse glace, de café liégeois, de verres de blanc… Mais non! Mon corps, c’est mon instrument de travail donc je me limite à un repas par jour et je fais du sport, je cours, je marche vite. Est-ce qu’on me dit que je suis belle ? Je ne sais pas. Les femmes, oui. En tout cas, je ne l’entends plus. Il faut dire que je ne vois personne et peut-être que la célébrité n’aide pas. Elle met une distance.

Cet article est à retrouver dans le Gala N°1563, disponible dans les kiosques ce jeudi 25 mai 2023.

Crédits photos : VANSTEENKISTE STEPHANE / BESTIMAGE

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C’est en 2019, à 32 ans seulement qu’Alice Detollenaere avait appris qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Ce long combat, la compagne de Camille Lacourt l’a raconté dans un livre, Guérie par ton amour, paru en octobre 2021 aux éditions Leduc. C’est lors d’une autopalpation que la jeune femme avait détecté “une boule dans son sein gauche”. Dès le lendemain, elle prenait rendez-vous chez un gynécologue qui lui prescrit une mammographie, puis une biopsie. “Le médecin qui a pratiqué la biopsie m’avait assurée à 99,9% que je n’aurais rien”, raconte la jeune femme. Quelques jours plus tard, le diagnostic tombe. “Je pense qu’il a voulu trop me rassurer, mais du coup je n’étais pas prête psychologiquement.” Aujourd’hui guérie, Alice Detollenaere documente sur Instagram son quotidien depuis la maladie et parle sans filtre de sa double mastectomie.

En 2021, le journaliste s’est retiré de l’antenne pour se consacrer à la lutte contre son cancer de la mâchoire. Son combat durera huit mois. Tout commence par un simple mal de dents. Un stomatologue l’envoie ensuite chez un radiologue spécialiste des mandibules. Il découvre là une dent de sagesse infectée. L’opération est suivie d’une “hémorragie incompréhensible”, raconte Guillaume Durand dans Le Parisien. Il consulte un second stomatologue qui lui enlève une molaire avec biopsie. C’est alors que les médecins lui découvrent une tumeur cancéreuse. Une opération de 10 heures est nécessaire pour prélever un morceau de son péroné afin qu’il remplace sa mâchoire.

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