Pour perdre du poids, 26% des Français.es pensent qu’il est nécessaire de supprimer les féculents de son alimentation, quand 39% jugent primordial de supprimer le beurre ou l’huile.
Issus d’une étude Opinion Way pour Weight Watchers parue en janvier dernier, ces chiffres pointent du doigt qu’en 2023, les idées reçues en matière d’alimentation ont la dent dure.
Pourtant aujourd’hui, les ressources scientifiques discréditant ces dernières sont plurielles et accessibles au plus grand nombre. Alors comment expliquer qu’elles régissent encore le contenu de l’assiette de beaucoup d’entre nous ?
Des idées reçues transmises dès l’enfance et cumulées au fil des années
Pour Karen Demange, psychologue clinicienne et coach en nutrition, ces pensées préconçues découlent avant tout d’un processus de transmission. Selon les croyances alimentaires qui étaient véhiculées dans notre famille pendant notre enfance, notre conception de l’alimentation saine et des « régimes efficaces » peut être biaisée.
“Par exemple, je me rappelle très bien de ce que les nutritionnistes préconisaient dans les années 80, c’était la guerre aux féculents”, illustre la spécialiste.
Et d’après l’experte, à chaque décennie son ennemi. Après le gras et les protéines, le sucre est désormais redouté de (presque) tous.tes. « Sauf que si on prend une personne qui a entre 30 et 40 ans, elle va cumuler ces ‘interdits’ et on finit par croire qu’on ne peut rien manger. Ces croyances s’empilent », poursuit-elle.
Le plaisir alimentaire toujours associé à la prise de poids
Et quand tout paraît interdit, alors la notion de plaisir est annihilée, voire même redoutée. Pour preuve, 71% des personnes interrogées pour le sondage susmentionné déclarent que se faire plaisir en mangeant n’est pas essentiel dans le cadre d’un objectif de perte de poids.
« Cela devient très anxiogène, on jauge tous les aliments en fonction de s’ils font grossir ou non. On va très vite être dans la frustration, et on sait que c’est loin d’être la clé d’une perte de poids saine et pérenne”, souligne Karen Demange.
« Des patients pensent même que le but de la thérapie est d’arrêter de prendre du plaisir à manger, parce qu’il est associé au craquage, au risque de basculer dans la boulimie ou l’hyperphagie. Le plaisir est encore trop lié à la culpabilité. Même pour certaines personnes qui ne souffrent pas de troubles du comportement alimentaire, ce n’est pas normal d’être gourmand », illustre la psychologue.
Comment se défaire de ces croyances alimentaires erronées ?
Alors, comment se défaire de ce carcan d’idées reçues qui régit le contenu de nos assiettes ? « Il faut savoir s’informer et s’interroger », répond la spécialiste.
« Encore plus aujourd’hui avec les réseaux sociaux, nous avons accès à pléthore d’informations. Sur TikTok on ne mange plus de gras, de viande, on ne boit plus de lait… C’est normal de se poser des questions, mais il faut avant tout se demander si tout cela a du sens pour nous et faire travailler son esprit critique », explicite Karen Demange. Autrement, le risque est de voir ces croyances se muer en vérités.
Enfin, si ces dernières nous limitent trop et ouvrent la porte aux TCA, l’accompagnement par un.e professionnel.le peut être salvateur. « Je ne prétends pas détenir une vérité, mais j’accueille les croyances et je les réinterroge avec la personne », rassure la psychologue.
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