Son éviction ? Un vrai Chagrin d’humour pour le comique d’Action Discrète, qui en a fait un livre. L’occasion de poser quelques questions au roi du second degré.
Public : Votre livre s’ouvre le 23 novembre 2020 : Gérald-Brice Viret, directeur des programmes de Canal +, vous appelle et vous annonce que vous êtes renvoyé…
Sébastien Thoen : Oui. C’est déjà une blague parce que le mec s’appelle Viret ! Ce jour-là, il me dit qu’un sketch que j’ai fait pour le site Winamax pose problème. C’était une parodie de L’Heure des pros qui, à Canal, a été prise pour une offense (Pascal Praud officiant sur CNews, chaîne du même groupe, ndlr).
“Avoir Brad Pitt pour ennemi, c’est le summum !”
Pascal Praud dit avoir rigolé à ce sketch.
Mais oui, c’est un mec en or, donc il s’est forcément marré…
Vous avez été déçu par l’absence de soutien des humoristes de la chaîne…
Dans ce métier, peu de gens ont des couilles. Moi pas plus que les autres sinon, j’aurais fait soldat, pas troubadour ! Je n’en veux à personne. Mais des gens installés, qui doivent beaucoup à Canal, auraient pu demander ce qu’il se passait ! J’aurais aimé que Jamel, Éric et Ramzy, Édouard Baer, les Robins des Bois le fassent. Ou les gens de Groland ! Omar Sy a posé la question et s’est fait rembarrer.
Vous avez envoyé votre livre chez Canal ?
Non. Ils sont milliardaires, ils vont l’acheter.
Si Cyril Hanouna vous invite dans TPMP pour votre promo, vous y allez ?
Bien sûr. En plus, il a organisé la plus grande caméra cachée de l’histoire : son débrief de l’affaire Louis Boyard.
Avec votre groupe, Action Discrète, vous intégrez Le Grand Journal en 2006. Avec un accueil mitigé de Michel Denisot…
Michel est très sympa pour faire un Cluedo et boire des coups. Mais il ne nous a pas choisis et il a compris qu’avec nos caméras cachées, il aurait plus d’emmerdes que de rires.
Vous n’avez pas eu plus de chance avec son successeur, Antoine de Caunes…
C’est son droit le plus strict de ne pas apprécier les gens qu’on lui impose. Mais l’an dernier, il a sorti un bouquin titré Perso : ça veut bien dire que le collectif ne l’intéresse pas trop. Du coup, il présente plutôt le JT de 20 heures ! En tout cas, j’adorerais avoir le talent de Michel et Antoine. Et leur patrimoine !
Vos caméras cachées vous ont valu un ennemi très chic : Brad Pitt, qui vous hait depuis que vous vous êtes introduit à Miraval déguisé en Angelina Jolie.
Oui, et quand le service juridique de Canal te lit une plainte de Brad Pitt, ça fait plaisir. C’est le summum !
Vous avez aussi piégé Alain Delon, qui a pris votre chronique faussement élogieuse au premier degré… C’est fou ! Un mois plus tard, le 25 décembre, il m’a même laissé un message pour me remercier et me souhaiter joyeux Noël. J’ai cru qu’un pote me faisait une blague. Mais non, je l’ai rappelé et on a parlé. J’étais hyper touché !
En 2014, vous animez Le Journal du hard. Vous y avez appris des choses ?
Qu’il ne sert à rien d’être bien membré ! Je rassure tous les mecs qui en ont une petite et qui nous lisent : on peut donner du plaisir sans avoir un organe génital d’une taille incroyable.
C’est vrai que vous disiez à votre famille animer Le Journal du hard rock ?
Oui, je voulais ménager ma mère. Elle n’y a pas cru très longtemps.
“Dans la vie, je suis sympa mais pas très drôle”
Vous expliquez qu’on ne peut plus rire de tout. Les Grosses Têtes, dont vous êtes sociétaire, restent un espace de liberté ?
Oui, c’est une émission grand public, mais on dit ce qu’on veut. Les Grosses Têtes sont le nouveau Canal, depuis longtemps.
Vous n’aviez pas peur de vous retrouver avec des gens loin de votre univers ?
Je savais que je me marrerais avec Arielle Dombasle, Chantal Ladesou, Bernard Mabille… Seul Ruquier ne me fait pas rire, mais je fais semblant car c’est le patron.
Qui vous plaît chez les comiques actuels ?
Tanguy Pastureau, Aymeric Lompret… Et puis Denis Brogniart. Qu’il est drôle quand il fait croire avoir de la peine pour des gens en slip sur un piquet !
Vous avez refusé de faire Mask Singer. Vous accepteriez Danse avec les stars ?
Je trouve ce programme misérable à la base, mais si c’est pour danser le zouk, je veux bien.
Petit, vous faisiez rire votre père en imitant Chirac.Vous avez toujours été clown…
Oui. J’aimais m’amuser et amuser les autres. Faire ce métier, c’est avoir envie de continuer la récré, de rester en enfance. Après, ce n’est pas génial à l’école. Vous êtes accusé de foutre le bordel, et devenez un paria.
Avec votre fils de 2 ans, Lucien, ce sera dur d’être un père strict, vu votre CV…
Oui, ça va être compliqué de lui expliquer qu’il faut être sérieux. Je mets des sous de côté pour son avenir et, au pire, il ira s’installer à Dubaï et fera influenceur. Pour l’instant, je suis un père plutôt cool et lui est super.
Comment avez-vous connu votre femme ?
Très potes au lycée, on s’est perdu de vue puis retrouvé il y a quinze ans. Laury est créatrice de mode, de la marque Suzie Winkle. Citez le nom ou j’appelle mon agent et je porte plainte : c’est Mouloud Achour, il ne rigole pas !
Vous êtes au 12edegré, même avec elle ?
Pas du tout. Pourquoi devrait-on être marrant tout le temps ? Quand je sors du bureau, je reviens à la vraie vie : un mec plutôt sympa, mais pas très drôle. Enfin, je ne suis pas Bozo le clown, mais je ne suis pas non plus avocat en droit immobilier !
Propos recueillis par Maëlle Brun
Dates clés :
3 janvier 1977 : Naissance à Rueil-Malmaison (78). Il est le fils d’un gendarme et d’une vendeuse en grand magasin. Enfant, il déménage au gré des mutations de son père.
2006 : Il crée la bande Action Discrète, avec notamment son pote de lycée Julien Cazarre. Leur spécialité ? Des caméras cachées ultra chiadées.
2021: Il intègre Les Grosses Têtes, sur RTL. Viré de Canal, c’est lui-même qui a appelé Laurent Ruquier pour lui proposer sa candidature.
Novembre 2022 : Sortie de Chagrin d’humour, (éd. Harper Collins). Un drôle de livre dans lequel il détaille tout son parcours.
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