En plein feu, le troisième film de Quentin Reynaud, en salles le 8 mars 2023, plonge le spectateur dans le huis-clos d’une voiture menacée par les flammes d’un énorme incendie de forêt dans les Landes. Une catastrophe qui cache un drame plus intime, familial, tissé d’un père à l’autre, d’une génération à l’autre.

Sous la chaleur écrasante d’un soir d’été, les habitants d’un quartier des Landes scrutent le ciel en préparant leurs bagages. Ils attendent la pluie, qui ne vient pas. Le lendemain, Simon est réveillé par la sonnerie d’une alarme. Le feu menace. Il faut évacuer. Simon réveille Joseph, son père, qui peste. Ils prennent leur temps pour partir et sont quasiment les derniers à quitter le quartier quand ils s’engagent sur l’itinéraire scrupuleusement indiqué par les plans d’évacuation.

Très vite, ils se retrouvent coincés dans un embouteillage. Dans la voiture, une sibylle crachote les conversations hachées des pompiers et des forces de l’ordre, de plus en plus tendues. Simon et Joseph se trouvent bientôt prisonniers dans l’enfer des flammes qui menacent de tous côtés…

Derrière cette tragédie climatique, filmée comme un thriller, se cache un drame plus intime. Simon a autrefois perdu sa fille, la sœur jumelle de son fils Samuel, avec qui les relations sont aujourd’hui difficiles, voire inexistantes. A ce drame s’ajoute la relation filiale compliquée de Simon avec Joseph, son propre père, ancien officier de marine un peu flambeur, et dont on comprend qu’il n’a pas non plus été très présent pour son fils.

Huis clos révélateur

Quentin Raynaud filme la première séquence de ce drame comme un documentaire, la caméra au plus près des deux personnages, avec des gros plans qui disent la peur qui s’installe, et qui enfle au fur et à mesure que le piège des flammes se referme sur eux. Ce dispositif, un point de vue intérieur au cœur du drame dont les autres protagonistes sont gommés, apparaissant comme des ombres autour du véhicule, est particulièrement efficace et effrayant. Le réalisateur parvient à y conjuguer subtilement le drame collectif avec l’histoire intime des deux hommes.

Ce huis-clos tendu dans lequel le père et le fils sont confrontés ensemble à la menace de la mort révèle en effet peu à peu la nature des relations entre Simon et son père, et dévoile un autre drame, plus ancien, qui a fait de Simon, lui aussi, un père déficient. S’ouvre alors la deuxième partie du film, qui met en scène dans des plans beaucoup plus larges -on est sortis du huis-clos- Simon errant dans les fumées d’un incendie ravivant des scènes du passé.

Cette seconde partie, plus périlleuse, est globalement moins réussie que la première. Même si Alex Lutz fait tout ce qu’il peut pour incarner ce père perdu dans les flammes de l’incendie, et dans celles, plus oniriques, de ses démons, tout y est appuyé, là où l’on préférerait plus de mystère et de légèreté. Le film, tourné avant les grands incendies de l’été dernier dans les Landes, a néanmoins cette vertu, avec la force de la fiction, de démontrer les ravages et les conséquences très concrètes du dérèglement climatique, et de la négligence des hommes, consumés par un feu qu’ils ont eux-mêmes allumé.

La fiche

Genre : Drame, Action, Thriller
Réalisateur : Quentin Reynaud
Acteurs : Alex Lutz, André Dussollier, Laura Sepul
Durée : 1h25
Sortie : 8 mars 2023
Distributeur : Apollo film
Synopsis : un feu géant ravage la forêt des Landes. A la suite d’une alerte évacuation, Simon et son père Joseph quittent leur domicile mais se retrouvent rapidement prisonniers de leur véhicule au milieu de ce cauchemar climatique. Le brasier se rapproche. Que faire ? Attendre les secours…? Ou n’est-ce pas en s’enfonçant plus loin encore dans l’immensité terrifiante de la forêt brûlante qu’ils trouveront le moyen de s’en sortir… ?

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