Pour les étudiants en écoles de mode, la fin d’études s’achève le plus souvent sur un défilé. Ce show les invite à concrétiser leur projet de carrière – en l’occurrence celui de fonder une marque de vêtements.

La Central Saint Martins, cultissime école qui a accueillie sur ses bancs les designers Kim Jones et Richard Quinn -pour ne citer qu’eux-, organise elle aussi un défilé annuel. Cette présentation est observée par tous les diggers et les professionnels de l’industrie, l’enjeu est donc conséquent pour ces jeunes créatifs.

Cette saison, la promotion étudiante qui a été appelée à présenter sa collection devant le public est constituée de 20 créateurs en herbe.

Ont ainsi défilé ce lundi 20 février les jeunes labels : Giorgia Presti, Maxime Black, Macinnes Limited, Max Anthony Brown, Hayley Zhenyu Shou, Jude Hinojosa, Alena Nevedrova, Oscar Ouyang, Nomvelo, Chen Si Fan, Louisa, Yaku, Chié Kaya, Woojun Jang, Pinaki, Nora Kassim, Francesca Lake, Alessandro Tondolo, Ellen Poppy Hill, ainsi que la maison éponyme Xuesong Yang.

Parmi les collections qui ont été présentées, celles de trois étudiants ont retenu notre attention.

Nomvelo

Exprimer ses convictions. Explorer le champ des possibles. Les défilés de mode étudiants permettent aux aspirants designers de définir leur identité et l’histoire qu’ils souhaitent raconter en vêtements.

C’est exactement ce que l’on ressent face au travail fait l’étudiante et créatrice de la griffe Nomvelo. Elle a présenté huit silhouettes androgynes apprêtées de vêtements larges, une majorité de chemises, de pantalons palazzos et d’un combo babies perforées plates-chaussettes blanches qui nous rappelle l’uniforme des écolières.

L’histoire que l’apprentie designer a souhaité raconter ? En ces propres mots : « La manière dont le colonialisme chrétien a puisé dans les écrits pour inciter les femmes noires à se raser la tête, étant donné que leurs cheveux étaient considérés non-esthétiques et indomptables. »

Elle évoque ainsi la perception du cheveu afro dans les sociétés occidentales, et surtout, la manière dont il a été jugé depuis les temps de l’esclavage jusqu’à ce jour encore malgré l’émergence du mouvement nappy qui a pour objectif de se réapproprier son cheveux texturé. Sur le podium, les mannequins Nomvelo sont coiffées d’une afro à moitié rasé.

A travers sa collection, l’artiste parvient à pointer du doigt des maux qui font écho à l’histoire personnelle d’une multitude de personnes. Un accomplissement qui nous fait dire que cette créative fera des étincelles avec sa marque de vêtements.

Alena Nevredova

Comme ses pairs dont les créations ont elles aussi foulés le podium, Alena Nevredova a suivi un master en mode à la Central Saint Martins.

Pour l’automne-hiver 2023-2024, l’étudiante a été guidée par un thème précis : « une femme cachée : le déguisement comme moyen de survie dans un système totalitaire ». 

Pour respecter ce fil rouge, elle a misé sur des détails déroutants. Employant le trompe-l’oeil pour imiter des jupes en jean et des denim droit qui n’en sont pas, elle permet à ses mannequins de brouiller les pistes.

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Dans le système totalitaire qu’elle a imaginé, ses mannequins se frayent un chemin en portant un masque imprimé illustrant un visage flouté. Impossible alors de récupérer des informations sur la personne qui le porte. 

Ce masque sera t-il, comme le masque en cristal de Maison Martin Margiela, un emblème de sa marque ?

Cette collection invoquant le mystère et les illusions nous donnent l’envie de voir une prochaine, une suite à cette collection. Une raison de garder cette jeune créatrice à l’œil.

Yaku

Chaque saison, le maximalisme et le minimalisme se battent pour gagner le titre de tendance actuelle. Même si la mode minimaliste a le don de nous captiver, on raffole des collections des quelques créateurs de mode maximaliste. Yaku en est l’une des figures émergentes.

« J’ai dessiné des designs de personnages basés sur ma famille et j’ai ensuite cherché à les réaliser ces personnages à travers les vêtements, trouvant un équilibre entre la mode et la conception de costumes. » explique t-il au sujet de sa collection présentée au défilé Central Saint Martins automne-hiver 2023-2024.

En partant du personnel pour espérer toucher, peut-être, une grande cible de consommateurs, le designer derrière Yaku dévoile une collection surréaliste mixant des notes afro-futuristes et son attrait pour le jeu vidéo.

Résultat ? ses manteaux XXL et les sacs bourses destroyed qu’il créé nous font rêver.

L’étudiant de la Central Saint Martins a déjà capté un détail clé de l’industrie : savoir créer des looks uniques.

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