Un alarmant recul. « L’égalité entre les sexes s’éloigne de plus en plus », a dénoncé Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, dans un discours prononcé lundi 6 mars 2023 à New York, aux États-Unis.

Le progrès des dernières décennies « disparaît sous nos yeux » 

Dans l’amphithéâtre de l’Assemblée générale, où il a lancé les deux semaines de débats de la Commission de la condition de la femme (CSW), le Portugais alerte : au rythme actuel, cette égalité sera atteinte « dans 300 ans », comme l’a calculé l’ONU Femmes.

« Le progrès accompli au cours des dernières décennies disparaît sous nos yeux », déplore-t-il encore, deux jours avant la Journée internationale des droits des femmes. Des droits « menacés, violés, à travers le monde ». Comme en Afghanistan, qu’il cite en exemple, où depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021, « les femmes et les filles ont été effacées de la vie publique ».

Le chef de l’ONU n’a en revanche pas mentionné l’Iran, pourtant expulsé le 14 décembre dernier avec effet « immédiat » de cette Commission de la condition des femmes, par un vote du Conseil économique et social des Nations unies (Ecosoc), en raison de la répression que subissent les Iraniennes en révolte.

Dans « nombre d’endroits, les droits de reproduction sexuelle des femmes reculent et les filles qui vont à l’école risquent d’être enlevées et agressées », pointe aussi Antonio Guterres. 

Trois siècles ? « Ce sont autant d’années de préjudices pour les femmes et les filles du monde entier, on n’a plus le temps », rappelle sur Twitter ce 8 mars l’ONU Femmes France. « Faisons de l’égalité une priorité, agissons maintenant », somme l’organisation. 

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Fortes inégalités dans les secteurs des sciences et des technologies

Dans son discours, le secrétaire général des Nations unies a aussi fustigé « des siècles de patriarcat, de discrimination et de stéréotypes pénibles », qui « ont créé un fossé entre les sexes, dans les sciences et les technologies ».

Dans ces secteurs, les femmes ne représentent que « 3% des lauréats de prix Nobel », exemplifie-t-il, avant de rendre hommage à la microbiologiste française Emmanuelle Charpentier et la biochimiste américaine Jennifer Doudna, qui « ont été, historiquement, la première équipe de femmes à remporter un prix Nobel en sciences [en chimie, ndlr] il y a trois ans », alors que « des équipes d’hommes l’ont remporté 172 fois ».

« Le patriarcat contre-attaque. Nous aussi », lance Antonio Guterres. Avant de conclure : « Je suis ici pour affirmer clairement et avec force : les Nations unies se tiennent partout aux côtés des femmes et des filles ».

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