Le 28 octobre 2017, Jonathann Daval a signalé la disparition de son épouse, Alexia. Mais quelques semaines plus tard, une fois face aux enquêteurs, cet informaticien a finalement avoué avoir tué son épouse. Un fait divers aujourd’hui connu de tous et concernant lequel Martine Henry, la mère de ce dernier, a accepté de partager quelques confidences à Gala.fr.
Sans le vouloir, elle a été mêlée à un fait divers qui a défrayé la chronique. Pour cause, Martine Henry n’est autre que la mère de Jonathann Daval. L’homme qui en octobre 2017 a tué son épouse Alexia et a fait passer son crime pour une disparition. À la rédaction de Gala.fr, la mère du criminel – qui purge actuellement sa peine en prison – a accepté de revenir sur cette affaire judiciaire mais pas que. Elle a également partagé quelques confidences sur les origines de son livre, intitulé Moi, maman de Jonathann (paru en novembre dernier, aux éditions Michalon) ainsi que quelques rares révélations sur sa vie depuis que l’affaire a éclaté.
Gala.fr : Les Français vous connaissent comme étant la mère de Jonathann. Est-ce une image difficile à porter aujourd’hui ?
Martine Henry : Pour moi, ça n’a jamais été une image difficile à porter. Il fallait juste que je m’y adapte parce que je ne voulais pas admettre que mon fils est un meurtrier. Maintenant, c’est bien ancré dans ma tête. Ce n’est pas plus difficile à porter qu’autre chose.
Gala.fr : Vous auriez préféré rester dans l’anonymat ?
Martine Henry : J’aurais préféré rester dans l’anonymat jusqu’au bout, ça c’est sûr ! Moi je ne suis pas quelqu’un qui s’étale comme ça, ce n’est pas moi ça.
Gala.fr : Concentrons-nous sur l’affaire. Au départ, Jonathann Daval a souvent menti. Notamment lorsqu’il a caché son meurtre, mais également quand il a accusé Grégory Gay, son beau-frère… Que pensiez-vous de ses premières déclarations ? Les aviez-vous crues ?
Martine Henry : J’y ai cru oui, à ses premières déclarations. Donc à ses mensonges. Je ne savais pas que c’était faux. Comme je ne voulais pas l’admettre, il m’a dit après qu’il a menti pour ne pas me faire de mal. En inventant ça, il m’a en quelque sorte apaisée mais bon, ce n’était pas la bonne chose à faire…
Gala.fr : Quel a été votre état d’esprit lorsque la disparition d’Alexia a été signalée ?
Martine Henry : Alors quand on a appris la disparition d’Alexia, je n’ai jamais pensé que ça pouvait avoir un lien avec Jonathann. On savait que ça ne pouvait pas être une fugue parce qu’Alexia n’était pas comme ça. Suicidaire ? Non plus. Donc à nos yeux, on pensait que quelqu’un l’avait enlevée.
Gala.fr : Comment avez-vous réagi lorsqu’il a avoué les faits ?
Martine Henry : Très honnêtement, je ne voulais pas y croire. Je ne voulais pas l’admettre parce qu’il n’est pas comme ça.
Gala.fr : Vous avez été déçue de sa part ?
Martine Henry : Je n’ai pas été déçue non mais, le fait de réaliser qu’il était derrière ce meurtre c’était très compliqué pour moi.
Gala.fr : Vous étiez présente lors du procès. Quel souvenir gardez-vous de cette audience, sur l’ambiance ?
Martine Henry : Ce que j’en ai gardé comme souvenir est que je ne souhaite ça à personne, de vivre tout ça. C’est très très très dur. Très long, très compliqué… J’étais complètement perdue, fatiguée. Je ne referais plus jamais un procès comme ça, c’est trop dur. Trop brut. Je pense que personne n’est jamais prêt à assister au procès d’un de ses enfants. On ne savait pas à quoi s’attendre…
Gala.fr : Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que votre enfant allait être incarcéré ?
Martine Henry : À la fin, on savait qu’il allait être incarcéré. Nous, on s’attendait à ce qu’il ait une peine de trente ans d’emprisonnement. Tous les membres de la famille s’étaient préparés à ce qu’il reste trente ans. Il en a eu que vingt-cinq, c’était très bien. Donc on a fait avec !
>> À lire – Minute par minute : retour sur la disparition d’Alexia Daval
Gala.fr : Le regard des gens sur vous a-t-il changé après le jugement ?
Martine Henry : Le regard des gens n’a pas changé pour moi. Ils ont toujours continué à me parler, à me dire bonjour et à me demander de mes nouvelles. Aucun souci de ce côté-là. Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir été mal regardée, j’ai jamais entendu une critique… Rien du tout. Ça aurait pu être le contraire, mais ça s’est passé comme ça. C’est très bien.
Gala.fr : Êtes-vous encore régulièrement sollicité, ou arrêté par des personnes passionnées par l’affaire, dans la vie de tous les jours ?
Martine Henry : Alors oui, il y a encore des gens qui m’arrêtent, pour me dire qu’ils ont apprécié mon livre. Mais à part ça, non. Les gens qui me connaissent, ont connu Jonathann donc je n’ai pas de problème de ce côté-là.
Gala.fr : En ce qui concerne, cette fois, la famille d’Alexia. Avez-vous encore de leurs nouvelles ?
Martine Henry : Vous savez, bien avant le drame, on n’était déjà pas très très proches. On se voyait régulièrement, de temps en temps, au bar pour un café. Depuis le covid, moi je ne sors plus autant. On ne se côtoie plus, on ne se parle pas. Après, on s’est revus une fois après la mort d’Alexia, chez la notaire. On s’est dit bonjour mais ils ne nous ont pas répondu. Ce n’est pas grave. Ils ont leur peine, leur douleur. S’ils nous en veulent à nous parce que Jonathann a – on va dire le mot – tué Alexia, bah je les comprends.
Gala.fr : Vous êtes mère d’une fratrie, grand-mère et arrière-grand-mère… En ce qui concerne vos petits-enfants et arrière-petits-enfants, leur avez-vous expliqué que leur oncle est en prison et les faits qu’il a commis ?
Martine Henry : Oui, ils savent. À mes petits-enfants, ce sont leurs parents qui leur ont expliqué toute cette histoire. Ce n’est pas à moi d’annoncer à mes petits-enfants la nouvelle. Les parents ont suivi leurs rôles et leur ont donc expliqué. Aujourd’hui, ils sont au courant, ils ont très bien compris. Et Jonathann reste leur tonton quand même.
Gala.fr : Vous en reparlez encore de Jonathann en famille ?
Martine Henry : Ah mais bien sûr, on en a encore reparlé ce matin. Ma fille m’a d’ailleurs confiée qu’elle comptait aller lui rendre visite au parloir. On parle de Jonathann tout le temps et il nous appelle souvent aussi. Même mes petits-enfants parlent de leur tonton. Il y en a certains que Jonathann a d’ailleurs rencontrés au parloir. Une rencontre très émotionnelle…
Gala.fr : Vous rendez régulièrement visite votre fils en prison, quel est son état d’esprit ?
Martine Henry : On va le voir régulièrement en prison oui, c’est indiscutable. Le visiter en prison, ça fait désormais partie de la routine. Dans la vie, on s’habitue à tout. Aux bonnes choses, comme aux mauvaises choses… En prison, il va beaucoup mieux, ça c’est sûr. Il a enfin un travail puisqu’il n’est plus en isolement, comme il l’a été pendant trois ans et demi. Il fait beaucoup de sport en prison aussi. Il a également des amis de détention, évidemment, car je me doute qu’il ne va pas parler aux murs. Il faut bien qu’il parle à quelqu’un. Ils sont tous là-bas pour des « bonnes choses » hein, mais ils se parlent bien.
Gala.fr : Vous avez écrit un livre portant sur l’affaire Daval. Quelles raisons vous ont encouragés à partager votre point de vue sur cette histoire ?
Martine Henry : J’avais comme une sorte de poids sur la poitrine, je n’étais pas bien… J’avais déjà commencé à écrire des choses et puis j’en ai parlé avec mes avocats qui m’avaient dit qu’il fallait continuer d’écrire. Puis on m’a mise en contact avec Plana Radenovic qui m’a aussi encouragée à écrire et qui m’a beaucoup aidée. Et c’est vrai que je me suis sentie soulagée ensuite. Ce poids que j’avais est parti. C’est comme si j’avais suivi une thérapie.
Gala.fr : Est-ce une réponse au livre écrit par les parents d’Alexia, Alexia, notre fille (paru aux éditions Robert Laffont) ?
Martine Henry : Non ! Ça n’a rien à voir, je ne suis pas là pour répondre aux parents d’Alexia parce que sinon j’aurais écrit un pavé. Car à mon sens, il y avait beaucoup de mensonges. Après, ils ont dit ce qu’ils ont dit. Moi j’ai dit ma vérité, et je n’ai pas tout dit, mais ça s’arrête là. Je ne veux pas aller contre eux, ce n’est pas dans mon intérêt. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent, ça ne m’atteint pas.
Gala.fr : Vous avez parlé de votre livre à Jonathann ? L’a-t-il lu ?
Martine Henry : Alors, je n’avais dit à personne de mon entourage que je comptais faire un livre. Pas à mes proches, ni à mes enfants. Personne ne savait, et Jonathann non plus. Car je ne comptais pas le dire à un enfant et pas aux autres. Je l’ai écrit, sans rien dire. C’était la surprise. Je lui ai donné un exemplaire de mon livre, il a commencé à le lire mais il ne lit pas beaucoup. Il lit des petites phrases, comme ça, de temps en temps, mais il ne l’a pas encore lu en entier. Il le lira ceci dit car il a toute sa vie et de nombreuses années devant lui pour le faire. Il a le temps.
Gala.fr : Vous révélez dans votre ouvrage que Jonathann travaille en prison mais qu’il s’est également bien acclimaté à son environnement. Notamment avec Guy Georges avec qui il est très proche. Connaissiez-vous le célèbre criminel belge avant ?
Martine Henry : Je ne le connaissais pas du tout. À vrai dire, j’ai probablement déjà entendu parler de lui il y a des années, quand son affaire avait éclaté, mais je n’avais pas retenu tout ça. Vous savez, dans la vie, les gens ne font pas toujours que des bonnes choses, la preuve. Après dans mon livre, j’ai dit le nom de Guy Georges comme un tout autre nom. Il y en a d’autres dans cette prison. C’est vrai qu’il vient régulièrement lui dire bonjour, ils se parlent. Guy Georges vient également nous saluer quand on visite Jonathann. De ce que j’en ai vu, je ne peux rien lui reprocher car il ne m’a rien fait à moi. Il a toujours fait preuve de politesse. Je reconnais que ce n’est pas très bien ce qu’il a fait mais que voulez-vous que j’y fasse ? Je vous le redis, Jonathann ne va pas parler aux murs.
Gala.fr : Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris les crimes de Guy Georges ?
Martine Henry : Ah mais oui. Après, il a fait ça, il purge sa peine et il a été puni comme Jonathann, on va dire… Tous ceux qui sont là-bas ne sont pas des enfants de chœur.
Gala.fr : Et le fait que votre fils le côtoie ? Cela ne vous effraie pas ?
Martine Henry : Si j’avais une crainte à ce sujet, je ne vivrais plus. Crainte de ce qu’il peut arriver, qu’il peut être tué à tout moment ? C’est le monde carcéral ça. Mais après non, sinon on ne vit plus. Je ne veux pas vivre dans la peur.
Gala.fr : Enfin, dans les médias, vous avez signalé que vous n’abandonnerez jamais votre fils malgré ses crimes. Est-ce une philosophie que vous continuerez de suivre ?
Martine Henry : Oui, tout à fait ! C’est fait, c’est fait [la mort d’Alexia Daval, ndlr]. On en parle plus et puis c’est tout.
Crédits photos : Bruno Grandjean / Panoramic / Bestimage
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