Célèbre et plébiscitée dans le monde entier pour ses pouvoirs canalisants et anti-stress, la méditation ne s’adresserait pourtant pas à tout le monde.
Outre celles et ceux qui n’arrivent pas à suffisamment se concentrer, d’autres n’y trouvent aucun apaisement quand ce n’est pas leur mal-être psychique qui s’aggrave.
Dépression, anxiété chronique, moments de vie difficiles ou simple inadéquation avec sa personnalité : une majorité d’individus n’adhèrent en réalité pas à cette méthode trop souvent portée aux nues. Mais heureusement, d’autres techniques de relaxation existent pour atténuer ses maux et permettre d’atteindre un état de plénitude.
La méditation dépend du moment présent et demande un repli sur soi
“Il n’existe pas d’approche qui puisse résoudre tous les problèmes chez tout le monde”, commence d’emblée Nathalie Rapoport Hubschman, médecin psychothérapeute, spécialisée en médecine corps-esprit. En effet, alors que la méditation est vantée pour soulager les maux de l’esprit, comme le stress et l’anxiété, “son objectif n’est pas que détendre mais aussi de faire un travail sur soi-même”, détaille-t-elle. Ainsi, certaines personnes peuvent réagir négativement à ce questionnement intérieur.
Et « c’est aussi parce que la méditation est un processus exigeant, qu’elle peut entraîner, ou faire remonter, chez certains des sensations ou des émotions pénibles et déstabilisantes” précise l’experte. Sans oublier que ce processus de conscientisation de notre environnement et de nos émotions peu s’avérer encore plus compliqué à gérer lors “d’un mauvais timing”, précise Nathalie Rapoport Hubschman, comme lors d’une séparation amoureuse, d’un changement d’emploi ou d’une période particulièrement stressante
Dépression, anxiété chronique : la méditation n’est pas toujours conseillée
Quand elle est pratiquée par une personne non réceptive ou dans une passe difficile, la méditation peut même abîmer notre santé mentale.
Une étude, publiée en août 2020 dans Acta Psychiatrica Scandinavica, s’était penchée sur les effets indésirables survenus à la suite d’une séance de méditation. En effet, les chercheurs avaient noté “que l’apparition d’événements indésirables pendant ou après les pratiques de méditation n’est pas rare et peut survenir chez des personnes sans antécédents de problèmes de santé mentale”. Certains publics avaient vu leurs symptômes de dépression ou d’anxiété s’accentuer.
“Pour la plupart des gens, cela fonctionne bien, mais cela a sans aucun doute été surmédiatisé et ce n’est pas universellement bienveillant”, avait expliqué Miguel Farias, l’un des chercheurs à l’origine du travail, comme le relayait NewScientist. Ainsi, environ 8% des personnes analysées dans les 55 études avaient éprouvé un effet désagréable après avoir médité. “C’est comme un retour de bâton à la tentative de contrôler l’esprit, et cela entraîne un épisode d’anxiété ou de dépression”, alertait, Katie Sparks, psychologue, au média.
Des risques psychologiques observés également par le psychanalyste Sean Grover, qui a listé sur Psychology Todayles personnes pouvant connaître des difficultés avec la méditation, à savoir : les personnes souffrant de troubles anxieux, les personnes souffrant de dépression chronique, les personnes ayant vécu un traumatisme, les personnes qui font face à des épisodes psychotiques ou encore celles et ceux qui sont d’une addiction, la méditation pouvant « augmenter les envies et les pensées de consommation de drogues ou d’alcool », explique-t-il.
Ne pas « réussir » à méditer : entre un sentiment d’échec et de culpabilité
“Il y a un discours tellement univoque autour de la méditation qu’il crée à la fois plus de stress et d’anxiété chez les personnes qui n’y arrivent pas. Elles se sentent coupables de ne pas ressentir les bienfaits d’une pratique censée faire du bien à tout le monde”, se désole Nathalie Rapoport Hubschman.
Et c’est ce qu’a ressenti par exemple Garance, lors de son voyage au Népal : “quand j’étais pendant quatre semaines au Népal dans une famille avec un père bouddhiste, on méditait souvent. Et ça ne marchait simplement pas sur moi”, se désole la jeune femme. Frustrée, Garance ne comprend pas pourquoi « elle n’y arrive pas”.
Comme elle, régulièrement de nombreux internautes se plaignent de ne pas « réussir » là où d’autres semblent trouver le graal du mieux-être. « J‘essaie la méditation pour réduire le stress. Impossible pour moi de rester immobile. Résultat : ça m’angoisse encore plus », tweetait par exemple une internaute en janvier 2022.
Trouver sa façon à soi d’atteindre la pleine conscience
Heureusement, la méditation – et notamment celle qui consiste à s’asseoir en tailleur les yeux fermés en prononçant le fameux ‘om’ – n’est pas une fin en soi. “Tout le monde peut trouver une forme de pratique de pleine conscience qui lui correspond”, rassure la psychothérapeute.
En effet, la journalisation, certaines techniques de respiration, la marche ou même le coloriage ou la peinture peuvent s’avérer être d’excellentes stratégies pour réduire son stress et son anxiété au quotidien tout en atteignant un état de paix intérieure : “parce qu’il existe de nombreuses façons d’être conscient, la bonne nouvelle est que vous avez toutes ces différentes options pour trouver celle qui vous convient”, rassurait Travis Westbrook, psychologue clinicien de l’Ohio State University à Verywellmind.
Ainsi, « il est temps d’avoir une vision plus nuancée de la pratique méditative”, ajoute Nathalie Rapoport Hubschman. Finalement, ce n’est pas parce que la méditation ne vous convient pas, ou que la période n’est pas adéquate, qu’il faut abandonner l’idée de se recentrer sur soi : “si vous avez l’impression que la pleine conscience ne fonctionne pas, il est possible que vous deviez changer votre compréhension de ce qu’est pour vous la pleine conscience », concluait Mélissa Steginus, coach et spécialiste du bien-être, à Verywellmind.
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