Les hommages se multiplient après la mort de Lisa Marie Presley, jeudi 12 janvier, à l’âge de 54 ans. La fille unique du roi du rock’n roll a succombé à une crise cardiaque… comme son père en 1977. A l’époque, les regards se sont tournés vers le médecin personnel du King présenté comme le coupable idéal.

Elvis Presley n’avait qu’une fille. Lisa Marie Presley s’est éteinte brutalement, jeudi 12 janvier, à l’âge de 54 ans. « C’est avec le cœur lourd que je dois partager la nouvelle dévastatrice : ma chère fille Lisa Marie nous a quittés. Elle était la femme la plus passionnée, forte et aimante que je connaisse » a déclaré sa mère, Priscilla Presley, dans un communiqué. La chanteuse, connue pour ses relations médiatisées avec Michael Jackson et Nicolas Cage, laisse derrière elle quatre enfants nés de deux autres unions. Un nouveau drame familial pour la famille Presley qui survient près de 50 ans après la disparition du King décédé, lui aussi, d’une crise cardiaque. C’est ce que dit la version officielle mais, en 1977, sa mort a soulevé des interrogations. Son médecin personnel George C. Nichopoulos a été pointé du doigt. Aurais t-il tué Elvis à force de pilules et de prescriptions ? Il a passé sa vie à s’en défendre.

« Dr Nick » menacé de mort

Le match de football américain bat son plein. Assis dans les tribunes avec un ami lui aussi médecin, le docteur George C. Nichopoulos regarde voler le ballon de main en main sur la pelouse du stade Liberty Bowl Memorial de Memphis, où joue l’équipe locale des Tigers. L’enceinte est pleine à craquer, ça sent la bière et le hot-dog comme tous les samedis soir dans ce coin du Tennessee. Soudain, son collègue assis juste derrière lui s’effondre, sa chemise est tâchée de sang. Stupéfaits, les agents du stade s’aperçoivent qu’il a été touché d’une balle à l’épaule sans que personne, dans le brouhaha, n’entende de détonation. La police arrive, le tireur est introuvable. Après enquête, les forces de l’ordre évoquent un accident, une balle perdue tirée d’on ne sait où. George C. Nichopoulos, qui reçoit depuis des mois des menaces de mort, est persuadé qu’il en était la cible. Des officiers s’installent tout de même chez lui pendant trois semaines, au cas où…

En ce mois de septembre 1979, George Constantine Nichopoulos, alias Dr Nick, est en effet l’homme à abattre pour des millions de fans éplorés, inconsolables de la mort d’Elvis Presley deux ans plus tôt. La presse, qui le surnomme désormais ironiquement Dr Feelgood (« Docteur Je me sens bien », en version française), est déchaînée. Les révélations sur les circonstances du décès de l’idole s’enchaînent et l’ordre des médecins du Tennessee commence à s’intéresser à son cas. Dans l’inconscient collectif, il est l’homme qui a tué Elvis, ce qu’il nie et niera toute sa vie.

Elvis accro aux amphétamines et aux somnifères

Un peu plus de dix ans plus tôt, en 1967, alors qu’il tient un cabinet à Memphis, Elvis le consulte la première fois pour des problèmes d’insomnie. Le rocker lui explique qu’il ne dort jamais plus de trois heures d’affilée, qu’il a le sommeil cauchemardeux. Surtout depuis la disparition de sa mère adorée Gladys, en 1958. Le médecin, qui sait écouter, entend la star lui raconter cette femme qui l’avait toujours soutenu mais qui se désolait à la fin de sa vie de voir son fils lui échapper. Confortablement installée dans la propriété de Graceland où elle se sentait pourtant enfermée, sa maman est morte d’ennui et de trop de vodka. « Tout ce que j’ai fait, c’était pour elle ! », sanglote Elvis. Il lui raconte aussi les funérailles lors desquelles il s’est effondré sur le cercueil ouvert. Il se sent seul face au chagrin. Terriblement seul. Effaré, le médecin découvre un homme inconsolable accro aux amphétamines et aux somnifères, à la fois pour garder la ligne, tenir le choc des tournages et des tournées, et surtout, trouver un repos artificiel et éphémère. Le Dr Nick expliquera plus tard* : « Le problème d’Elvis, c’est qu’il ne voyait pas de mal à obtenir d’un médecin toutes ces drogues. Il ne se figurait pas du tout en junkie qui va chercher sa dose dans la rue. Il considérait simplement qu’en matière de médicaments, il y avait quelque chose pour tout. »

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Divorce, overdose… La descente aux enfers

Au début, Elvis ne se rend qu’épisodiquement chez le Dr Nick. Parfois, ce dernier reçoit un coup de fil tard dans la nuit. Presley lui demande de passer le voir dans sa propriété de Graceland, juste pour discuter. Il parle alors de sa mère Gladys, encore, mais aussi de religion, son autre passion. Le médecin écoute, ne dit rien, ne lui demande rien. Elvis apprécie. Leur relation prend une autre dimension en 1969 lorsque l’icône commence ses séries de concerts à Las Vegas. Avec deux spectacles par soir, le chanteur doit être au top de sa forme. Il intensifie alors son régime de remontants avant les shows, et de calmants en sortant de scène. Le colonel Parker, son manager, décide alors que le Dr Nick prendra lui aussi régulièrement résidence à Las Vegas. Sa mission ? Canaliser les addictions du King et surtout, selon lui, éviter l’intervention d’autres médecins traînant dans l’entourage sulfureux de la star désigné comme la Memphis Mafia. A l’image du Dr Thomas « Flash » Newman, ainsi surnommé à cause de sa propension à faire se matérialiser à tout moment n’importe quelle substance. Il n’empêche, Presley n’en fait qu’à sa guise lorsque George Nichopoulos lui tient tête : « Il se fâchait et montait dans son avion pour s’envoler vers la Californie, où il obtenait ce qu’il voulait. Et je devais jeter tout ça à la poubelle quand il rentrait. »

Quant à Priscilla Presley, son épouse, elle est partie en 1972 avec leur fille Lisa Marie sous le bras. Elle est lassée des infidélités d’un Elvis le plus souvent égaré dans un brouillard chimique, complètement paranoïaque. A tel point qu’en 1973, l’année de leur divorce, il envisage très sérieusement, avant d’y renoncer, de faire assassiner le professeur de karaté de Priscilla qu’il soupçonne à raison d’être son amant. Elvis dérive, et ce n’est qu’un début. La même année, catastrophe : le chanteur fait deux overdoses de barbituriques, annule des concerts, des shows télé.

Des barils de pilules planqués dans les coutures des rideaux

Profitant de l’un de ces séjours à l’hôpital, le Dr Nick fait une descente dans la chambre d’Elvis à Graceland. Il y trouve des barils de pilules, et même des flacons planqués dans les coutures des rideaux. Le médecin décide alors d’éviter ces abus. A sa façon : « Avec les gars de la bande, nous fabriquions des placebos en aspirant avec des seringues le liquide des capsules pour les remplir de solution saline. » Régulièrement, Elvis exige une injection dont il n’a nul besoin. Le docteur fait alors gicler en douce le liquide sur le sol, puis le pique. Il va même jusqu’à convaincre les fabricants de l’analgésique préféré d’Elvis de fabriquer un lot spécial de mille pilules sans ingrédient actif ! Au fil de tournées de plus en plus chaotiques au travers des Etats-Unis, il se promène avec trois valises pleines de cachets, verrouillées avec soin. Rien n’y fait. Elvis ne cesse d’augmenter sa consommation d’opiacés, de somnifères et d’antidouleurs, jusqu’à sa mort d’une crise cardiaque le 16 août 1977, à l’âge de 42 ans. Il souffre alors d’un glaucome, d’hypertension artérielle, de lésions hépatiques et d’une hypertrophie du côlon. Autant de maux aggravés, sinon provoqués, par l’abus de drogues. Ce soir-là, George C. Nichopoulos n’a pu que sauter dans l’ambulance qui emmenait le corps sans vie à l’hôpital. Il sera de ceux qui ont porté le cercueil blanc immaculé, lors des funérailles.

Près de 200 ordonnances au nom d’Elvis

Aux yeux du grand public, le praticien devient peu à peu le coupable idéal, alors que les autorités médicales révèlent qu’au cours des seuls huit premiers mois de 1977, il a rédigé 199 ordonnances au nom d’Elvis totalisant plus de 10 000 doses de sédatifs, d’amphétamines et de stupéfiants. Il ne coupe pas à un procès, en 1980, retransmis pendant un mois avec grand bruit à la télévision américaine. Si le médecin admet devant la cour avoir « surprescrit », le jury conclut malgré tout qu’il avait tenté d’agir « dans le meilleur intérêt de son patient ». Il s’en sort bien, même si on lui retire, après diverses procédures, sa licence en 1995. Et lorsqu’on lui demande pourquoi, à son avis, il n’a plus le droit d’exercer, il répond à chaque fois, fataliste : « Ça doit être parce qu’Elvis est mort ! » Comme si, dans le fond, il considère avoir payé pour tout le monde, à la place de ceux qui avaient trop souvent profité de la prodigalité comme des faiblesses du King.

Le toubib personnel d’Elvis est passé de vie à trépas en février 2016, à Memphis. A 88 ans, il habitait toujours dans la maison que lui avait offerte Presley. Pour subsister, il a vendu ses souvenirs aux enchères, a participé à une exposition itinérante où il exhibait son sac de médecin personnel du King, puis accompagné en tournée le pianiste Jerry Lee Lewis, surnommé, lui, The Killer. Un autre toxicomane notoire, qui appréciait lui aussi les services de ce médecin, spécialisé dans le traitement des grands déglingués du rock’n’roll.

* Les citations sont extraites de l’article « Doctor Feelgood » paru dans le quotidien britannique The Guardian.

Article à retrouver dans le magazine Gala numéro 1521 paru le 4 août 2022

Crédits photos : WALTER / BESTIMAGE

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Lisa Marie Presley : qui sont les hommes de sa vie ?

Lisa Marie Presley et Danny Keough sont devenus parents pour la première fois en 1989. Danny Riley, plus connue surtout sous le nom de Riley, est venue contribuée à leur bonheur. Désormais âgé de 33 ans, Riley Keough a bien grandi et a de multiples cordes à son arc du côté professionnel : elle est désormais une actrice, réalisatrice et mannequin américaine très connue.

Lisa Marie Presley a été mariée avec Danny Keough, de 1988 à 1994. Cette photo montre les deux ex-amoureux, tout sourire, en tenue de mariés. Elle brandit dans sa main le bouquet de la mariée tandis que Danny Keough expose fièrement la jarretière de Lisa Marie Presley. Ils ont divorcé en République dominicaine le 6 mai 1994.

Lisa Marie Presley a connu les joies de la maternité pour la première fois en 1989. Elle a donné naissance à Danielle Riley Keough, ici vêtue d’un ensemble bleu dans les bras de sa mère. Par la suite, Danielle Riley Keough va progressivement s’émanciper de ses parents pour finalement côtoyer des stars au cinéma : Kristen Stewart dans The Runaways ou encore Orlando Bloom dans The good doctor.

Leur second enfant, Benjamin, est venu agrandir la famille le 21 octobre 1992. Lisa Marie Presley et Danny Keough ont dû faire face à un terrible drame en 2020. Leur fils Benjamin est mort à seulement 27 ans, des suites d’un suicide par balle. Il luttait depuis plusieurs années contre une dépression et des addictions. Il a été inhumé à Memphis, dans une résidence qui a autrefois appartenu à Elvis Presley.

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