L ’ancien ministre et actuel maire de Meaux nous raconte sa prise de recul par rapport au combat politique national et sa nouvelle vie auprès de son épouse et des leurs.

Sur son bureau, une statuette de Zorro. « Ma mère me l’a offerte quand je suis devenu ministre pour la première fois, car ce héros ferraille contre l’injustice et remonte toujours à cheval« , s’amuse-t-il. Jean-François Copé a néanmoins choisi de prendre du recul depuis quelques années par rapport à l’arène nationale. Replié sur sa mairie de Meaux, il trépigne parfois mais se tient à sa résolution, même s’il s’exprime un peu plus depuis la réélection d’Emmanuel Macron. « Avec l’affaire Bygmalion, celle des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy pour laquelle j’ai été innocenté, on avait atteint un degré de violence intolérable à mon encontre, rappelle-t-il. En 2017, la droite aurait dû l’emporter et puis, il y a eu le désastre Fillon. J’ai voulu m’extraire de ces haines recuites, me recentrer. »

Pas si simple lorsqu’on a consacré l’essentiel de sa vie à la conquête du pouvoir. Son épouse Nadia, psychologue de formation, l’a aidé dans ce cheminement. « Il a fallu qu’il fasse le deuil de ce destin de Président dont il rêvait et pour lequel il avait tout organisé et tant travaillé« , analyse-t-elle à l’intention de Gala. « Tel était mon projet depuis l’âge de 7 ans et demi, se souvient-il. Depuis ce jour où j’avais vu, sur l’écran de télévision familial, une conférence de presse de Georges Pompidou. Cela a exigé un travail de résilience, une réflexion  sur soi-même. » « Jean-François m’a bluffée durant cette période, renchérit sa compagne. Je n’ai pas eu besoin de le rassurer. Il n’a jamais sombré. C’est quelqu’un d’extrêmement structuré et ça, il le doit à ses parents. » Le duo évoque ce moment où la justice n’avait pas encore tranché et où les coups pleuvaient de toutes parts. « On s’est protégés et on a tout fait pour préserver nos six enfants et nos parents. Deux de nos fils passaient le bac. Nous avons éteint  la télé, ne tolérant à la maison que la chaîne de dessins animés pour notre fille Faustine, qui était encore petite. »

Fusionnelle, Nadia dit « on » lorsqu’elle décrit les turbulences traversées alors par son mari. Ces deux-là se connaissent depuis tant d’années… « Nous avons été ensemble quand nous avions 18 et 20 ans pendant un an et demi, puis il m’a laissée un jour… pour partir avec une blonde !, plaisante-t-elle. Il n’aime pas quand je raconte cela mais il y a prescription ! J’ai pleuré un jour et une nuit, et puis je me suis dit que je méritais mieux que ça. Je me suis, poursuit-elle, ensuite mariée et j’ai eu deux merveilleux garçons. Mon époux, psychiatre, est un jour tombé dans une profonde dépression. Il s’est suicidé en 2008. Quelques mois plus tard, j’ai croisé Jean-François dans les couloirs du lycée de mon fils. Il m’a dit qu’il  était père de trois enfants et avait divorcé. Nous avons renoué. Il m’a beaucoup soutenue. Tout est allé très vite. Nous avons eu Faustine et nous nous sommes mariés. Il me dit souvent qu’il regrette ces si nombreuses années que nous avons passées l’un sans l’autre. »

Jamais loin de son époux désormais, Nadia est très présente à Meaux. « Mon passé de psychologue est un plus, avance-t-elle. Je rencontre des associations et lui fais remonter des infos, des besoins. » Devenu avocat d’affaires, Jean-François Copé ne perd rien du débat national. Il déplore sa « dégradation et sa radicalisation anormale » et retrouve « dans l’affaiblissement des partis de gouvernement, les symptômes de l’effondrement des années 30« . Il prône un rapprochement avec Emmanuel Macron : « LR ne va pas pouvoir relever la France tout seul avec ses petits bras musclés. » Et il met en garde le nouveau patron du parti, Eric Ciotti : « L’alliance avec le RN est mortelle pour nous et les macronistes ont besoin de LR. Il faut exiger de codiriger le pays pour être aux côtés des Français face à la crise et aux dangers extrêmistes. » Il pointe toutefois le manque d’impré gnation de culture historique du Président : « Il n’a pas su trouver les mots lorsque des voyous en gilets jaunes ont piétiné la tombe du soldat inconnu« , déplore celui qui a créé à Meaux le musée de la Grande Guerre.

Toujours présent dans les instances LR, il est régulièrement consulté. « Je donne mon avis, ils écoutent, me disent « t’as pas tort » et font le contraire, ironise-t-il. Quand certains évoquent les couteaux dans le dos que j’ai pris, je leur rappelle qu’ils étaient pas les derniers. En tant que fils de  proctologue, je sais que la rancune, c’est très mauvais pour l’estomac« , lance-t-il. L’humour est une religion de famille chez les Copé. Ses deux plus jeunes filles, de 12 et 17 ans, imitent souvent  leur père pour le mettre en boîte. « Je fais la même chose avec elles« , s’amuse-t-il. Il a transmis à la plus jeune, Faustine, son virus pour le jazz. « Lorsqu’elle m’a dit qu’elle voulait chanter avec mon groupe, qui se produit régulièrement à la guinguette de Meaux, je lui ai dit : « Je sais que tu m’aimes. Œdipe, c’est bien sympa mais tu n’es pas obligée, glisse ce papa pianiste. Je lui ai fait passer un casting et elle a été prise. Je ne voulais pas de passe-droit. » Politique un jour, politique toujours.

Cette interview est à retrouver dans Gala N°1541, disponible ce jeudi 22 décembre 2022.

Crédits photos : @Jean-Brice Lemal

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