Reconnu et même adulé pour ses classiques Sixième sens, Incassable ou Signes à la fin des années 1990-début des années 2000, et rapidement qualifié très jeune de maître du suspense voire de « nouvel Hitchcock », M. Night Shyamalan a connu une suite de carrière plus difficile, avec des échecs à la fois critiques et publics (La jeune fille de l’eau, Phénomènes, After Earth).
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Mais alors qu’Hollywood ne semblait plus trop croire en lui, il a opéré un spectaculaire retour en forme ces dernières années avec des films comme Split, Glass, The Visit, et plus récemment Old, sans oublier la série The Servant. Il s’est confié à franceinfo à Paris dans le cadre de la sortie de son nouveau film, Knock at the cabin, qui nous présente un couple gay et leur petite fille adoptive harcelés chez eux par un quatuor menaçant qui promet une fin du monde imminente.
franceinfo : Knock at the cabin est l’adaptation d’un roman de Paul J. Tremblay. Est-ce que votre imagination travaille différemment selon qu’il s’agisse d’un film écrit par vous-même ou par un autre ?
M. Night Shyamalan : Oui, certainement, je me suis d’ailleurs fait la réflexion sur la série The Servant, dont l’idée originale ne venait pas de moi. Cette petite distance me permettait à la fois une forme de liberté et de « sécurité » avec le texte. Des petites touches sur où irait l’action ou ce que ferait tel ou tel personnage. Dans le cas du film, c’est comme un cyborg, c’est moitié-moitié entre l’auteur et ce que j’en fais ensuite. Et c’est un bon dosage, parce que chacun a son obsession sur quoi faire de l’histoire.
Le film mélange toutes les peurs modernes : tsunami, apocalypse, accidents d’avion et j’en passe. Comme une allégorie de l’humanité qui creuserait sa propre tombe. Êtes-vous si pessimiste ?
Il y a quelque chose de « drôle » dans le fait de représenter à la fois un monde qui va à sa perte, et va mourir, mais aussi des personnages qui dans le film expliquent au couple qu’ils peuvent stopper ça. Mais il faut tuer un membre de votre famille. C’est radical, mais c’est aussi crédible. Et la clé du film, c’est « Est-ce qu’on croit encore à l’humanité ? ». Globalement, je pense que la réponse est non, mais je veux garder quand même un petit espoir. Je ne me considère pas comme pessimiste, mais j’ai peur de beaucoup de choses.
L’histoire est centrée sur un couple de même sexe, ce qui encore aujourd’hui est assez rare dans les films hollywoodiens. C’était déjà le cas dans le livre, mais est-ce que pour vous c’est anecdotique ou il y avait un intérêt à cela dans la narration ?
La meilleure chose à ce sujet, c’est que je n’y ai jamais pensé ! Jamais, je n’ai pensé à ce couple comme étant un couple gay. ll l’était, c’est tout, et voilà. Pour moi, c’est simplement une famille. En termes d’intrigue, c’est très intéressant, parce que l’un des deux personnages va penser qu’ils sont spécifiquement visés par des fondamentalistes en raison de leur orientation sexuelle. Mais pour moi, ce qui est beau avec le film, c’est qu’il ne s’attarde pas sur cet aspect de « couple gay », encore une fois, c’est juste une famille, et une famille qui s’aime. Et quelque chose au sujet de leur histoire d’amour m’a vraiment parlé, touché, et c’est peu dire que j’ai montré beaucoup d’histoires d’amour dans mes films.
Un mot sur Dave Bautista, qui est excellent, et même vraiment étonnant dans le rôle du chef de ces « cavaliers de l’apocalypse » ?
Je l’ai découvert dans Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve, et je ne savais rien de lui avant, de sa carrière de catcheur. Je ne sais même pas d’ailleurs quel était son nom de scène. Mais dans le film, j’ai été scotché par sa présence, son apparition. Il n’avait même pas besoin de parler, son corps disait tout. Et on savait ce qu’il pensait. Un peu comme dans The Dark Knight de Christopher Nolan, le premier plan au début de Heath Ledger en Joker, il est de dos, un masque à la main, avec une posture qui dit tout du personnage et de sa dangerosité. J’ai failli arrêter de respirer dans le cinéma quand j’ai vu cette image ! Et Dave faisait ça dans Blade Runner. Donc quand il a fallu que je trouve mon personnage pour Knock at the cabin : un géant qui sait bien jouer, qui peut apporter cette sensibilité, tout en restant un peu effrayant. J’ai longtemps cherché, mais Dave Bautista s’est rapidement imposé comme choix.
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