Givenchy, indéniable évocation du chic à la française, doit son existence au fondateur du même nom : Hubert de Givenchy. En près de 40 ans passés au sein de sa maison éponyme, ce grand homme tant par la taille que par le génie artistique a su imposé son style.
Le 12 mars 2018, sa famille annonce sa disparition, survenue deux jours plus tôt, à travers un communiqué. Lumière sur l’histoire de monsieur Hubert de Givenchy.
Hubert de Givenchy, ses débuts dans la mode
Issu d’une famille purement aristocratique, Hubert James Taffin de Givenchy, fils du marquis Lucien Taffin de Givenchy et de Béatrice de Givenchy, est né le 20 février 1927 à Beauvais. Très tôt, il se passionne pour les étoffes, dévore les magazines de mode et voue un véritable culte au créateur Cristóbal Balenciaga pour qui il rêve de travailler.
Décidé à devenir couturier, et ce malgré les réticences de sa mère qui le prédestinait à une carrière juridique, le jeune homme, alors âgé de 17 ans, quitte son Beauvais natal pour s’installer à Paris en 1945.
Naturellement, son ambition se porte sur la maison Balenciaga, mais, faute d’y obtenir un entretien, l’apprenti couturier fait ses débuts chez Jacques Fath en qualité d’assistant. Comme le salaire versé par Fath est dérisoire, il décide, sur les conseils du célèbre illustrateur Christian Bérard, d’intégrer la maison Robert Piguet. Et, l’année suivante, il choisit de parfaire son apprentissage stylistique chez Lucien Lelong.
Mais ce n’est qu’en 1947, lorsque l’effrontée Elsa Schiaparelli le nomme directeur artistique de sa boutique flagship située place Vendôme, qu’il élabore réellement les prémices de son style.
Hubert de Givenchy, le luxe à l’état pur
Après quatre ans de collaboration, Hubert de Givenchy quitte Schiaparelli pour fonder sa propre maison. Il n’a alors que 24 ans. Avec ses yeux clairs et son élégance innée, l’homme est l’incarnation même du dandysme parisien. Si bien que sa première collection « Les Séparables », présentée en 1952 au 8, rue Alfred-de-Vigny, retrace à merveille les traits de sa personnalité.
Lignes sinueuses, souples et racées forment, sous son crayon, des jupes légères et des blouses, dites « Bettina », à manches bouffantes, idéales pour envelopper le corps sans trop serrer la taille. Le chic, dans toute sa simplicité.
Précurseur du mouvement « casual-chic », ce mondain de la couture pressent le besoin d’un luxe plus accessible. Dès lors, il lance sa ligne de prêt-à-porter haut de gamme intitulée Givenchy Université en 1953.
Hubert de Givenchy, disciple de Cristóbal Balenciaga
Sa rencontre avec Cristóbal Balenciaga, en 1953, est déterminante. Devenu son ami et mentor, l’illustre couturier espagnol lui rend visite quotidiennement afin de comparer leurs esquisses, allant même jusqu’à exercer des critiques qui se veulent constructives. C’est également sur ses conseils que le disciple, Hubert de Givenchy, développe les licences, notamment dans la parfumerie : « Cela assurera votre retraite » lui dira-t-il.
En 1958, il lance son parfum L’interdit, dédié à sa muse Audrey Hepburn. Elle devient alors la toute première célébrité à poser pour une campagne publicitaire, et sans doute la dernière à le faire gracieusement, uniquement par amitié.
Dans les années 70, il continue sur cette lancée en se diversifiant d’avantage : chaussures, bijoux, cravates, linges de table, tissus d’ameublement, kimonos … Et ira même jusqu’à sortir une voiture : la Ford Mark.
Hubert de Givenchy, le favori de ces dames
Outre son statut de couturier, Hubert de Givenchy était aussi l’ami et le confident de ses plus fidèles clientes. Lui qui habillait les élégantes les plus en vue de l’époque – allant de Jackie Kennedy à la princesse Grace de Monaco en passant par les actrices Marlene Dietrich et Elisabeth Taylor – connaissait aussi bien leurs habitudes que leurs demeures où il était constamment invité.
Pourtant, aucune de ces relations sincèrement amicales ne parviendra à égaler l’affection qu’il portait à sa muse Audrey Hepburn. Fervente admiratrice de son travail, la comédienne s’improvise ambassadrice de la marque en portant ses créations à la ville comme à l’écran (Sabrina, Breakfast at Tiffany’s et Drôle de frimousse). Associés dans une gloire mutuelle, Audrey Hepburn et le marquis de Givenchy ne se sépareront plus, et ce jusqu’à la mort de cette dernière en 1993.
Après 43 ans de création, dont près de 40 ans au sein de sa propre maison, Hubert de Givenchy se retire de la scène mode en 1995.
En 2018, un communiqué rédigé par sa famille et transmis à l’AFP nous apprend la disparition de l’inoubliable couturier : « Monsieur de Givenchy s’est éteint dans son sommeil le samedi 10 mars 2018. » Il avait 91 ans.
De lui, on gardera le chic évident, les silhouettes affinées et une simplicité revenue à un état de grâce : les robes en jersey, les tailleurs en laine et les ensembles qui sculptent le corps sans jamais l’alourdir. Une balance entre le pur classicisme à la française et l’audace de la modernité.
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