Cette semaine, Chloé Thibaud a pris des risques : elle a rencontré un masculiniste. Retour sur l’échange entre la journaliste et Raffaello B.
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LE KAWA #4 C’est quoi “un mascu“ ? Des membres de mon entourage m’ont récemment posé cette question. En tant que femme, féministe, j’ai mon avis et je réponds en privé à qui m’interroge sur le sujet. En tant que journaliste, j’ai voulu approfondir ma connaissance de ce mouvement. Les masculinistes, j’en entends beaucoup parler. Je vois leurs commentaires sous de nombreuses publications Instagram et je remarque leurs croisades virtuelles menées à coups d’émojis “médaille“ ou “clown“. Mais je n’ai jamais pris le temps de discuter avec l’un d’entre eux. Alors, il y a quelques semaines, j’ai visité et lu le contenu de plusieurs sites spécialisés. J’ai envoyé des demandes d’interview à une dizaine de “mascus“ revendiqués, et… j’ai reçu peu de réponses. Aucune des personnes que j’ai “lancées“ (#jargonprofessionnel) n’a accepté de me rencontrer. J’ai décidé de tenter l’aventure avec Raffaello B., fondateur du site “Les Trois Étendards“, qui a bien voulu que nous échangions par écrit. Il est “trentenaire“, “ne souhaite pas communiquer sur sa profession“ et a “créé ce site pour partager ses recherches, ses réflexions et ses études dans le domaine du masculinisme“. Du café, j’en ai donc bu beaucoup, mais seule devant mon écran d’ordinateur.
Les ancien·ne·s étudiant·e·s en journalisme se rappelleront peut-être l’un des tests “clichés“ que les jurés nous font passer lors des concours d’entrée en école : “Si nous vous demandions d’aller interviewer Marine Le Pen, là maintenant, que feriez-vous ?“ La réponse attendue : “J’irais et je lui tendrais mon micro.“ Oui, même si vous combattez absolument ses idées. Être journaliste, c’est savoir donner la parole à des personnes qui sont parfois à l’opposé de qui vous êtes vous-même, parce que vous pensez que ce qu’ils ou elles ont à dire a un intérêt informatif. À travers l’épisode d’aujourd’hui, j’ai voulu vous permettre de lire ce qu’un masculiniste fervent a dans la tête. Je ne vous mets pas de “trigger warning“ mais je précise qu’il s’agit d’une interview qu’il m’a été difficile de mener sans chercher à argumenter et à contredire sans cesse mon interlocuteur. Ce qui m’a convaincue de sa nécessité ? Cette citation du général chinois Sun Tzu : “Qui connaît son ennemi comme il se connaît, en cent combats ne sera point défait“.
Bonjour Raffaello, pour commencer, pouvez-vous me donner votre définition du masculinisme ?
Raffaello B. : Cette question est toujours extrêmement drôle et nous fait bien rire dans l’Androsphère ! Le fait de demander “ma“ définition du masculinisme suppose que chacun peut avoir “sa“ définition du masculinisme, comme s’il s’agissait de quelque chose de subjectif. Vous viendrait-il à l’idée d’avoir “votre“ définition de ce qu’est la botanique ou la minéralogie ? Comme si chacun possédait sa propre interprétation de ce que sont les végétaux ou les minéraux. Je reconnais que le terme “masculinisme“ prête à confusion car il se termine par le suffixe -isme. Toutefois, le masculinisme n’est pas une idéologie, mais une praxéologie qui se donne pour objet l’analyse de la condition masculine et des interactions hommes/femmes du point de vue béhavioriste et du point de vue de la psychologie évolutionniste. À l’opposé du féminisme, qui est une idéologie au sens propre et qui repose sur un ensemble de croyances instaurant une vision du monde particulière, le masculinisme repose sur des fondements scientifiques. Par ailleurs, le masculinisme puise également ses sources dans des domaines aussi variés que les sciences juridiques, les sciences économiques, les sciences sociales, la biologie, l’histoire, la philosophie, l’anthropologie, la psychologie, etc…
Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer que le féminisme “repose sur un ensemble de croyances“ ? Le féminisme aussi puise ses sources dans les sciences juridiques, économiques, sociales, politiques, dans l’histoire, la philosophie… Et les résultats obtenus par des études professionnelles menées sur les inégalités entre les hommes et les femmes ne résultent pas de croyances.
Eh bien, dès son origine, le féminisme a été fondé sur une croyance, une vision du monde particulière : l’idée selon laquelle, tout au long de l’histoire de la race humaine, les femmes ont été opprimées par les hommes. À partir de cette idée (fausse, au demeurant), le féminisme s’est construit sur un argument circulaire. Ainsi, la conclusion résulte des arguments eux-mêmes basés sur la conclusion : la domination masculine repose sur l’existence du patriarcat, qui permet l’établissement par les hommes de leur domination, laquelle engendre le patriarcat, qui instaure une domination masculine, qui entretient le patriarcat, et ainsi de suite… Comme vous le faites si bien remarquer, le féminisme puise ses sources dans “les sciences juridiques, économiques, sociales, l’histoire, la philosophie“, c’est-à-dire uniquement dans les sciences “humaines“. Il est assez drôle de constater que le féminisme ne puise jamais ses sources dans les sciences “dures“ : la biologie, la morphologie, l’anatomie, la génétique… C’est comme s’il existait quelque chose dans ces sciences qui viendrait contredire le féminisme… C’est assez étrange. Le masculinisme, en revanche, puise ses sources partout, y compris (et surtout !) dans les sciences objectives et mesurables, et non dans les “sciences“ subjectives infestées d’idéologues.
Vous avez employé plusieurs fois le terme “patriarcat“. Quel est votre avis sur cette forme d’organisation sociétale ?
Le patriarcat, c’est la civilisation ; et le matriarcat, c’est la barbarie. Mon explication est la suivante : de nombreuses études anthropologiques des tribus primitives et les découvertes de statues comme la Vénus de Willendorf montrent que l’Europe était matriarcale vers -1600. Cette culture matriarcale était matrilinéaire, sédentaire, égalitaire et pacifique. Cela contrastait fortement avec la culture proto-indo-européenne ultérieure, patriarcale et orientée vers la guerre, qui allait remplacer l’ancienne déesse mère par un nouveau dieu masculin de la guerre. Contrairement à ce que l’on pense en premier lieu, une structure matriarcale ne conduit pas à une société libre. En réalité, la tâche d’une civilisation matriarcale consiste à dégrader et à “apprivoiser“ la pulsion des jeunes hommes. Le problème social, dans les tribus primitives comme dans la plupart des sociétés féministes modernes, est le suivant : comment briser les jeunes hommes, leur instinct sexuel, de toutes les manières, pour le bien de la tribu ? Moi, j’affirme que le remplacement de l’ancienne structure matriarcale par la structure patriarcale a libéré l’élan des jeunes hommes et nous a fait atteindre des formes supérieures d’idéaux et de société. Parmi les grandes cultures eurasiennes passées et présentes qui ont adopté des formes strictes de patriarcat, on trouve les Indo-Aryens, les Perses, les Chinois, les Grecs, les Romains, les Arabes, les Turcs et les Russes. Bref, si nous laissons l’Histoire nous guider, c’est très clair : le patriarcat est la seule forme structurelle de hiérarchie suffisamment forte pour soutenir la Civilisation (avec un grand C) à tous les niveaux (social, culturel, politique, etc.). Il n’existe pas de Civilisations là où il n’y a pas de Patriarcat.
Je me permets ici de rappeler que le féminisme est la défense de et la lutte pour l’égalité – juridique, économique, sociale, politique, culturelle, sexuelle – entre les hommes et les femmes. Cette définition prévaut chez la grande majorité des personnes qui se définissent féministes, ce qui signifie qu’il n’est en aucun cas question de “briser les jeunes hommes“ ou de vouloir que le matriarcat remplace le patriarcat, mais de revendiquer l’égalité entre toutes et tous.
En quelques générations seulement, les peuples de l’Occident ont été témoins des effets néfastes des luttes féministes anti-patriarcales, à savoir la féminisation forcée, dans pratiquement tous les aspects de leur existence collective. Dans l’éducation, la politique, les affaires, la culture, l’art, et l’armée. Sur tous les fronts, les hommes occidentaux sont transformés en “accusés d’office“, au point qu’ils doivent continuellement se sentir coupables et s’excuser d’être des hommes. Il va sans dire que cette féminisation forcée a infligé un énorme préjudice mental, émotionnel et culturel à l’ensemble de la population occidentale – tant aux hommes qu’aux femmes. Le féminisme nous ramène à l’ancienne structure matriarcale des temps anciens. Les jeunes hommes doivent être apprivoisés, leurs pulsions naturelles régulées et les idéaux qui définissaient autrefois la civilisation européenne sont dégradés et diminués. Tout cela donne des hommes efféminés, faibles, émotionnels et tyranniques, à l’exemple d’un Emmanuel Macron et de son “totalitarisme-soft“ inscrit dans l’État démocratique libéral moderne : confinements, couvre-feu, “pass sanitaire“, et autres restrictions de liberté du même genre. Face à cela, les masculinistes sont les fervents défenseurs du Patriarcat, et exhortent tous les hommes à préserver l’étincelle de vitalité, de liberté et d’énergie qui risque de plus en plus de s’éteindre dans notre société moderne.
Vous évoquez des “hommes efféminés, faibles, émotionnels et tyranniques“ : les émotions sont-elles le signe d’une faiblesse ? La faiblesse serait-elle un “état féminin“ et la force un “état masculin“ ? Et qu’est-ce qu’un “homme efféminé“ ? Vos propos me paraissent non seulement sexistes mais aussi homophobes.
Les émotions ne sont jamais le signe d’une faiblesse, et à ce titre, la faiblesse n’est pas plus féminine qu’elle n’est masculine. Ressentir des émotions (positives ou négatives) est parfaitement sain et naturel. En revanche, la manifestation des émotions, c’est quelque chose de culturel. Dans toute société, à toutes les époques, et dans tous les pays, il était convenable de manifester certaines émotions (réelles ou feintes) et d’en cacher d’autres, et les conventions sociales ont varié à travers le temps et l’espace. Dans tous les cas, il apparaît préférable pour les hommes de ne pas manifester leurs émotions – du moins, pas toutes, et pas à tout le monde – car c’est justement cela, la masculinité : une certaine forme de retenue.
Dans ce que vous me décrivez, je comprends qu’il est important pour vous que les hommes, et les hommes seulement, bénéficient de conditions justes pour vivre. Vous précisez que “Les peuples de l’Occident ont été témoins des effets néfastes des luttes féministes anti-patriarcales“ en insistant sur une prétendue “féminisation forcée“, mais depuis des milliers d’années, n’avons-nous pas été témoins des effets néfastes du patriarcat ? J’enfonce une porte ouverte mais des guerres sont menées partout sur la planète, par des hommes qui tuent des civils, des enfants, violent des femmes… “Le féminisme n’a jamais tué personne“, disait la journaliste et militante Benoîte Groult.
Il a existé des cultures matriarcales, que je juge inférieures aux cultures patriarcales. Il ne faut pas en conclure que je revendique le bien-être, la liberté ou la justice uniquement pour les hommes. La réalité est qu’une culture matriarcale bénéficie seulement aux femmes… tandis qu’une culture patriarcale bénéficie aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Il est donc naturellement préférable de s’organiser de manière patriarcale pour le bien-être de tout le monde. En effet, la supériorité du patriarcat provient de ce que celui-ci offre une structure faisant en sorte que l’instinct sexuel puisse être canalisé par la société, laquelle a opté pour le mariage afin de rediriger ces pulsions vers des objectifs plus grands, plus nobles, plus élevés. Le processus par lequel une société redirige et canalise la pulsion sexuelle des citoyens qui la compose est fondamental. J’irai même jusqu’à affirmer que la société elle-même n’est que la structure par laquelle s’organise la sexualité humaine.
“Canalise la pulsion sexuelle des citoyens“ ? En France, une femme est violée toutes les sept minutes… Le patriarcat est très loin de bénéficier aux femmes et de garantir leur “bien-être“.
Vous êtes en désaccord avec moi lorsque je dénonce les “effets néfastes“ des luttes féministes, mais que puis-je dire d’autre ? Une partie de la gauche a malheureusement réussi à convaincre des générations de femmes que les normes traditionnelles concernant la sexualité et le mariage étaient des normes arbitraires et dépourvues de sens qui existaient dans le seul but de maintenir l’autorité dite “patriarcale“ des hommes sur les femmes. Il s’agissait de détourner les femmes du mariage et de la famille. Or, la famille est la cellule de base de la civilisation. Et une famille doit reposer sur l’homme, le mari, le père. Lorsque les pères sont présents et forts, c’est-à-dire lorsqu’ils incarnent pleinement leurs rôles sexuels et leurs qualités viriles (la force, le courage, l’honneur, la compétence), ils combinent à la fois l’autorité ferme, fruit de la maturité et de l’expérience, et la douceur de l’amour qui permet aux garçons de devenir des hommes forts et sûrs d’eux-mêmes. Remplacer la puissance paternelle par “l’autorité parentale“, c’est empêcher les pères d’exercer une influence spécifiquement masculine sur leurs enfants. Incapables de transmettre des valeurs viriles à leurs fils, les pères ne peuvent exercer leurs rôles spécifiques, qui ne peuvent être transmis par une femme seule. Les garçons grandissent dominés par leurs mères et leur vie d’adulte est le reflet de ce manque, de cette absence. Vous obtenez alors des hommes obsédés par la mode, les vêtements, les réseaux sociaux, les “discriminations“, les “inégalités de genre“, et incapables de gérer leur propre agressivité alimentée par la testostérone, en un mot, des hommes faibles, des hommes efféminés. Ils grandissent et deviennent des hommes sans aucun sens de la masculinité. La paternité n’est pas un concept à prendre à la légère, dans aucun sens du terme, génétique ou juridique. La paternité est la pierre angulaire de la masculinité dans une société saine. Les conséquences délétères qui résultent de l’affaiblissement de la paternité ne peuvent pas être sous-estimées. La paternité, et donc le patriarcat, est tout simplement le fondement de la société. Toute société qui accepte ouvertement d’élever des enfants sans l’influence spécifique d’un homme est une société dévirilisée.
On peut lire ceci dans l’à-propos de votre site : “Afin de comprendre l’ensemble des rapports hommes/femmes, l’approche ‘déconstructionniste’, typique du ‘politiquement correct’ pédo-LGBT judéo-marxiste féministe, doit être annihilée.“ En quoi consisterait cette “approche“ que vous souhaitez “annihiler“ ?
Les “déconstructionnistes“ ont empoisonné la société avec plusieurs dogmes tous plus faux les uns que les autres. Le premier dogme consiste à faire croire que les hommes et les femmes naissent égaux et semblables, et que c’est la société qui leur assigne un “rôle de genre“. Cette idée selon laquelle “l’esprit n’a pas de traits innés“ est fausse : le fait de venir au monde dans un corps d’homme ou dans un corps de femme est un fait déterminant. Les petits garçons et les petites filles sont déjà des garçons et des filles, et pensent et se comportent comme tels, avant même que les parents, ou la société, ne les “socialisent“ ou ne les éduquent dans un sens ou dans un autre.
Selon vous, le sexe de naissance définit d’emblée un genre féminin ou masculin, ce qui est particulièrement binaire. Pensez-vous – je choisis là un cliché de genre typique – que les petits garçons naissent en voulant jouer aux voitures et les petites filles à la poupée ?
Je ne comprends pas ce qui doit être expliqué dans l’idée que les garçons sont des garçons, et que les filles sont des filles. N’est-ce pas une évidence qui s’impose à l’esprit par sa clarté et sa simplicité ? Lorsque vous dites que “le sexe de naissance définit un genre féminin ou masculin“, vous n’allez pas assez loin. Le sexe de naissance ne “définit“ pas un genre. En réalité, je dis que le sexe de naissance EST le genre. Vous naissez dans un corps d’homme, et vous êtes du genre masculin, ou bien vous naissez dans un corps de femme, et vous êtes du genre féminin. Cette idée est importante : vous “n’avez“ pas de corps, vous “êtes“ un corps ! Ainsi, pour répondre à votre question, oui, effectivement, les garçons naissent en voulant jouer aux voitures, et les filles naissent en voulant jouer à la poupée. Les hommes s’intéressent aux choses, les femmes s’intéressent aux personnes, et cela se manifeste naturellement dès le plus jeune âge. Et vous avez raison : c’est particulièrement binaire, mais cela ne me dérange pas, car ce n’est pas la binarité qui me gêne, mais le dualisme, ce qui est différent.
Que reprochez-vous aux féministes ?
Je ne reproche absolument rien aux féministes. Depuis qu’elles existent, elles n’ont produit aucune contribution intellectuelle majeure, et elles n’ont absolument rien accompli de notable. Elles ne font que produire des concepts creux pour commenter les changements sociétaux que la civilisation moderne traverse actuellement.
Dans l’un de vos articles, vous écrivez : “Le sexisme n’est pas la cause de l’objectification de la femme“. Est-ce que, selon vous, le sexisme n’existe pas ?
Tout d’abord, je tiens à préciser que dans le milieu masculiniste, le terme « sexiste » n’est pas péjoratif. Le sexisme est une attitude de discrimination fondée sur le sexe. Et discriminer, c’est distinguer, c’est-à-dire établir une différence entre deux ou plusieurs personnes, deux ou plusieurs choses, d’après des caractères distinctifs.
Discriminer, ce n’est pas distinguer. Plus d’une vingtaine de critères de discrimination sont punis par la loi.
Discriminer provient du latin discriminare, “mettre à part, séparer, distinguer“. Discriminer revient à établir une différence entre deux ou plusieurs personnes, deux ou plusieurs choses, d’après des caractères distinctifs, donc cela revient bien à distinguer. Je sais pertinemment que de nombreuses discriminations sont punies par la loi. J’observais simplement que le sexisme est une attitude de discrimination fondée sur le sexe, et que dans le milieu masculiniste, le terme “sexiste“ n’est pas péjoratif. Autrement dit, non seulement le sexisme existe, mais c’est en plus une bonne chose ! Et, au risque de dire des évidences, je rappelle qu’il est préférable de traiter une femme comme une femme et de traiter un homme comme un homme, à moins de considérer qu’une femme est un homme ou qu’un homme est une femme, ce qui, par définition, n’a aucun sens. Lorsque j’affirme que “le sexisme n’est pas la cause de l’objectification de la femme“, je veux dire deux choses. La première, c’est que tout le monde est sexiste : les femmes envers les hommes, et les hommes envers les femmes. Chaque sexe se comporte différemment en présence du sexe opposé, et personne n’interagit de la même manière avec une personne du sexe opposé et avec une personne du même sexe. Et tout cela est parfaitement sain, naturel et normal. La seconde chose, c’est que tout le monde “objectifie“ tout le monde : les hommes ont une tendance à l’objectification de la femme, et les femmes ont une tendance à l’objectification des hommes, et là aussi, c’est parfaitement normal.
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Cet entretien a été édité : l’intégralité de nos échanges étant très longue, c’est moi qui ai choisi de publier les extraits que vous venez de lire tout en assurant à mon interlocuteur que ses réponses elles-mêmes ne seraient pas tronquées si je décidais de les conserver.
Simone Kiffe : les recommandations de Chloé Thibaud
Cela faisait longtemps que je n’avais pas pleuré au théâtre.Une vie sur mesure raconte l’histoire d’Adrien (incarné par l’excellent Pierre Martin-Bànos), un petit garçon passionné par le(s) son(s) qui rêve d’avoir une batterie. Aux côtés de son instrument, le public le voit grandir et devenir à la fois un musicien brillant et un homme sensible qui ne répond pas aux codes de la masculinité. Face à lui, un père violent qu’il appelle par son prénom, Bernard, l’incarnation d’une virilité toxique que le héros combat du bout de ses baguettes. En 2021, ce spectacle musical unique en son genre (hashtag ceci est un jeu de mots) a été élu meilleur seul-en-scène du Festival OFF d’Avignon. Il se joue depuis samedi dernier au Palais des Glaces, à Paris, et sera ensuite en tournée. La pièce est de Cédric Chapuis, mise en scène par Stéphane Batlle, ne la ratez surtout pas !
Pat est un monstre tout poilu qui sent les croûtes de fromage et le sexisme à plein nez. Un matin, il débarque dans la vie du jeune Solal et se met à lui donner des conseils : ne pas porter de rose parce que c’est pour les filles, être méchant avec son amie Nour afin qu’elle tombe amoureuse de lui, se bagarrer avec les autres garçons pour se faire respecter… Heureusement, Solal est très bien éduqué et se rend vite compte que Pat n’a rien compris à la vie ! La brillante autrice et illustratrice Tiffany Cooperpublie aujourd’hui cet indispensable conte pour enfants aux éditions On ne compte pas pour du beurre (les spécialistes de la littérature jeunesse inclusive). Allez vite acheter Patatouille à vos fils, neveux ou filleuls ! (Et écoutez son podcast, Va vers ton risque, il est génial)
“C’est pas parce que t’es un homme que tu peux pas être sensible… Pourquoi un homme ne pourrait pas être très coquet et une femme très virile ?“ Dans le premier épisode de Cap ou Pas Cap, Sarah Capdevielle s’entretient avec Thomas qui lui confie qu’avant ses trente ans, il ne s’était jamais retourné sur son passé. Si vous ne le connaissez pas encore, découvrez ce “podcast qui fait parler les trentenaires“chaque premier jeudi du mois. Générationnel, inclusif et bienveillant, il nous donne l’impression de discuter avec une bande de potes même quand on est dans une rame de métro bondée !
Eeeeeeeh ! Hommes, femmes, cis, trans, non-binaires… on n’est surtout pas là pour se faire la guerre ! Alors, pour finir, je vous conseille ce nouveau Kama Sutra (éditions Contre-dires) d’Alicia Rihko qui a réalisé 365 illustrations magnifiques, soit une position par jour de l’année. Mais, attendez… Le livre sort aujourd’hui et on me dit dans l’oreillette que nous sommes déjà le 12 janvier ! L’étreinte impulsive, le presque-baiser, sucer le noyau de mangue, rouler la perle, l’étreinte serpentine, le salut du chevalier, Kshobaka, le bol de douceur, le salut amoureux, étaler ses bijoux, les roseaux tressés et le pavillon d’amour : vous allez en avoir du taf à rattraper…
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« On doit être fort, on doit être bon, on doit être puissant, on ne doit pas se laisser faire. Et on ne doit pas se laisser faire parce qu’on a une bite. Auteur de l’ouvrage Je bande donc je suis – Introspection d’un mâle conditionné par le patriarcat (éditions Kiwi), Sainte Paluche interroge le rapport des hommes cisgenres à leur sexe.
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Chloé Thibaud est journaliste, spécialiste des sujets culture et société. Elle est l’autrice de plusieurs ouvrages : Toutes pour la musique (Hugo Image), Hum Hum – Et si on parlait vraiment de sexe ? (Webedia Books) et En relisant Gainsbourg (Bleu nuit éditeur).
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