Le dernier rapport de l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), publié ce jeudi 6 avril 2023, affirme que de très nombreux Français seraient exposés à une eau potable non conforme à la réglementation, cette dernière étant polluée par des résidus de pesticides et d’explosifs.
Les eaux traitées contaminées
Tous les trois ans, le laboratoire d’hydrologie de l’Anses, mène des campagnes pour mesurer la présence de composés chimiques qui ne sont « pas ou peu recherchés lors des contrôles réguliers », précise le communiqué publié par l’agence.
Or, le dernier rapport pointe la présence de plus de 150 pesticides et métabolites de pesticides, mais aussi une cinquantaine de résidus d’explosifs dans l’eau destinée à la consommation humaine.
Cette campagne 2023 a permis de collecter plus de 136 000 résultats, affirme l’Anses, qui précise que les « prélèvements d’eaux brutes et traitées ont été réalisés sur tout le territoire français, y compris dans les territoires d’outre-mer. L’objectif était d’analyser des points de captage d’eau représentant environ 20 % de l’eau distribuée. »
Et les résultats sont inquiétants : « Les prélèvements ont notamment concerné 157 pesticides et métabolites de pesticides, c’est-à-dire des composants issus de la dégradation des produits phytopharmaceutiques. 89 d’entre eux ont été détectés au moins une fois dans les eaux brutes et 77 fois dans les eaux traitées. »
Chlorothalonil R471811 : un fongicide interdit retrouvé dans l’eau
Parmi les pesticides retrouvés dans les eaux potables, l’agence pointe du doigt la présence de chlorothalonil R471811, qui est non seulement le plus retrouvé – il est présent dans un prélèvement sur deux – mais qui conduit également à des dépassements de la limite de qualité dans plus d’un prélèvement sur trois. Cette limite de qualité, fixée en 2007 à 0,1 microgramme par litre pour chaque métabolite pertinent, n’a toutefois « pas de signification sanitaire », selon la Direction générale de la santé.
Or, ce métabolite est « issu de la dégradation dans l’environnement du chlorothalonil, un fongicide interdit en France depuis 2020 », et serait présent dans 34% de l’eau potable de l’Hexagone et des territoires d’outre-mer. « Ces résultats attestent qu’en fonction de leurs propriétés, certains métabolites de pesticides peuvent rester présents dans l’environnement plusieurs années après l’interdiction de la substance active dont ils sont issus », explique le rapport.
Le rapport de l’Anses a été transmis aux Agences régionales de santé (ARS) ainsi qu’à la Direction générale de la santé, de manière à compléter la liste de molécules à surveiller dans le cadre des contrôles sanitaires réguliers des eaux. « Les autorités pourront également définir de mesures de gestion appropriées vis-à-vis des composés dépassant la limite de qualité » afin de garantir la santé des consommateurs, conclut le communiqué.
- Des compléments alimentaires rappelés à cause d’un taux élevé de pesticides
- Consommer des fruits et légumes qui contiennent des pesticides annulerait leurs effets bénéfiques sur notre santé
Source: Lire L’Article Complet