Carla Bruni est une artiste franco-italienne, auteure, compositrice, interprète et épouse de l’ancien Président de la République, Nicolas Sarkozy. La musique a toujours fait partie de sa vie, mais elle a décidé d’en faire son métier après une carrière dans le mannequinat. En 2001, elle écrivait des chansons pour Julien Clerc sur son album Si j’étais elle, une collaboration devenue amitié et qui perdure depuis. En 2002, Carla Bruni connaît la consécration avec un album qui vient de fêter ses 20 ans : Quelqu’un m’a dit, récompensé à l’époque par deux Victoires de la musique et qui sort en édition collector.
franceinfo : Quelle place occupe cet album dans ce parcours de vie de femme finalement, et de vie d’artiste ?
Carla Bruni : En vérité, ça m’a donné une espèce de confiance et puis c’était un parcours tellement béni. Bon, le succès n’est jamais si intéressant que ça, mais c’est très, très heureux sur le moment. C’est stérile ensuite, on ne fait pas quelque chose du succès, en vérité. On fait beaucoup plus de l’échec, mais ça fait du bien d’avoir du succès, surtout la première fois. Ça donne une espèce de petite confiance, peut-être comme quand on a des parents encourageants, toute la vie. Et donc quand on devient adulte, on prend les coups plus facilement et c’est la même chose, un premier succès, c’est comme avoir des parents très encourageants.
Cet album, il va se vendre à plus de deux millions d’exemplaires en France et à l’étranger. Les ventes et le succès de ce disque vont même sauver une maison de disques. Grande fierté ?
Ça me fait plaisir. C’était une maison de disques merveilleuse qui s’appelait Naïve, qui n’existe plus aujourd’hui et qui était une maison de disque totalement indépendante. Il faut savoir que tout le monde se gondolait gentiment quand j’ai sorti l’album parce que comme j’étais assez connue comme mannequin, même très connue, il y avait une image qui s’entreposait entre ma musique et moi. C’était une image très forte et conséquente, notamment dans les médias, puisque c’était une image médiatique. Et c’est cette idée préconçue, très négative qui a considérablement accrue le succès de cet album. Les gens étaient stupéfaits par le décalage entre leur idée préconçue et par ce qu’ils entendaient. J’imagine que les spécialistes pensaient que c’était une espèce de one-shot d’album de mannequin écrit par quelqu’un d’autre. Et ils se sont rendus compte qu’en fait, j’écrivais tout et que c’était un album absolument pas commercial donc le contraste entre l’album et mon image extrêmement commerciale et glamoureuse de mannequinat, ça a donné ça.
Ce qui va ressortir de cet album surtout, c’est effectivement qu’il va être adopté par ce public et donc on va découvrir cette voix qui est la prolongation de Carla Bruni qu’on entendait pas avant. C’est surtout ça qui est ressorti de cet album, cette voix éraillée, particulière, cette signature vocale. Quelle place occupe cette voix alors dans votre vie ?
Quand j’étais jeune fille et que j’étais mannequin, ma voix était un passeport extraordinaire.
à franceinfo
Ma voix occupe une grande place dans ma vie. Les gens, quand vous êtes une jeune fille et que vous êtes mannequin, pensent que vous parlez avec la voix haut-perchée. Alors quand tu arrives et que tu dis : « Bonjour« , avec une voix basse, cela assoie. Elle m’a beaucoup aidée.
Quand est sorti, Quelqu’un m’a dit, est-ce que vous avez tout de suite compris que vous aviez entre les mains un album qui allait faire écho ?
Vraiment, je pensais que ça allait pas faire écho du tout. Je pensais que j’allais en vendre trois ou quatre, alors j’ai été très heureusement surprise. Il faut voir que l’album a un son vraiment peu commercial, très difficile à passer en radio. Je suis jamais passé en radio comme certains artistes passent en radio toute la journée. Ça ne m’est jamais arrivée de ma vie, avec aucun de mes albums et celui-là non plus. Donc en fait, j’ai compris ce que serait mon travail avec cet album.
‘Quelqu’un m’a dit’ n’est pas un album qui est fait pour réveiller une conscience, pour imposer quelque chose. C’est un album qui est fait pour accompagner l’existence.
à franceinfo
C’est ainsi que les gens l’ont pris et il est rentré dans leur vie. Et j’ai reçu des lettres insensées pour cet album.
Par exemple ?
Beaucoup de choses qui n’avaient rien à voir avec l’album, comme cette femme qui a perdu un nouveau-né qui s’appelait Raphaël. Il avait un jumeau qui lui a survécu mais malheureusement, né prématuré Raphaël n’a pas survécu et elle me racontait que le service de puériculture avait mis la chanson au moment où l’enfant partait. Au départ, c’était une chanson pour mon jules alors c’était assez sidérant de voir qu’elle avait été utilisée pour un moment difficile.
Pour terminer, que vous a apporté la musicale depuis votre enfance jusqu’à aujourd’hui ?
Ah, la musique m’a sauvé la vie. Elle m’a tout apportée. D’abord, c’est mon métier. Ensuite, elle m’apporte un bonheur quotidien. C’est inédit de pouvoir faire un métier comme ça. Ça vaut le coup de ramer, je le dis à tous ceux qui rament, ça vaut de continuer. Parce que qu’est ce qui se passe au moment où vous faites votre métier ? Vous, par exemple Élodie, vous avez un métier merveilleux, mais ce n’est pas donné à tout le monde. Je veux dire qu’il y a des métiers qui sont fastidieux, très fastidieux. Eh bien, la musique, jamais !
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