Ajoutez cet article à vos favoris en cliquant sur ce bouton !
La journaliste Alice Schwarzer a décidé de rendre publiques les bandes-sons de la conversation bouleversante qu’elle a eue avec Romy Schneider dans la nuit du 12 décembre 1976. Elle les a confiées à Patrick Jeudy et Charlie Buffet qui signent Conversation avec Romy Schneider, un documentaire passionnant, diffusé sur Arte le 22 décembre.
Les stars, les vraies, restent discrètes, secrètes. Et énigmatiques. Parfois toute leur vie. Romy Schneider était une de celles-là. Lassée d’être poursuivie par la presse, elle avait décidé, pour se protéger, de refuser toutes les interviews. Pourtant, par une froide nuit d’hiver à Cologne, le 12 décembre 1976, Romy Schneider choisit de se confier à son amie, la journaliste féministe Alice Schwarzer.
Sous les toits, bien au chaud dans « la Cabane » d’Alice Schwarzer, adossées aux coussins, entre quelques verres et de nombreuses cigarettes, les deux femmes vont parler toute la nuit. Romy Schneider s’assure de la confiance qu’elle peut avoir en son amie et se confie comme jamais. Elle parle le plus souvent en français, sa langue de coeur. Mais quand c’est trop, quand la colère l’assaille, c’est l’allemand qui lui vient aux lèvres. Et lorsque la peur la tenaille, elle demande à Alice Schwarzer de couper le magnétophone qui enregistre leur conversation.
Quarante-deux plus tard, Alice Schwarzer a décidé de rendre public l’enregistrement inédit et bouleversant de cette nuit de 1976. Elle a confié les bandes-sons qui dormaient dans son tiroir à Patrick Jeudy et Charlie Buffet qui ont composé un documentaire d’une force inouïe, intitulé Conversation avec Romy Schneider , diffusé pour la première fois sur Arte le 22 décembre à 22h35.
Cette-nuit-là, Romy Schneider parle de sa mère, Magda Schneider, une actrice allemande, qui jouait d’ailleurs le rôle de sa mère dans Sissi impératrice. On la savait proche des nazis. Mais on ignorait que Magda Schneider avait été à ce point fascinée par Hitler et sans doute aussi amoureuse de lui. Romy Schneider le dit très clairement à Alice Schwarzer, cette nuit du 12 décembre 1976: la maison de sa mère à Berchtesgaden, dans les Alpes bavaroises, se trouvait juste en face de celle d’Hitler. Le documentaire diffuse d’ailleurs une photo de la mère de Romy au côté du Führer.
On sent Romy Schneider prête à parler de ce passé qui l’embarrasse. Mais sa mauvaise conscience de fille de parents nazis lui pèse trop, alors elle demande à son amie de couper le magnéto. Et c’est Alice Schwarzer, quarante-deux ans plus tard, devant la caméra qui répète ce que lui a dit Romy cette nuit-là : « Ma mère a couché avec Hitler« . Et la journaliste de préciser : « Quand elle est devenue adulte, Romy Schneider a réalisé ce qu’était l’époque nazie et en a voulu à sa mère. »
Toute sa vie, Romy Schneider aura honte du passé de sa mère, dont elle hérite malgré elle. Et n’aura de cesse d’essayer tant bien que mal d’effacer cette tache. En choisissant de donner un prénom juif, David, au fils qu’elle a eu avec son premier mari, Harry Meyen, dont le père fut assassiné dans un camp de concentration. Puis en enchaînant dans les années 1970 des films, où elle incarne des victimes du nazisme. A l’image de Le vieux fusil de Roberto Enrico, dans lequel le personnage qu’elle interprète sera assassiné. « Elle a voulu faire ce qu’on appelle chez nous « la réparation », explique la journaliste. Mais on ne peut pas réparer. On peut comme Romy prendre sa part et je l’admire pour ça. Elle a compris et payé le prix pour ça. » Romy Schneider est retrouvée morte le 29 mai 1982, six ans après cette nuit de confidences, à Cologne.
A lire aussi: Romy Schneider : qui étaient les hommes de sa vie?
Source: Lire L’Article Complet