Le procès de Bassam El Absi a débuté lundi 20 février 2023, à Bordeaux. Devant la cour d’assises de Gironde, ce radiologue âgé de 71 ans, retraité et radié de l’Ordre des médecins depuis 2021, est jugé pour des faits présumés de viols et des agressions sexuelles, notamment en salle d’examen.
Le récit des plaignantes
Huit plaignantes au total l’accusent de faits qui se seraient produits entre 2006 et 2009, parmi lesquelles, cinq patientes, dont une mineure à l’époque des faits présumés, mais également deux anciennes salariées de ses cabinets à Langon et Buéguey (Gironde), et la fille d’une d’une ancienne compagne, indique France Bleu Gironde.
Les deux employées évoquent une ambiance sexualisée au travail, des gestes et des comportements déplacés de la part de leur supérieur. Quant aux patientes, elles décrivent des massages, des palpations, des caresses génitales, des pénétrations digitales et des mouvements de va et vient avec la sonde lors des échographies. Elles racontent également que le radiologue les invitait à se déshabiller entièrement. Ces pratiques « ne reposent sur aucune justification médicale ou physiopathologique », a tranché l’expertise de l’enquête, citée par Sud Ouest.
Auprès du quotidien local, Me Sylvie Reulet, avocate d’une partie civile, explique que sa cliente « a tout de suite senti que ça n’allait pas » le jour de la consultation, au cours de laquelle, elle aurait subi une pénétration anale digitale, ajoute l’Agence France-Presse (AFP).
« C’était lui le sachant, le docteur, elles avaient confiance dans sa pratique et son diagnostic. Mais sous couvert de blouse blanche, il a eu des gestes à caractère sexuel qui ne relèvent pas de l’imagerie médicale », dénonce cette avocate dans les colonnes de Sud Ouest.
Le radiologue nie
Bassam El Absi nie les faits et évoque même une « complot » organisé contre lui, de son cabinet aux réseaux sociaux. Il affirme que ces actes décrits n’ont jamais été réalisés, ou alors, pour des raisons médicales. Il plaide également des problèmes d’érection qui l’empêcheraient de commettre les faits dont il est accusé.
Auprès de France Bleu Gironde, son avocat, Me Pierre Sirgue, s’indigne de ce dossier « artificiellement regroupé ». Il qualifie son client de « très paternaliste et tactile ».
L’Ordre des médecins accusé de complicité
Devant le Palais de justice, lundi 20 février, plusieurs associations, à l’instar du Planning familial, l’Assemblée générale Féministe ou La Santé un Droit pour tous, ont manifesté contre l’Ordre des médecins, qu’elles estiment complice dans cette affaire.
« Ils ont été interpellés de nombreuses fois depuis 2002. L’Ordre des médecins l’a laissé dans l’impunité puis ils ont décidé de se remuer une fois qu’il y a eu des plaintes et que la justice s’en est emparé », accuse Bernard Coadou, ancien médecin et président de La Santé un Droit pour tous, cité par France 3 Nouvelle Aquitaine.
En 2016, deux patientes ont porté plainte contre ce radiologue. D’après les sources du Républicain Sud-Gironde, des plaintes avaient déjà été déposées en 2003.
Ce n’est qu’en 2018, alors qu’une information judiciaire est ouverte, que l’Ordre des médecins de Gironde saisit la chambre disciplinaire de l’Ordre de Nouvelle-Aquitaine. Celle-ci radiera le médecin accusé en 2019, alors qu’il est déjà à la retraite.
Annie Carraretto, co-présidente du Planning familial de Gironde interviewée par France 3 Nouvelle Aquitaine s’insurge : « Si l’Ordre des médecins avait agi dès 2002, on aurait pu protéger d’autres femmes qui ont été victimes par la suite ».
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