Au sein de son ouvrage en forme d’enquête intime, l’autrice a compilé des témoignages autour de la bisexualité féminine : serait-ce le versant anarchique de la sexualité ?
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« On va cesser aussi de mettre le phallus au milieu de tout et de tourner autour de l’hétéronormativité comme si elle devait être un référent absolu. »
Dans Vivre Fluide paru aux éditions du Faubourg, Mathilde Ramadier s’intéresse à la bisexualité féminine et invite à repenser le désir et déconstruire l’hétéronormativité. Elle a recueilli un certain nombre de témoignages qui illustrent son propos.
Repenser le désir
Pour l’autrice, il faut envisager l’orientation sexuelle de la même manière qu’on a pu le faire pour le genre et la déconstruire. Ces notions doivent être considérées comme des spectres qui ne sont pas binaires : « Il n’y a pas que l’hétéro ou l’homosexualité. », insiste-t-elle.
Aujourd’hui, une multiplicité de termes existe afin de définir les orientations sexuelles et qui permettent à beaucoup de personnes de s’affirmer et de se situer : « Ça relève du besoin d’affirmation, ça permet de donner confiance, de rejoindre aussi des groupes d’appartenance.« , relève Mathilde Ramadier.
Néanmoins, selon elle, ces termes peuvent aussi enfermer, c’est pour quoi elle préfère parler de situation : « On va se placer sur une certaine position d’identification à un moment donné de la vie. » En effet, désirer plusieurs genres induit une fluidité qui ne peut se résumer à un instant T. En revanche, des études démontrent qu’entre le désir et l’acte, une grosse différence existe.
Le passage à l’acte
Mathilde Ramadier remarque un véritable contraste entre le désir/fantasme et la réalisation de celui-ci. Sur 70% de femmes qui ont déjà expérimenté du désir, des fantasmes ou regardé de la pornographie lesbienne, et 40% de femmes qui ont un rapprochement physique avec une autre femme au moins une fois dans leur vie, seulement 2 à 4% se déclarent lesbiennes ou bisexuelles.
L’écrivaine s’interroge sur les freins qui empêchent le passage à l’acte : misogynie, sexisme, entourage non favorable ou problème de légitimité ? Selon elle, les rôles définis par l’hétéronormativité ont habitué les femmes à être objet de désir et non sujet désirant.
Elle explique : « Certaines m’ont rapporté justement ce paradoxe, voire ce malaise de se sentir attirée par une femme. Et en même temps de se rendre compte que cette femme répond en tout point aux stéréotypes de genre. » Un processus qu’elle étudie et qui induit la question suivante : qu’est-ce qui nous plaît chez l’autre ?
Un levier politique
Au travers de ces questions, Mathilde Ramadier évoque une dimension politique de ces orientations sexuelles fluctuantes : « Les femmes bisexuelles, pansexuelles, fluides prennent la tangente deux fois. » Elles s’extraient de l’hétéronormativité et rejettent également ce que Mathilde Ramadier appelle « une autre monosexualité« .
L’autrice de Vivre fluide conclut que son ouvrage est plus une invitation à laisser de la place à ces types de désirs si on les sent poindre en soi. À bon entendeur…
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