Selon Le Berry républicain, il s’agirait d’une première en France. Le 19 février 2023, au cœur de l’hôpital Jacques-Coeur de Bourges, un couple transgenre a donné naissance à une petite fille. Mattéo, assigné femme à la naissance mais homme à l’état-civil, a accouché d’Avah. Sa compagne Victoire, assignée homme à la naissance mais femme à l’état-civil, était présente pour assister à ce grand moment. Leur fille, qui mesure 50cm et pèse 3, 640kg se porte bien.
La conclusion d’un long parcours pour devenir parents
La question des enfants dans les couples transgenres est toujours compliquée. Les traitements hormonaux utilisés dans les parcours transidentitaires réduisent la fertilité de manière peut-être irréversible et à long terme, précise la Haute autorité sanitaire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle des préservations de gamètes sont réalisées en début de parcours transitoire. Pour avoir un enfant, le couple raconte au Berry républicain avoir envisagé « de recourir à la PMA (procréation médicalement assistée). » Un échec : « Nous avons pris rendez-vous dans une clinique. Finalement, ils nous ont refusés en nous disant qu’ils ne pouvaient pas mettre un homme enceint. Cinq heures de route aller-retour pour rien ! »
Car si l’obligation d’être stérilisé pour pouvoir changer de genre à l’état-civil a été abandonnée en 2016, d’un point de vue purement administratif, la France n’est pas équipée pour prendre en charge une grossesse chez un homme trans : « Ça bloque tous les logiciels. La mutuelle, la Sécu, la Caf… Le dossier est toujours bloqué à la Sécu. Dès le début de ma grossesse, tout a été bloqué. » Résultat, ils ont décidé, pendant trois ans, de suspendre leurs traitements hormonaux respectifs, et de renoncer aux opérations chirurgicales visant à obtenir un corps qui répondrait, aux yeux de la société, à leur genre. Mattéo, lui, s’est engagé dans un parcours gynécologique « dur physiquement et psychologiquement ». Avah sera leur unique enfant.
Des problèmes d’état-civil à régler
« Transgenres tous les deux, Victoire et Mattéo ont procédé à la modification de leur état-civil avant de devenir parents », précise le journal local. Mais pour leur fille, les difficultés sont encore présentes. « Nous avons lancé les démarches en juin pour l’état-civil, rapporte Victoire. Notre avocate a informé le procureur, qui a renvoyé vers la Chancellerie… » L’acte de naissance de leur enfant n’a pas posé de problème : « Je suis allée à la mairie de Bourges le lendemain de la naissance. Les employés de l’état-civil ont été très compréhensifs ! Sur l’extrait d’acte de naissance, il est indiqué simplement que notre fille est née de Mattéo et moi. Une annotation concernant le changement de sexe est portée sur son acte de naissance intégral, mais j’ai demandé qu’il soit bloqué et que l’on ne puisse plus jamais le consulter. Je garde juste une copie pour le montrer à ma fille. »
Un seul point reste en suspens : sur le livret de famille, Mattéo est mentionné en tant que « mère » et non père de l’enfant, ce que le couple qualifie « d’inacceptable ». De nouvelles démarches administratives sont en cours pour régler le problème.
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