La chanteuse, réalisatrice et actrice se dévoile dans une interview surprenante et intime. De ses cauchemars intempestifs à sa passion pour la natation, Jeanne Balibar se raconte pour Marie Claire.

Interview d’une touche-à-tout à la carrière hybride.

Le questionnaire de Jeanne Balibar

Marie Claire : Aimez-vous votre visage ?

Jeanne Balibar :Je louche mais ça va.

Êtes-vous fille ou femme ?

Malheureusement les deux. Parce que c’est un peu chiant de rester une fille une fois qu’on a à peu près réussi à devenir une femme. Terrible de se sentir un peu éternellement fille de ses parents !

Dormez-vous la nuit ?

Oui mais je fais énormément de cauchemars. Depuis vingt ans, toutes les nuits, et plusieurs.

Votre mère était-elle dominante ou soumise ?

Les deux. Dominante intellectuellement, mais très soumise au niveau de la répartition des tâches femme-homme. Ça a toujours été le cas pour les femmes de ma famille. Des gens pourtant très progressistes.

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Cigarettes et travail comme drogues

Combien de drogues vous faut-il pour vivre ?

Deux. La cigarette et le travail, même si j’essaie de ne pas être trop « workaholic » : à trop haute dose, le travail a les mêmes effets nocifs que les autres drogues.

Je n’imagine jamais d’aventures avec des personnes qui ne sont pas à quatre centimètres de moi.

Le plus beau regard que l’on ait posé sur vous ?

Ceux de mes deux fils, à tout âge. Un émerveillement permanent.

Citez trois amants et amantes rêvé·es au cours de votre vie.

Je n’imagine jamais d’aventures avec des personnes qui ne sont pas à quatre centimètres de moi.

Votre plus grand plaisir simple ?

Nager. Mais jamais en piscine. Uniquement mer, lac et rivière.

Jeanne Balibar est-elle violente ?

Votre dernière recherche Google ?

Le nom d’une personne qu’on m’a présentée hier soir et dont j’ignorais tout… Je me suis renseignée discrètement sur mon portable. (Rires.)

Le meilleur conseil que l’on vous ait donné ?

De Michel Piccoli : « Ne lis rien sur le film que tu t’apprêtes à tourner. Si tu ignores tout de ton rôle, tu éviteras les clichés dans ton jeu. » Je n’ai pas forcément le courage de me lancer à l’aveugle sur un tournage mais c’est un excellent conseil.

La dernière chose que vous ayez bue et mangée ?

Café, toasts beurrés avec de la confiture de mûres et un jus de pamplemousse.

Le goût dont vous avez honte ?

Faire du ski. J’adore les sports d’hiver mais ça devient quand même très problématique au niveau environnemental.

Êtes-vous violente ?

Oui, malheureusement. J’ai été élevée dans des familles, maternelles et paternelles, où il y avait énormément de violences, aussi bien verbales que comportementales. Je suis sans cesse obligée de me contrôler mais c’est pas si facile.

Qu’est-ce que vous ne supportez pas que l’on dise de vous ?

Que je suis cérébrale ou intello. C’est toujours dit dans l’intention de m’empêcher de faire valoir mon hypersensibilité. Très pénible.

Pouvez-vous sortir sans maquillage dans la rue ?

Jamais sans mascara. Le reste, oui.

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Le vélo ou la liberté

Pouvez-vous prendre une photo de vous ?

Jeanne Balibar

Aimez-vous votre prénom ?

Beaucoup. Quand j’étais enfant, il n’y avait pas de Jeanne à part Jeanne Moreau.

Fuir, s’adapter ou combattre ?

Fuir ! Ah non, quel lapsus incroyable ! (Rires.) Je vous autorise à le laisser. Je voulais dire « s’adapter ».

La première fois où vous vous êtes sentie libre ?

Enfant, quand j’ai commencé à faire du vélo en bande, dans la campagne.

La place du sexe dans votre vie ? 

Primordiale mais cela a été un combat de m’autoriser à le reconnaître. Ça ne doit pas pour autant être une obligation.

Si vous étiez une fée et que vous pouviez offrir trois dons à un enfant naissant, lesquels serait-ce ?

L’hypersensibilité, qui est la condition de l’intelligence ; de belles épaules, un trait physique capital pour les femmes comme pour les hommes ; et enfin le goût des activités de plein air.

Jeanne Balibar est à retrouver dans :

Les Historiennes, le 12 mars à Bruxelles, le 25 mars à Arles. Benjamin Franklin de Kirk Ellis, avec aussi Michael Douglas… Bientôt sur Apple TV+.
Laissez-moi de Maxime Rappaz, avec aussi Thomas Sarbacher… En salle courant 2023.
D’ici là tout l’été (Midnight Special Records), sortie le 6 mai.

Cette interview a été initialement publée dans le magazine Marie Claire numéro 846, daté mars 2023.

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