Certaines s’expriment sous pseudonyme, mais d’autres utilisent leur véritable nom. Treize femmes accusent l’acteur Gérard Depardieu de violences sexuelles dans une enquête publiée mardi 11 avril par le site Mediapart (article payant). Elles dénoncent des faits qui se seraient principalement produits sur les tournages de onze films, entre 2004 et 2022. Le comédien, déjà mis en examen pour viols et agressions sexuelles depuis mars 2022, « dément formellement », selon ses avocats. Franceinfo fait le point sur ce que l’on sait de ces nouvelles accusations visant l’acteur.

L’acteur est accusé d’agressions sexuelles

Parmi les treize femmes qui témoignent auprès de Mediapart, neuf accusent l’acteur de 74 ans d’agressions sexuelles, notamment sur le tournage de films. C’est le cas de Lyla*, figurante de 24 ans au moment des faits présumés. La scène se serait déroulée en 2014, sur le tournage du film Big House, à New York (Etats-Unis). « Sans prévenir, Gérard Depardieu a mis sa main sous ma robe », raconte-t-elle. Elle assure l’avoir repoussé. « Mais il a continué, il est devenu agressif, il a essayé d’écarter ma culotte et de me doigter : j’ai compris qu’il ne jouait pas son personnage. Si je ne l’avais pas arrêté, il aurait réussi. »

Sarah Brooks avait 20 ans lorsqu’elle rencontre l’acteur sur le tournage de la série Marseille en 2015. Dans Mediapart, elle explique que Gérard Depardieu a mis sa main dans son short, en émettant « un gros grognement bizarre ». Elle assure avoir « retiré sa main une première fois », mais le comédien l’aurait remise « dans [sa] culotte », en essayant de lui « toucher les fesses ». Sur le tournage de la saison 2 de Marseille, la star aurait encore « caressé [la] cuisse » de Graziella Jullian, une figurante de 47 ans. Jeanne*, une ancienne actrice, témoigne de faits similaires lors de la semaine de tournage qu’elle a partagée avec le comédien sur le film La Môme.

Hélène Darras est quant à elle figurante dans le film Disco lorsqu’elle rencontre l’acteur en 2007. Elle raconte à Mediapart qu’« entre chaque prise », le comédien la prenait « par la taille » et qu’il avait la « main baladeuse ». Il lui aurait aussi mis « une main aux fesses de manière appuyée » avant de lui proposer de « monter dans sa loge ». Le comportement de l’acteur envers une jeune figurante lors du même tournage est aussi pointé du doigt, mais la comédienne n’a pas souhaité que son nom et les détails de son récit soient connus. Adèle, une assistante chargée de la mise en scène, était présente sur le tournage de Disco lors de « cet incident » dont elle a été témoin. Elle-même assure avoir été victime d’« une main aux fesses » de Gérard Depardieu en 2005. 

Sur le tournage de Hello Goodbye, Florence*, alors âgée de 24 ans, a subi le comportement de l’acteur, qui aurait mis sa « main entre [ses] jambes ». Elle raconte aussi que la star lui aurait « mis son pied entre [ses] jambes » en essayant « d’atteindre [sa] culotte » lors d’une scène commune. Selon les informations de Mediapart, l’acteur aurait également « attrapé une figurante par les fesses » sur le tournage de la comédie Turf, sortie en 2013.

De son côté, la maquilleuse Gwenaëlle Courtois se souvient d’une « main baladeuse » sur [sa] hanche » dans les loges de l’émission « Les Enfants de la télé », autour de l’année 2000. Léa*, elle, a rencontré Gérard Depardieu dans un tout autre contexte lorsqu’elle travaillait dans des restaurants détenus par l’acteur, entre 2004 et 2016. Elle raconte à Mediapart, que « deux ou trois fois », alors qu’« il passait en fin de journée », le comédien l’aurait « pelotée en arrivant par-derrière ».

Les victimes témoignent aussi de propos inappropriés

Outre les témoignages d’agressions sexuelles, plusieurs femmes rapportent des propos sexuels inappropriés, avec des récits similaires qui semblent dessiner un « mode opératoire ». Lise Schreiber était, elle aussi, figurante sur le film Disco. Elle se souvient d’un grand malaise lorsque le comédien a demandé à un petit groupe de figurantes « si elles suçaient leur mec et si elles aimaient ça ».

Sur le tournage de Hello Goodbye, Florence raconte aussi que l’acteur lui aurait répété « T’aimes te faire défoncer la rondelle » au moment de tourner des plans serrés sur elle. Émilie*, alors âgée de 22 ans, affirme aussi que l’acteur aurait « passé son temps à [lui] lancer des regards insistants, à regarder [ses] cuisses, à faire des grognements d’animal ». Il lui aurait aussi dit « quelque chose comme ‘Je te lécherais bien’, en faisant des gestes salaces de coups de langue ».

Camille G., ancienne auxiliaire de régie, côtoie Gérard Depardieu en 2020, sur le tournage du film Maison de retraite. Alors âgée de 20 ans, elle assure avoir été « coincée », « dans un couloir », par l’acteur, qui lui aurait notamment parlé « de son envie de se frotter à [sa] petite chatte humide ». 

Enfin, Elisa, la fille d’une connaissance de Gérard Depardieu, se rappelle auprès de Mediapart que le comédien la « mettait très mal à l’aise ». « Il ne parlait que de sexe, de ce qu’il aimerait faire à telle ou telle femme », décrit-elle.

Elles pointent aussi une « complaisance » vis-à-vis de la star

La majorité des violences dénoncées se seraient produites devant des témoins, en public. Et plusieurs victimes affirment avoir averti d’autres personnes de certains faits.

« Ces récits interrogent la complaisance dont aurait bénéficié le comédien de 74 ans sur les plateaux de cinéma et l’absence de réaction des équipes de production. »

sur Mediapart

« Des adultes ont laissé un acteur me tripoter les seins devant tout le monde », dénonce la comédienne et scénariste Alysse Hallali, âgée de 17 ans lorsqu’elle incarne la fille de Gérard Depardieu dans L’Autre Dumas. Camille G., ancienne auxiliaire de régie, raconte avoir « mal vécu » ce qu’elle qualifie d’« omerta ». Lyla affirme aussi avoir manqué de soutiens à l’époque et ajoute que plusieurs personnes lui en déconseillé de porter plainte.

« On m’a répété : ‘Vous savez qui il est ?’ Si vous allez au tribunal, vous ne gagnerez jamais, et vous serez considérée comme une fille qui veut se faire de la publicité. »

à franceinfo

De son côté, le réalisateur Fabien Onteniente, qui a notamment dirigé Gérard Depardieu sur la comédie Turf, raconte à Mediapart avoir recadré l’acteur après plusieurs alertes. Mais certains producteurs et réalisateurs contactés n’ont pas répondu à Mediapart, quand d’autres assurent n’avoir « jamais constaté de comportement déplacé de sa part ou entendu un membre de l’équipe s’en plaindre », malgré des témoignages contradictoires.

Parmi ces femmes, aucune n’a déposé plainte, selon Mediapart. Trois d’entre elles ont cependant apporté leur témoignage à la justice. En mars, après son interview avec le site d’investigation, Lyla a ainsi décidé de transmettre son témoignage à l’institution judiciaire. Jeanne a quant à elle témoigné dans une procédure au prud’hommes en 2018 engagée par une autre actrice. Enfin, une ancienne stagiaire présente sur le tournage de 36 Quai des Orfèvres, a aussi témoigné, dans une autre procédure judiciaire visant l’acteur, l’avoir vu « mettre sa main dans la culotte de figurantes ».

Gérard Depardieu dément les accusations

Contacté par Mediapart, Gérard Depardieu « dément formellement », par la voie de ses avocats, « l’ensemble des accusations susceptibles de relever de la loi pénale ». L’acteur est déjà accusé par la comédienne Charlotte Arnould, une affaire dans laquelle il a été mis en examen pour « viols » et « agressions sexuelles » en décembre 2020. L’actrice, qui ne fait pas partie des treize femmes qui témoignent pour Mediapart, affirme avoir été violée en 2018, au domicile parisien de Gérard Depardieu, dans un hôtel particulier du 6e arrondissement de Paris. Elle était alors âgée de 22 ans.

* Les prénoms ont été modifiés.

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