• Le bijou, symbole d’une promesse non tenue
  • Un objet lourd de sens qui ravive des blessures mal pansées
  • Porter les présents d’un ex, le symbole d’une page tournée ?
  • Et les nouveaux partenaires alors ?

La tornade de la rupture passée, que reste-t-il ? Des souvenirs, souvent, pas seulement logés dans l’esprit, mais constitués de perles ou de diamants. 

Et les bijoux offerts par les anciens partenaires sont des reliques que tout le monde ne loge pas à la même enseigne. Si certain.e.s choisissent de tout jeter à la poubelle ou de les rendre à la personne qui les a offerts, d’autres préfèrent les porter, parfois fièrement ou en souvenir du passé. 

Mais quelle attitude faut-il adopter face à ces objets nourris d’un symbole particulier ? 

Le bijou, symbole d’une promesse non tenue

Pour Bérénice, 40 ans, “il n’y a pas de règle, chacun fait comme il le sent”, argue-t-elle d’entrée. Divorcée après 15 ans de relation, elle se dit incapable de porter les présents offerts par son ancien conjoint, “à l’exception de ceux que je m’étais choisis moi-même”, raconte-t-elle, et ceux qu’il n’a pas choisis avec son cœur.

“Ces bijoux représentent pour moi une trace matérielle d’une promesse non tenue, de lien détruit, donc ça me rappelle trop la relation”, ajoute-t-elle. 

Pourtant, “les objets n’ont pas de signification, c’est nous qui leur en donnons”, avance Yves-Alexandre Thalmann, professeur de psychologie. Mais pour l’auteur de Gérer ses ex, guide pratique des ruptures heureuses, cet attachement n’est pas pérenne, il s’effrite souvent – notamment en cas de rupture -, car on pense de moins en moins à leur provenance. 

Un objet lourd de sens qui ravive des blessures mal pansées

La situation se corse toutefois lorsque le deuil de la relation n’est pas terminé. Denis estime qu’il ne faudrait pas porter les bijoux de ses anciens partenaires “si l’on souhaite oublier et vraiment tourner la page”. C’est toutefois envisageable pour “se remémorer une union et lorsque l’on ne souhaite pas encore passer à autre chose”. 

L’homme de 60 ans a du mal à faire le deuil de sa relation passée. Frappé par un coup de foudre il y a 29 ans et marié en 2009, son divorce a été acté début avril 2023. Parmi les souvenirs qui lui restent de cette relation, une montre étanche Swatch que lui avait offerte sa moitié en 1998. “Il m’arrive souvent de la porter, sinon elle est souvent sur ma table de travail ou à proximité, comme actuellement”, confie-t-il. Comme si celle qu’il a aimée des années durant était encore présente via cet objet.

Mais quid de l’alliance, symbole ultime de l’engagement amoureux ? Bérénice a rangé la sienne, ainsi que sa bague de fiançailles, tout comme Sandrine. “Mon alliance représente mon mariage et mes vœux, m’en débarrasser incarne à mes yeux leur annulation et met fin symboliquement à mon mariage”, affirme-t-elle. 

D’autant que ces bijoux offerts pour symboliser une union peuvent donner lieu à des conflits arbitrés par la justice. Ainsi, « l’article 1088 du code civil prévoit que toute donation faite en faveur du mariage sera caduque si le mariage ne s’ensuit pas ».

Et une jurisprudence existe en effet au sujet des bijoux de famille. Une bague de fiançailles doit être restituée à la personne qui l’a offerte si celle-ci appartient à sa famille et ce, quelles que soient les circonstances de la rupture, d’après une décision de la 1ère Chambre civile du 19 décembre 1979.

Porter les présents d’un ex, le symbole d’une page tournée ? 

En instance de divorce, Sandrine n’a, elle, pas eu de difficulté à prendre de la distance. Elle a conservé tous les cadeaux que son compagnon lui a offerts durant leur 31 années de relation. “Je ne les garde pas par sentiment pour lui, mais parce qu’ils sont à moi et que cela ne me pose aucun problème”, explique-t-elle. 

Astrid, 26 ans, ne s’en prive pas non plus de porter des bijoux issus de ses relations passées. “Il ne faut pas s’en empêcher, car on a été en couple avec la mauvaise personne. La seule condition, pour moi, c’est qu’il ne faut pas que cela fasse du mal”. 

Astrid estime que ces présents lui appartiennent aujourd’hui, qu’ils ont été choisis selon ses goûts et que de l’argent a été dépensé. Cela doit donc bien servir. Elle s’impose toutefois une contrainte : son exposition sur les réseaux sociaux. “Quand je les porte, je fais attention à ne pas prendre de photos qui sont partagées en public, car j’ai peur que mes ex les voient et qu’ils croient que c’est un message pour eux”, rit-elle. 

Et alors qu’Astrid ressent parfois de la nostalgie en attachant un collier ou un bracelet à son poignet, elle est fière aussi de la valeur de ces souvenirs. Elle n’aurait en effet jamais pu s’offrir elle-même certains bijoux qu’elle a reçus en cadeau de ses anciens partenaires, notamment des perles de culture qu’elle porte souvent pour habiller son cou et en reste aujourd’hui très reconnaissante. 

Car ces bijoux particuliers ne portent pas toujours un bagage émotionnel en eux, au fil du temps, ils peuvent même se muer en symbole d’une page tournée. “Si l’on est capable de porter les cadeaux de son ex, c’est que son souvenir a été neutralisé ou c’est associé à une partie de notre vie devenue insignifiante”, analyse Yves-Alexandre Thalmann. 

Et les nouveaux partenaires alors ? 

À la perspective de celles et ceux qui portent ces bijoux s’ajoute aussi celle des nouveaux partenaires. Comment perçoivent-ils la démarche ? 

“On dramatise souvent le port du bijou d’un ex, alors qu’on peut en parler avec son ou sa nouvelle partenaire et le sujet est clos”, résume Yves-Alexandre Thalmann. “On pense que la personne qui porte l’objet aime encore son ex, alors que celle-ci le fait peut-être par habitude”, ajoute l’expert.

Au contraire, le professeur de psychologie appelle à voir ces bijoux comme des trophées, gage d’une relation ancienne, qui a autrefois rendu la personne heureuse. Pour le ou la partenaire, c’est aussi un moyen d’accepter le passé amoureux de sa moitié. “On doit accepter de vivre avec l’idée qu’on est remplaçable. On aimerait qu’une personne soit entièrement à nous, y compris sans ces objets qui sont une trace des relations passées”. 

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