Rétablir la confiance et les bases du consentement entre patientes et praticien.ne.s : c’était l’un des maîtres-mots du Congrès Santé Femmes, qui s’est tenu à Lille du 25 au 27 janvier 2023. Lors d’une conférence de presse, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) – appuyé par le Collège national des sages-femmes (CNSF) –  a rendu publiques de nouvelles recommandations pour la pratique clinique (RPC) de l’examen pelvien.

Concrètement, ses membres déconseillent son recours systématique, qu’ils ne jugent pas toujours nécessaire. 

Qu’est-ce qu’un examen pelvien ? 

L’examen pelvien consiste à examiner le système reproducteur féminin lors d’une consultation gynécologique. Il se fait par le toucher vaginal avec ou sans spéculum.

Il est effectué lors d’une consultation et a plusieurs objectifs : vérifier la taille et la position des organes du bassin, dont les ovaires, l’utérus et les trompes de Fallope, le vagin et le col de l’utérus ; aider à trouver la cause d’une douleur ou de saignements ou écoulements anormaux ; vérifier s’il y a des problèmes comme des fibromes utérins ou des kystes ovariens ; vérifier s’il y a des infections, dont les infections transmissibles sexuellement (ITS) ; vérifier la mise en place d’un diaphragme ou d’un dispositif intra-utérin (DIU) comme méthode contraceptive.

Aussi, le/la médecin (ou gynécologue ou sage-femme) doit impérativement demander le consentement de la patiente avant d’effectuer cet examen

Examen pelvien : comment se déroule un toucher vaginal ? 

L’examen pelvien débute par un examen externe avec une osculation de la vulve et de l’ouverture du vagin. L’examen interne peut se faire à l’aide d’un spéculum ou bien, le/la praticien.ne insère un ou deux doigts ganté.s et lubrifié.s à l’intérieur du vagin.   

« Il commence par palper le vagin, ses parois, puis le col de l’utérus, détaille passeportsante.net.  Avec son autre main posée sur le ventre, il va ensuite empaumer l’utérus de l’extérieur. Couplé avec le toucher vaginal, ce palper permet d’apprécier la taille de l’utérus, sa position, sa sensibilité, sa mobilité. Puis de chaque côté, il palpe les ovaires à la recherche d’une éventuelle masse (fibrome, kyste, tumeur). »

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Une systématisation qui n’a pas de sens

Saluant vivement ce parti-pris de ne plus systématiser l’examen pelvien – tardif à son goût – Martin Winckler, ancien gynécologue et militant féministe abonde : « Examiner une femme qui n’a pas de symptôme, ça n’a aucun sens« . Le gynécologue pointe l’ »égo » de certain.e.s spécialistes, qu’il soupçonne de « justifier leur existence » dans le soin. « La majorité des gynécologues restent extrêmement braqués sur l’idée que certaines pratiques puissent être ressenties comme un viol ».

Cet examen peut en effet littéralement terrifier certaines femmes au moment de pousser la porte du cabinet. Les sociétés savantes en sont conscientes et déplorent les retards de diagnostic pouvant en résulter. « Quand vous obligez les gens à faire quelque chose qu’ils ne veulent pas, ils ne vont plus y aller« , renchérit Martin Winckler.

Le collège estime que l’examen clinique reste toutefois « indispensable » pour la pose d’un stérilet, le dépistage du cancer du col de l’utérus, le diagnostic d’une éventuelle endométriose, d’un fibrome ou d’un prolapsus, ou lors de saignements inexpliqués et d’incontinence urinaire, notamment.

S’agissant de la prescription d’une pilule, un examen approfondi n’est pas utile, certifient les gynécologues. De même pour une grossesse : une échographie endovaginale n’est recommandée que si un passif d’’accouchement prématuré est connu, tranche le CNGOF. « Stricto sensu, on pourrait même suivre une femme enceinte sans jamais l’examiner jusqu’à la fin », assure Martin Winckler.

Le spécialiste va plus loin, martelant que la décision d’un examen clinique doit, au bout du compte, appartenir aux femmes. « Le soin est un travail de communication, écouter représente 90% du travail du gynécologue. La femme connait ses symptômes, c’est sa perception qui doit guider l’examen clinique« .

Et de conclure : « Il n’y a qu’aux femmes qu’on oblige à faire passer des examens systématiques qui ne servent à rien ».

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