- Guillermo Del Toro s’éloigne de l’œuvre originale comme des précédentes adaptations avec « Pinocchio ».
- Ce film d’animation très sombre est aussi magnifique par sa forme que par son propos.
- Si sa violence le fait déconseiller à un public trop jeune, son esthétique somptueuse et son message de tolérance le rendent hautement recommandable.
Les premières images du film, présentées au Festival d’Annecy étaient prometteuses. Rien ne préparait cependant au choc tellurique du Pinocchio de Guillermo Del Toro, coréalisé par Mark Gustafson et projeté au Festival Lumière devant un public enthousiaste avant d’être disponible sur Netflix ce vendredi. Le réalisateur de Nightmare Alley et de La Forme de l’eau revisite l’histoire du pantin à sa façon dans un film d’animation sublime.
« Je me suis toujours demandé pourquoi Pinocchio voulait devenir un vrai petit garçon alors que, pour ma part, je le trouvais plus attachant en marionnette, confiait-il à 20 Minutes à Annecy. C’est cette thématique que j’ai envie d’explorer dans mon film. » Son Pinocchio en stop motion est fort différent des précédentes versions
Pas vraiment sympa
Le pantin tel que l’a conçu l’artiste Georgina Hayns n’a pas le côté rond et mignon de celui du film d’animation sorti en 1940 des studios Disney. Il se révèle plus proche du conte de Carlo Collodi (1826-1890) par le côté antipathique du personnage. De même Jiminy, le criquet craquant a nettement moins d’importance dans ce nouvel opus (mais il est très réussi tout de même).
Sombre comme jamais
Guillermo Del Toro situe son action dans l’Italie mussolinienne où, et on le comprend vite, on ne rigolait pas tous les jours. Ce sous-texte politique particulièrement sombre, fait plus penser au Labyrinthe de Pan ou à L’Echine du diable, précédents films du cinéaste qu’aux longs-métrages parfumés à la guimauve de Roberto Benigni (2002) ou de Robert Zemeckis avec Tom Hanks (2022).
Pas vraiment pour les petits enfants
Si Luigi Comencini en 1972 et Matteo Garrone en 2019 teintaient la dureté du monde de Pinocchio d’une poésie de conte de fées, l’histoire revue et corrigée par Guillermo Del Toro n’a rien d’une bluette pour tout-petits. Le ton est donné dès la mort du fils de Gepetto dans le bombardement d’une église tandis que les Fascistes se révèlent bien plus effrayants que s’ils étaient issus d’un monde fantastique.
On est en droit de préférer des adaptations plus tendres ou plus fidèles à l’ouvrage original que ce Pinocchio où affleure le style de Guillermo Del Toro. Mais cette relecture est frappée du sceau d’un grand créateur qui parvient à la fois à faire rire, trembler et pleurer à chaudes larmes en livrant une fable politique sublime dénonçant bêtise et totalitarisme qui est aussi une ode à la vie. Chapeau bas.
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