Avant de “martyriser” la classe politique, la journaliste du service public a vécu une adolescence tumultueuse…
Chaque matin, sur France Inter, d’une voix chaude mais au ton implacable, elle interpelle les hommes politiques, ne les laissant jamais esquiver ses questions… À 43 ans, Léa Salamé est l’une des journalistes les plus respectées des médias où cette native de Beyrouth, née en pleine guerre du Liban le 27 octobre 1979, œuvre depuis plus de vingt ans. Mais si la maman de Gabriel, 6 ans, issu de son union avec l’essayiste Raphaël Glucksmann, est aujourd’hui une professionnelle sérieuse et posée, son adolescence en revanche n’a pas été de tout repos pour sa famille !
Indiscipline
« J’ai fait une partie de ma scolarité chez les jésuites, vient-elle de confier dans Small Talk, sur le site internet Konbini. Jusqu’à la 3e, j’ai étudié à “Franklin” [le lycée Saint-Louis de Gonzague, surnommé ainsi en référence à la rue où il est situé dans le XVIe arrondissement, ndlr] avant de me faire virer pour indiscipline.
C’est une école où l’on travaille beaucoup, ils vous forgent l’esprit tellement fort et tellement bien qu’ensuite, ça vous forme pour toute la vie. » Bien que le haut niveau d’exigence de cette école n’ait posé aucun problème à la bonne élève qu’elle était, c’est un tout autre écueil qui a fait chuter Léa la rebelle ! « Moi, je ne supportais pas l’autorité lorsque j’étais enfant. J’ai fait beaucoup de conneries… Ils m’ont renvoyée à cause d’un cahier où, avec des amis, on écrivait plein de bêtises, on se moquait des profs, on notait des trucs sexuels qu’on ne comprenait même pas ! Ensuite j’ai découvert les garçons, donc il fallait absolument leur plaire. Mes parents étaient convoqués tous les quinze jours, on leur disait : “Elle bavarde en classe, elle dit des bêtises, elle sèche les cours”, je leur ai vraiment fait vivre l’horreur ! »
Difficile d’imaginer celle qui anime chaque samedi soir l’émission Quelle époque ! sur France 2 en gamine ingérable n’ayant qu’une idée en tête : défier le monde des adultes ! Et pourtant… « Je fuyais la nuit, j’attendais que mes parents dorment pour sortir en cachette et aller faire la fête… J’ai fait les pires horreurs ! Ils ont vraiment pété les plombs avec moi. En fait, j’ai fait ma crise d’adolescence très intensément mais très rapidement aussi, de 14 à 17 ans, et ensuite je me suis calmée. »
Souffrances d’enfant
L’auteure de Femmes puissantes, deux recueils d’entretiens publiés aux éditions Les Arènes en 2020 et 2021, a peut-être simplement cherché à exprimer à sa manière ses souffrances d’enfant dans un pays où elle était mal acceptée…
Arrivée du Liban avec ses parents à l’âge de 5 ans, elle portait le prénom Hala, qui signifie « Bienvenue », ce que, hélas, elle n’était pas : « Comme les Français ne prononcent pas le “H”, on m’appelait Allah, comme Dieu en arabe, s’est aussi souvenue l’intervieweuse. J’étais moquée en permanence. Du collège au lycée, j’en souffrais tellement que j’ai dit à ma mère – pas à mon père –, que je voulais interchanger mes deux prénoms, mettre Léa en premier. J’ai mis du temps à l’avouer à mon père car j’avais peur qu’il se dise que je n’assumais pas mes origines, et au fond je ne l’assumais pas, je voulais être comme tout le monde. »
Aujourd’hui, Léa Salamé n’est décidément pas comme tout le monde… et c’est tant mieux !
Clara MARGAUX
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