« La Nathalie que j’étais, une épicurienne, est morte le matin du 3 septembre 2016 », a confié la quinquagénaire à 7 sur 7 à propos des violences sexuelles qu’elle a subies il y a plusieurs années.

Dans son témoignage bouleversant et rare, publié par le média belge le 25 février 2023, cette mère de famille explique son choix d’avoir recours au suicide assisté car sa santé mentale dégradée nuit à son quotidien.

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Violée au cours d’un footing matinal

En janvier 2023, à l’unanimité, deux psychiatres et un médecin ont approuvé la demande exceptionnelle de Nathalie Huygens, 50 ans, d’être euthanasiée. Elle assure ne plus supporter sa vie depuis qu’elle a été victime d’un viol lors d’une séance de jogging. Depuis, raconte-t-elle au média en ligne, elle souffre de crises de panique, d’anxiété et a même fait une tentative de suicide. « Si j’avais su à ce moment-là quelle existence m’attendrait à partir de ce moment-là, j’aurais couru après lui [son agresseur, ndlr] et je lui aurais dit : ‘Tuez-moi' », assure la Belge.

Elle se souvient de son agression, alors qu’elle était partie courir aux alentours de 5h du matin près de voies ferrées. Après avoir dépassé un homme qui avait « un visage noir de colère » celui-ci l’a attrapée et l’a frappée : « Il commence à me frapper au visage. Il continue de frapper. Il me fracasse la mâchoire, je sens le bruit sourd des os qui se brisent. Je crie et je me défends ».

Nathalie Huygens explique que l’agresseur l’aurait relevée puis emmenée plus loin : « Ces cent mètres de marche avec lui sont plus terribles que les coups reçus. Parce que je sais ce qui m’attend. (…) Il me jette à nouveau à terre, sort un couteau et me viole. À plusieurs reprises. Ça dure une éternité. »

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Une femme définitivement brisée par le viol

À son retour chez elle, après une semaine d’hospitalisation, la mère de deux enfants dit avoir réalisé à quel point cette agression l’avait profondément ébranlée : « Cette maison n’était plus la mienne. Je me sentais comme une intruse, seule et solitaire. Rien n’allait plus. Tout le monde me disait que j’étais toujours la même, mais je n’en avais pas l’impression. Une partie de moi-même semblait être morte. » Elle explique ne plus avoir été capable de dormir dans le même lit que son mari.

Pendant plus de six ans, à part en dormant, il n’y a pas une demi-heure où je ne pense pas à ce qui m’est arrivé.

Quelques années plus tard, elle raconte ne pas avoir réussi à « surmonter » ce traumatisme, elle qui souligne avoir déjà survécu à d’autres épreuves dans sa vie :  » À 16 ans, j’ai été agressée avec un pistolet sur la tempe; à 18 ans, ma mère est morte et neuf ans plus tard, mon père aussi; à 20 ans, j’ai eu un très grave accident de voiture qui m’a valu une année de rééducation. »

Après avoir tenté de mettre fin à ses jours, Nathalie Huygens a été plusieurs fois admise en psychiatrie. Aujourd’hui elle se dit « épuisée » après des années de lutte : « Pendant ces plus de six ans, à part en dormant, il n’y a pas une demi-heure où je ne pense pas à ce qui m’est arrivé. » Chaque jour, décrit-elle, elle s’allonge en pleurant pendant des heures, ne supporte plus d’aller faire des courses car elle se retrouve dans un endroit clos.

C’est pourquoi, explique-t-elle, il y a deux ans elle a déposé sa demande d’euthanasie pour être enfin en « paix » : « Je veux que la souffrance s’arrête, qu’elle se termine. Savoir maintenant que je peux mourir est quelque part rassurant. »

Dans l’attente du procès en civil de son agresseur

Seul objectif qui la fait tenir, tandis que ses thérapeutes « espèrent un miracle », le procès en civil de son agresseur qui n’a pas encore eu lieu. Celui-ci avait été retrouvé 14 mois après les faits et condamné à 15 ans de prison, précise le média belge. Elle l’avait confronté pendant trois heures lors d’une visite en prison.

En mars 2022, son fils Wout âgé de 25 ans, a écrit une lettre ouverte pour défendre le choix de sa mère, critiquée sur les réseaux sociaux et qualifiée d’égoïste par des internautes qui ne comprennent pas sa démarche. Il y constatait que sa maman était déjà « mentalement partie ».

Avant de se suicider, la Belge assure à 7 sur 7 qu’elle continuera à sourire « jusqu’au dernier moment » et à se concentrer comme elle le peut sur les « belles choses ». En témoignant, elle espère changer le regard porté sur les victimes de violences sexuelles : « Le viol n’est pas juste un mot de plus dans le dictionnaire. Tant de victimes n’osent ou ne peuvent pas parler de leur souffrance. J’espère qu’après avoir lu l’article, les gens se diront : ‘Je connais aussi une victime dans ma rue à qui j’ose à peine dire bonjour, je vais le faire à partir de maintenant’. »

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