C’est une artiste complète, inclassable, Judith Chemla, actrice, musicienne et chanteuse lyrique est « Mélisande » au théâtre des Bouffes du Nord, dans une version entre opéra et théâtre de l’œuvre de Maeterlinck et Debussy. Cette adaptation, très libre, signée Florent Hubert et Richard Brunel, s’appelle bien Mélisande, comme si Pelléas, n’était qu’un second rôle. C’est elle qui brûle la scène de sa passion, passion de vivre hors de cet univers dystopique, où les hommes dominent les femmes de leur propre faiblesse.

« On sent un monde assez nécrosé avec ces hommes qui veulent se l’approprier et puis elle qui reste insaisissable comme ça »

à franceinfo

« J’avais l’impression que c’était un parcours de victime, mais, en fait, c’est l’inverse. C’est une lumière qu’on tente de broyer et que personne ne parvient à broyer, s’enthousiasme la comédienne. Le monde n’est pas prêt à bouger à la fin de cette pièce et je pense que le nôtre est en train de bouger ».

« Des héroïnes sacrificielles »

Et elle le dit publiquement que le monde doit bouger, Judith Chemla qui a subi des violences conjugales. Sur scène, elle habite littéralement ses personnages lyriques : Didon, Traviata, Mélisande, dont elle renverse la funeste destinée en pulsion de vie. « Malgré tout, c’est quand même des héroïnes sacrificielles. Ça interroge profondément sur la place des femmes et ce qu’on a attendu d’elle tout au long de l’histoire. Il y a un sacrifice, mais il y a une lumière totale qui l’entoure », avoue Judith Chemla.

C’est dans ces formes hybrides, modestes et géniales à la fois, entre opéra et théâtre que Judith Chemla est la plus juste et dans cet écrin particulier des Bouffes du Nord, où elle a incarné tous ces rôles.

« On se défait des conventions, on se défait des postures. Pour moi, on est à l’endroit où la musique se forme. C’est unique au monde ce théâtre et de voir aussi près les gens, c’est très fort. Il y a beaucoup d’histoires et ça fait douze ans que je joue ici, c’est vraiment beau », reconnaît-elle.

Vue récemment dans le film La grande magie de Noémie Lvovsky, Judith Chemla impressionne par le choix de ses rôles, souvent tragiques.

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