• La dysthymie, c’est quoi ?
  • Quels sont les symptômes d’une dysthymie ?
  • Dysthymie, dépression : quelle différence ?
  • Existe-t-il des facteurs de risque ?
  • Comment soigner une dysthymie ?
  • Se soigner pour éviter des complications graves

Comme la plupart des troubles de l’humeur, la dysthymie touche davantage les femmes que les hommes. Peu connue et largement sous diagnostiquée, elle mérite de s’y arrêter. Déjà parce qu’il est possible d’en guérir, mais aussi car sa prise en charge précoce peut prévenir une aggravation de l’état de santé, mentale comme physique.

La dysthymie, c’est quoi ?

« C’est un terme un peu général pour désigner un trouble de l’humeur qui ne remplit pas tous les critères d’un état dépressif caractérisé. Sont concernées toutes les personnes qui ne seraient pas identifiées comme dépressives mais qui souffrent quand même de baisses de moral importantes, régulières et sur des périodes assez longues », définit la Dre Anne Sauvaget, psychiatre et professeure de psychiatrie à Nantes Université.

Quels sont les symptômes d’une dysthymie ?

Il est possible de retrouver chez des personnes dysthymiques des signes très variés.

Sur le plan psychologique : tristesse, perte d’intérêt, perte de plaisir, plus de goût pour rien, tendance à la dévalorisation, perte d’estime de soi, vision de l’avenir très négative…

Sur le plan cognitif : troubles de l’attention, de la concentration, de la mémoire…

Sur le plan émotionnel : les personnes touchées pleurent facilement, sont très sensibles aux émotions négatives et perdent leur sensibilité aux émotions positives, « comme si elles voyaient la vie à travers des lunettes noires ». Cette perte de sensibilité peut aller jusqu’à une « anesthésie émotionnelle« , avec des émotions inexistantes. Un terrain anxieux est également très souvent présent dans les dysthymies, avec des patient.es qui s’inquiètent pour tout, tout le temps.

Sur le plan comportemental : le ou la dysthymique est ralenti, réfléchit lentement, marche un peu mollement, manque de réflexe.

Plusieurs signes peuvent cohabiter comme des troubles du sommeil (ruminations au moment de s’endormir, nombreux réveils nocturnes, cauchemars, etc.), l’impression d’être tout le temps fatigué, des douleurs diffuses (digestives, musculaires, etc.), une perte d’appétit, une baisse de libido…

Globalement, tous les symptômes qui peuvent être recensés dans le cadre d’une dépression peuvent aussi l’être dans le cas d’une dysthymie. « En effet, la physiopathologie est similaire, avec notamment une baisse de la sérotonine, de la dopamine, de la noradrénaline », développe la Dre Sauvaget. Ces neurotransmetteurs participent au bon fonctionnement du système nerveux et au contrôle de nos humeurs et émotions.

Dysthymie, dépression : quelle différence ?

« Pour diagnostiquer un état dépressif caractérisé, il faut être en présence d’au moins cinq symptômes. Dans la dysthymie, on peut très bien n’en retrouver que trois ou quatre », répond notre experte.

Autre point distinctif : la durée des épisodes. En cas de dépression, les symptômes persistent au moins 15 jours sans répit. Pour la dysthymie, ils peuvent durer un peu moins mais se répètent. Comme des « vagues, qui vont et viennent ».

Schématiquement, la Dre Anne Sauvaget explique qu’un état dysthymique « peut être considéré comme un état pré-dépressif ou comme un état dépressif légèrement atténué ».

Existe-t-il des facteurs de risque ?

« Au niveau familial, les personnes qui ont des dépressifs dans leur famille sont davantage à risque de devenir dysthymiques, voire dépressifs à leur tour », reconnaît la médecin psychiatre.

Les hormones joueraient aussi un grand rôle. Sans surprise, les chamboulements hormonaux qui rythment la vie des femmes (puberté, grossesse et post-partum, ménopause) expliquent en partie pourquoi elles sont plus souvent touchées. Nul besoin de rappeler que, en général, les femmes prennent aussi moins soin d’elles et ont tendance à ne pas beaucoup s’écouter. Si elles consultent déjà peu pour un état dépressif caractérisé, il est tristement logique qu’elles consultent encore moins pour une forme de dépression légère. D’où un risque augmenté de laisser s’installer une chronicité.

Des facteurs environnementaux entrent également en compte, notamment le stress précoce. La Dre Sauvaget évoque « des deuils très tôt de personnes proches, des maltraitances, physiques, psychologiques, sexuelles dans l’enfance… »

Enfin, la santé générale est un facteur majeur. En présence de pathologies inflammatoires ou de syndromes douloureux chroniques par exemple, le risque de développer un état dysthymique est fortement accru.

Comment soigner une dysthymie ?

La première étape est de poser le bon diagnostic, ce qui sous-entend de « ne pas hésiter à consulter en présence des symptômes évoqués, ou d’en parler à vos proches si vous pensez qu’ils sont concernés », recommande la Dre Sauvaget. Le médecin traitant est le premier interlocuteur à qui demander conseil. Devant un.e patient.e qui se plaint régulièrement des mêmes troubles, le généraliste peut proposer plusieurs solutions.

Les options thérapeutiques : une psychothérapie (malheureusement non remboursée par l’Assurance maladie), accompagnée si besoin d’un traitement médicamenteux avec des antidépresseurs.

Attention toutefois, les antidépresseurs sont efficaces uniquement s’ils sont pris correctement. L’accompagnement médical doit être régulier pour évaluer la réponse au traitement. Compter plusieurs mois pour bien stabiliser le trouble de l’humeur, avant d’envisager un sevrage progressif. « L’erreur la plus fréquente est d’arrêter le traitement dès qu’on se sent mieux. C’est comme arrêter les antibiotiques dès que les signes de l’infection s’arrêtent, alors qu’en réalité elle n’est pas tout à fait terminée, ou enlever un plâtre dès que la fracture osseuse n’est plus douloureuse, alors que l’os n’est pas encore totalement solide. Il faut laisser le temps au traitement d’agir complètement, de parfaitement rétablir la situation », met en garde la spécialiste en psychiatrie. Sinon ? Le risque de récidive est majeur. Avec des épisodes de plus en plus difficiles à soigner au fur et à mesure des récurrences.

Dans la prise en charge de tout trouble de l’humeur, de bonnes habitudes d’hygiène de vie sont primordiales : un sommeil suffisant et de qualité, une alimentation équilibrée, une activité physique régulière.

Se soigner pour éviter des complications graves

Si ce n’est qu’une « dépression légère », pourquoi donc s’en préoccuper ? Beaucoup de patient.es ont tendance à minimiser leur état dysthymique. À tort ! Les répercussions sur la vie quotidienne sont handicapantes. Sur le long terme, la dysthymie est à l’origine d’une inflammation chronique, avec des conséquences avérées et graves : augmentation du risque de maladies neurodégénératives type Alzheimer, de troubles cardiovasculaires comme l’artériosclérose, de problèmes métaboliques…

Le meilleur réflexe ? « Chercher de l’aide auprès de professionnel.les de santé. Une dysthymie ne doit pas être négligée, et surtout il est possible d’en guérir. Plus tôt elle sera prise en charge, plus vite vous pourrez être soulagé.e et reprendre une vie normale », conclut l’experte en psychiatrie.

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