Un documentaire de la télévision suisse dénonce “la face cachée de l’aventurier”…
C’est l’homme des missions impossibles. L’apôtre du survivalisme télévisé qu’il a incarné à l’écran dans des émissions comme À l’état sauvage sur M6 ou encore Survivre à l’impossible sur RMC Découverte. Corps taillé dans le bronze, mental d’acier trempé, Mike Horn personnifie le prototype du surhomme moderne, rompu à toutes formes d’adversité. Pourrat-il cependant surmonter la polémique dont il fait l’objet en raison d’un passé trouble ?
C’est la diffusion d’un reportage sur la chaîne suisse RTS, dans le cadre de l’émission Temps présent (l’équivalent d’Envoyé spécial), qui a mis le feu aux poudres. Intitulé Mike Horn, la face cachée de l’aventurier, le programme se présente sous la forme d’une enquête de fond plongeant dans la jeunesse de celui qui est né et a grandi en Afrique du Sud, avant de s’établir en Suisse au début des années 90 – où il a rencontré sa femme d’origine néo-zélandaise, décédée en 2015, avec qui il a eu deux filles.
Accro à l’adrénaline
Que nous apprend ce documentaire ? Que Mike Horn aurait menti sur son engagement militaire en Afrique du Sud, au plus fort de la terrible politique d’apartheid, qu’il avait déjà commenté par le passé, tout en omettant des détails.
Selon les témoignages recueillis, il aurait en effet rejoint « volontairement », à 19 ans, le terrible bataillon 101, un corps expéditionnaire chargé de traquer les opposants noirs au régime sud-africain, jusqu’à la Namibie voisine. Les méthodes employées étaient notoirement criminelles, dépassant largement les limites des actions militaires conventionnelles.
L’équipe qui a mené l’enquête a notamment retrouvé Waal de Waal, un ancien officier du bataillon 101, qui décrit Mike Horn comme « un accro à l’adrénaline ». Un autre compagnon d’armes évoque le fait que « Mike partait à la recherche des traces et faisait le boulot ». On apprend aussi que l’aventurier était surnommé « Banana Mike » en raison d’un pansement qu’il portait à l’emplacement d’une phalange perdue dans des circonstances inexpliquées. Le portrait que dresse le document est édifiant et, pour tout dire, un peu effrayant.
En réponse aux accusations graves qui y sont formulées (on évoque sa participation éventuelle à un massacre perpétré en 1986, en Namibie), Mike Horn, interrogé par la RTS, se défend avec une légèreté confondante. « C’était il y a tellement longtemps… Je dois regarder dans mon agenda… Je ne suis pas sûr d’avoir été présent. » L’aventurier explique ensuite, à propos de son engagement plus général dans l’armée sud-africaine, qu’il « ne cherchait pas à tuer mais à empêcher des mauvais éléments de tuer des gens que j’aime. »
Ligne de défense
Dans une lettre adressée à la production de Temps présent, avant la diffusion du reportage, Mike Horn a précisé sa pensée. Il y nie tout en bloc : sa participation aux massacres évoqués, son patriotisme exacerbé (« Je n’ai fait que remplir mon devoir civique »), sa venue en Suisse pour échapper aux purges post-apartheid… Une ligne de défense jugée insuffisante par une députée socialiste du canton de Vaud qui s’insurge de la notoriété locale de Mike Horn et de son statut de « membre d’honneur » de cette région francophone.
Louis-Paul CLÉMENT
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