De quel célèbre fait-divers est adapté le film Le juge et l’assassin, diffusé sur Arte, ce 28 octobre 2019 ? Une affaire qui avait défrayé la chronique à la fin du XIXe siècle et permis d’identifier l’un des tout premiers tueurs en série français.
Le drame Le juge et l’assassin, sans doute un des plus grands films de Michel Galabru, est diffusé sur Arte ce 28 octobre 2019 à 20 h 55. Le film, signé Bertrand Tavernier, est inspiré d’un fait divers réel. L’affaire Joseph Vacher, rebaptisé Joseph Bouvier dans le film. Joseph Vacher est considéré comme l’un des tout premiers tueurs en série français identifié. On soupçonne le vagabond d’avoir violé et tué une trentaine de personnes, pour l’essentiel des jeunes bergers et bergères entre 1885 et 1898.
Né en 1869 dans une famille très nombreuse (15 enfants) de l’Isère, Joseph Vacher est rapidement repéré pour des comportements atypiques, sadisme envers les animaux notamment, Joseph Vacher aurait commencé sa carrière criminelle jeune, en 1884 en Isère, avec le meurtre assorti de viol d’un enfant de 10 ans Joseph Amieux. L’identité de l’assassin du petit Joseph n’est pas certaine, mais les témoins affirmaient avoir aperçu un rôdeur d’une quinzaine d’années, l’âge de Vacher à l’époque. Vacher, contraint de travailler après le décès de sa mère, vit quoiqu’il en soit de travaux saisonniers. En 1890, il fait son service militaire, mais aurait subi les brimades de ses camarades et témoigne d’un comportement si impulsif et agressif qu’il est dégradé puis réformé en 1893.
C’est cette année-là qu’éconduit par Louise Barrand, une jeune cantinière dont il s’était épris, que Joseph Vacher tire à plusieurs reprises au revolver sur celle qu’il convoitait. La jeune femme n’est que blessée et Vacher, lui, rate sa tentative de suicide qui va lui laisser une balle dans la tête.
Interné en hôpital psychiatrique, on lui diagnostique un délire de persécution dont les médecins le jugent pourtant guéri au bout de quelques mois. Vacher, qui vit de travaux saisonniers va alors arpenter l’Hexagone en semant la mort sur son passage. En tout, plus d’une vingtaine de victimes présumées, certaines comme la jeune ouvrière Eugénie Delomme, que Vacher a avoué. En 1895, le corps d’un enfant de 15 ans, Victor Portalier, est découvert, violé et mutilé post-mortem dans l’Ain. Quelques témoins font une description d’un suspect rôdant dans le village et ressemblant à Vacher mais le tueur, qui marche d’un bon pas et peut parfois parcourir plus de 60 km en une seule journée, n’est pas arrêté.
Vacher va être interpellé en 1896 pour coups et blessures et vagabondage. Il est condamné à un mois de prison et, à peine sorti, tente vainement d’agresser une fermière qui trouve heureusement de l’aide. À nouveau condamné à quelques mois de prison, Vacher est incarcéré à Tournon. Mais un nouveau juge d’instruction, Émile Fourquet, fraîchement arrivé dans l’Ain, remarque que Vacher ressemble beaucoup au portrait-robot du responsable de plusieurs crimes, notamment celui de l’agresseur présumé de Victor Portalier. Le juge va à la fois faire travailler ensemble – une première à l’époque – des services de gendarmerie locaux et faire parler Joseph Vacher en feignant de s’intéresser à lui. Vacher, flatté, finit par confesser huit meurtres, indique à la police où trouver certains corps et terminera ses aveux en reconnaissant onze crimes.
Bien que Joseph Vacher ait été jugé comme atteint de troubles psychiatriques graves et même d’un handicap mental lourd dès 1893, il sera malgré tout jugé comme responsable de ses crimes à l’unanimité des douze jurés d’un procès qui s’étale sur trois jours à compter du 26 octobre 1898. Joseph Vacher sera guillotiné le 31 décembre de la même année devant 2000 personnes rassemblées sur une place de Bourg-en-Bresse.
Diaporama réalisé par Arabelle Combet.
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