Juré du 39e festival d’humour de Saint-Gervais, l’ex-Bronzé de 75 ans nous prouve qu’il aime toujours autant déconner…

Convié comme juré pour la toute première fois au festival Mont-Blanc d’humour de Saint-Gervais, qui s’est tenu du 18 au 23 mars dernier, le comédien de 75 ans a eu bien du mal à départager tous ces jeunes comiques plus talentueux les uns que les autres. Toujours partant pour une petite balade au cœur des montagnes alpines ou une bonne fondue entre copains, l’ex-Bronzé en a profité pour nous donner de ses nouvelles.

France Dimanche : Comment s’est passé ce festival ?

Martin Lamotte : À merveille ! C’était une grande première pour moi et, franchement, ce fut un régal. On s’est beaucoup amusé, on a bien mangé, on a fait des randos… tout ça dans une ambiance chaleureuse et familiale. Et comme j’adore les joies de la montagne, j’étais ravi ! Sans compter la rencontre de toutes ces personnes étonnantes, bourrées de talent, que j’ai eu bien du mal à départager.

FD : Juré est un rôle compliqué pour vous ?

ML : Oh là, très. J’ai toujours eu beaucoup de mal à juger mes camarades. C’est difficile et tellement aléatoire. Car nous, notre métier, c’est tous les jours. Donc si la personne face à vous n’est pas au top ce jour-là, ou si vous-même vous êtes mal luné ou contrarié, le jugement ne sera pas le même. Bref, c’est bien souvent assez injuste. Mais bon, il fallait le faire, et on l’a fait. Et toujours avec joie et bienveillance.

FD : Tout au long de votre carrière, avez-vous passé beaucoup de castings ?

ML : Non, jamais. À mon époque, ça ne se passait pas comme ça. C’est l’assistant du réalisateur ou du metteur en scène qui avait pour mission d’arpenter les spectacles et les cafés-théâtres pour nous voir jouer et faire son marché en quelque sorte. Donc, quand on se retrouve à être auditionné, c’est pour voir si ça colle avec nos futurs partenaires.

FD : Avez-vous toujours souhaité être comédien ?

ML : Oh oui ! Tout petit déjà, j’adorais faire l’imbécile et faire rire la galerie. Il n’y a que ça qui m’intéressait. Et quand j’ai réussi, c’était formidable, parce que pas forcément évident… Il n’y avait pas vraiment de débouchés pour un jeune qui démarrait. Dieu merci, j’ai eu la chance d’arriver au moment des premiers cafés-théâtres, et d’être ensuite propulsé au cinéma et au théâtre. Vivre toute cette époque un peu folle m’a vraiment rendu heureux.

“Je souhaite à tous les jeunes de vivre ce qu’on a vécu.”

FD : Êtes-vous nostalgique ?

ML : Non, du tout. Je suis juste content d’avoir vécu des choses aussi fortes et j’espère que plein d’autres jeunes ont cette même chance. Être sur scène, jouer la comédie, provoque une espèce de transe qui vous transporte ailleurs. Créer un personnage, être porté par le public, tout ça est très grisant… La beauté de notre métier !

FD : Vous êtes passé derrière la caméra une fois, en 1998, pour Ça reste entre nous. Pourquoi n’avoir jamais répété l’expérience ?

ML : J’ai adoré réaliser, diriger des comédiens… Néanmoins, il n’est pas évident de faire un film que l’on n’a pas écrit soi-même. Donc, si j’y reviens un jour, ce sera avec mon scénario…

“Oui, le cinéma me manque beaucoup.”

FD : On vous voit moins au cinéma, cela vous manque ?

ML : Beaucoup ! C’est pourquoi, après m’être bien donné au théâtre ces dernières années avec plus de quarante pièces, j’ai envie de revenir au cinéma ou à la télévision.

FD : À 75 ans, ce métier vous passionne-t-il toujours autant ?

ML : De plus en plus ! J’ai toujours envie de faire plein de choses que je n’ai jamais essayées, soit parce que ce n’était pas le moment ou que je n’en ai pas eu l’occasion. Sans vouloir nécessairement me mettre en danger, car celui-ci est permanent dans notre métier – c’est un terrain miné –, j’aimerais tester des choses inédites, complètement différentes et dans lesquelles on ne m’attend pas.

FD : Quel rôle, par exemple ?

ML : Aujourd’hui, je me sens en capacité de pouvoir explorer des personnages plus sérieux, tragiques, torturés. Mais je n’arrêterai jamais la comédie, c’est ma vie !

FD : Vous interprétez souvent des râleurs, un brin emmerdeurs, mais l’êtes-vous vraiment dans la vie ?

ML : Non, non, pas du tout. Les metteurs en scène et réalisateurs me trouvent bien dans ce registre, mais ce n’est pas un choix de ma part. Dans la vie, je suis plutôt blagueur, déconneur, et puis j’ai toujours fait partie de troupes au sein desquelles on adorait s’amuser.

FD : Vous semblez accro au boulot…

ML : Complètement ! C’est un métier où il n’y a pas de retraite, et c’est pour cela que je l’ai fait. Tant qu’on peut marcher et dire un texte, on travaille. Tout n’est pas forcément facile, mais c’est passionnant. On explore tout le temps, ce que j’espère continuer encore longtemps. Car cette découverte permanente de nouvelles choses à tout âge est formidable.

FD : C’est vrai que vous n’avez pas de télé ?

ML : Ah si, ça y est, depuis peu j’en ai une ! À cause de ma femme qui aime la télé. Mais ça ne m’a jamais dérangé de ne pas en avoir. Je n’aime pas du tout me voir à l’écran en plus, je ne vois que ce qui ne va pas. J’adore regarder les copains, car ça me rappelle souvent plein de bons souvenirs, mais pas moi !

FD : Et que faites-vous lorsque vous ne travaillez pas ?

ML : J’explore l’Europe avec mon épouse. Comme je ne peux plus faire de ski à cause d’un accident au genou, je marche… beaucoup ! Mais attention, pas des treks, juste de belles randos dans le monde entier ou même en France, dans les Alpes, les Pyrénées… On a tellement d’endroits magnifiques !

FD : L’an dernier, vous participiez à l’émission Les Traîtres. Plutôt étonnant de vous retrouver là-dedans…

ML : C’est vrai. Mais je voulais savoir comment fonctionne ce fameux concept de téléréalité. Et comme on me l’a proposé, j’ai accepté. C’est à la fois perturbant et passionnant. Un mélange de vie et de fiction, bref c’est très difficile à définir finalement.

FD : Lorsque vous avez débuté, rêviez-vous d’une carrière aussi populaire ?

ML : Bien sûr, nous rêvions tous de ça ! Mais je n’aurais jamais pensé le devenir autant. C’est le public qui vous rend populaire, et puis la comédie évidemment. Tous ces gens qui vous aiment et vous suivent de génération en génération. C’est ça qui me rend le plus heureux !

Propos recueillis par Caroline BERGER

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