De ministre à éditorialiste… À 75 ans, Roselyne Bachelot a troqué sa place dans les ministères pour celle d’éditorialiste. Sur RTL et BFM TV, l’ex-ministre commente et décrypte l’actualité qu’elle soit sociétale ou politique. À quelques mois de la sortie de son prochain livre 682 jours, elle se confie à Gala.fr sur sa nouvelle vie.

Son fauteuil roulant, à la suite « d’un accident bête », ne l’a pas empêchée de faire sa rentrée médiatique. Victime d’une chute après avoir raté une marche, Roselyne Bachelot a tenu à honorer ses nouvelles missions. Dans Les Grosses Têtes sur RTL ou sur le plateau de BFMTV, elle décrypte désormais l’actualité après avoir été – elle-même – analysée, critiquée et commentée quand elle était aux ministères de la Santé, de la Culture ou encore des Sports. Un exercice « facile » pour l’éditorialiste qui vient de terminer l’écriture de son prochain livre 682 jours, à paraître en janvier, dans lequel elle livre « des anecdotes croustillantes ».

Avec Gala.fr, la politicienne revient sur son parcours et les conseils avisés que lui donnait son père. Elle nous confie savourer sa réhabilitation après les scandales de la grippe H1N1 ou ses propos sur le nucléaire. Tout en confessant que ses tenues colorées ont un certain sens de la provocation qui n’est pas pour lui déplaire, elle qui n’a jamais « fait partie du troupeau » comme un certain Dupond-Moretti, son « petit préféré » au gouvernement.

Gala.fr : Quelques mois après votre « accident bête », comment allez-vous ?

Roselyne Bachelot : Très bien, j’ai retrouvé une totale mobilité. Cela n’a pas été simple de faire ma rentrée médiatique sur un fauteuil roulant, mais j’ai déployé toutes sortes de stratégies en démontant les portes de mon appartement qui ne permettaient pas au fauteuil de passer (rires).

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L’idée de revenir dans un ministère pourrait vous séduire ?

On ne dit jamais non, mais le temps est passé je suis une vieille dame (rires). Je m’étais dit que je n’allais pas revenir en politique. Mais il est vrai que quand Jean Castex et Emmanuel Macron m’ont proposé le poste de ministre de la Culture, j’ai parlé d’opération commandos. Il faudrait, pour que je sois tentée de revenir, que ce soit sur une mission un peu extraordinaire et hors du temps habituel. À mon âge, il y a des tas de gens qui font ça très bien. J’ai une successeure Rima Abdul-Malak, qui a l’âge d’être ma fille. Son temps est venu. Je reviendrai si vraiment j’avais un apport qui soit original. C’est parce que les circonstances étaient exceptionnelles que j’ai accepté le ministère de la Culture.

Vous préfériez donc un défi à un poste ?

J’ai été une femme de défi toute ma vie. J’ai accepté d’être seule sur beaucoup de combats et je n’ai jamais voulu suivre le courant. En étant seule à la tribune pour défendre le pacs, j’ai accepté d’être hors du troupeau.

Le discours est ici … https://t.co/l7bKqa8afU cc @R_Bachelot ce 7 novembre 1998 une députée s’exprimait librement. https://t.co/1ZFsgBZTg5

Pour revenir à Rima Abdul-Malak, vous lui avez donné quelques conseils au moment de la passation ?

Oh je ne donne pas de conseils et elle n’en a pas besoin. Elle suit sa route, elle a d’autres problèmes à régler. Je ne vais pas avoir l’outrecuidance de l’appeler pour lui en donner. D’ailleurs, j’aurais mal pris que mes prédécesseurs le fassent et ils ne se sont pas risqués à le faire (rires).

Quitter ce ministère a été difficile ?

C’est une douleur. Ce n’est pas la douleur de quitter un ministère, ça, je m’en contre balance et de toute façon, il faut partir un jour. C’est plus de quitter une équipe avec des gens avec lesquels on a travaillé pendant deux ans dans de très, très grandes difficultés. C’est un déchirement, d’autant plus que je travaille de façon affective avec mes équipes. Mais on se voit ! Notre prochaine rencontre, c’est le 1er décembre et le Gin Tonic va couler à flots (rires).

Vous soulignez l’importance du côté humain dans vos relations de travail. Qui vous manque le plus au gouvernement ?

Les copains ne me manquent pas parce que je les vois. Mais j’avais un petit préféré, c’est Éric Dupond-Moretti. On n’est pas vraiment dans le système.

Et celui qui vous manque le moins ?

J’ai traversé ces deux ans en ayant aucune inimitié. Il y en a peut-être que je ne verrai plus, mais personne ne m’est insupportable.

Les deux années passées au ministère de la Culture n’ont pas été des plus simples, mais quel est votre plus beau souvenir ?

La restitution du tableau de Klimt, dans le cadre des biens juifs spoliés, à la famille de Nora Stiasny qui a été assassinée par les nazis. C’est un des combats de ma vie et un souvenir très, très fort. J’avais demandé qu’on me laisse une heure en tête-à-tête avec le tableau.

Que s’est-il passé pendant cette heure-là ?

J’ai réfléchi à tout ça, à la Shoah. À ma grand-mère qui cachait des juifs dans son grenier. C’était un moment très intime.

Et le moins bon souvenir que vous gardez ?

Les annonces de fermeture des lieux culturels. Pour moi, qui vis avec les artistes, c’était quelque chose que je comprenais et que j’acceptais, mais c’était une douleur. Le plus douloureux était de voir certaines attaques alors que je me battais pour le monde de la culture le couteau entre les dents.

Vous dites que vous sortez du troupeau. Vous n’avez jamais vécu dans vos ministères…

Je suis très attentive à ce que mon père appelait l’ascèse de l’adieu. Quand je suis rentrée la première fois à l’Assemblée nationale, en 1988, mon père m’a dit : « Tu dois quitter ce bureau tous les soirs comme si tu ne devais jamais y revenir« . J’ai toujours veillé à pratiquer cela. N’avoir aucun objet personnel… Je vois des gens qui posent des photos d’enfants, qui ont des bibelots… Le fait d’habiter chez moi, même si cela n’est pas possible pour tous les ministères, est quelque chose de très important même si vous rentrez tard. Vous avez une vie normale.

Vous semblez être une personne très ancrée…

Mes origines paysannes y sont peut-être pour quelque chose (rires) ! J’ai eu la chance d’être dans une famille qui a fait de la politique donc qui ne se laisse pas griser, qui connaît la précarité de ces situations. Je ne sais pas si je suis terre à terre, mais je ne me laisse pas griser !

Votre rentrée a été chargée. En plus de la télé et de la radio, vous écrivez un nouveau livre titré 682 jours, attendu en janvier…

Il y aura des anecdotes croustillantes qui feront sourire. Ce n’est pas un règlement de comptes, je n’ai aucun compte à régler. Il y a des pointes à serrer, bien sûr. C’est une analyse sans complaisance des maux qui minent les politiques culturelles… Mais je ne vais pas spoiler le livre !

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En plus de ce livre, il y a d’autres projets ?

Un livre c’est comme un accouchement, il faut quatre, cinq mois pour réfléchir, mais j’ai effectivement un livre sur lequel je commence à rassembler de la documentation. Je vais écrire sur un moine du XIe siècle, je fais des choses très différentes (rires).

Avec tout ça, à quoi ressemblent vos journées ?

Je suis une lève-tôt, vers 7 heures, et je suis une couche-tard, vers 1 heure ou 2 heures du matin. Je dors très peu. J’ai toujours un livre à la main, j’ai hérité ça de ma mère. Ma vie est une vie formidablement agréable. Je ne fais que des choses que j’aime avec des gens que j’aime. Je travaille beaucoup toute seule, mais je ne suis jamais dans un état d’isolement. La journée type se passe à travailler, écrire, réfléchir aux émissions et à ce qui se passe, à analyser, prendre des notes. J’adore écouter ce que les gens racontent, je trouve même qu’il y a une certaine poésie dans les gros cons (rires).

En tant que femme politique, vous avez été commentée et même critiquée. Désormais vous êtes à la place des éditorialistes sur RTL et BFMTV. L’exercice est facile ?

C’est très facile ! Il n’y a absolument aucun problème. On peut être bienveillant tout en étant vrai. Je me refuse aux méchancetés, aux anathèmes. On peut ne pas être d’accord avec quelqu’un sans le traiter d’imbécile, sans en venir aux atteintes personnelles. Je m’interdis les allusions à la vie privée, sauf si c’est un fait qui interfère dans l’actualité, et les attaques sur le physique que je trouve absolument déplacées. J’en ai été l’objet et cela a fait souffrir mes proches.

Certaines critiques vous ont-elles fait plus de mal que d’autres ?

La campagne qui a été menée contre moi au moment de la grippe H1N1 m’a mise, non pas en peine, mais en rage. Je savoure à petite bouchée la réhabilitation dont je suis l’objet (rires). C’est une petite revanche.

À ce sujet, vous trouvez que les humoristes vont trop loin sur les politiques ?

Non, si on est indisposés par ce genre de chose, on n’a qu’à quitter la politique et voilà.

Il ne vous est donc jamais arrivé de décrocher votre téléphone pour demander des explications ?

Jamais ! Mon père m’a donné un certain nombre de conseils en politique. Il était lui-même un homme politique et journaliste. Il m’a dit : « On t’injuriera. On te vilipendera. Ne te donne pas la peine de répondre, de rectifier. La rectification qu’on te fera passer sera pire que le mal qu’on t’aura fait ».

Ces conseils, vous les transmettez à vos proches ?

Bien sûr. Ma famille compte énormément pour moi. J’ai la chance d’avoir un environnement familial de très grande qualité, mais j’en parle peu. J’ai traversé 40 ans de vie politique sans afficher ma famille et je continuerai. Je les protège.

Mais est-ce que votre petit-fils a le droit de vous appeler « mamie » ?

Il a tous les droits, mais il n’a pas envie de m’appeler mamie. Il m’appelle « Liline ». C’est mignon (rires).

Il y a quelque temps, vous avez dit à Gala : « Pourquoi, à un moment de leur vie, les femmes devraient-elles disparaître et être enfermées dans un statut ? Perdre leur nom en se mariant ou leur prénom en devenant grand-mère ». N’avez-vous jamais regretté d’avoir gardé le nom Bachelot, vous qui êtes née Narquin ?

C’est justement à cause de cela que j’ai dit ça. Quand j’ai fait ma première campagne en 77, on avait son nom de femme mariée comme Michèle Alliot-Marie, Martine Aubry. Si je devais donner un conseil à une femme qui fait de la politique, c’est de faire de la politique sous son nom de jeune fille. Je remarque d’ailleurs quelque chose de sympathique, qui n’existait pas de mon temps, c’est que les femmes à l’Assemblée ont leurs deux noms comme Yaël Braun-Pivet. D’autant plus que j’adore mon nom Narquin, j’aimerais qu’il soit plus connu. En vieux français c’est celui qui tire les flèches, et c’est la même racine que narquois, c’est celui ou celle qui tire les flèches de l’ironie. Mon vrai nom définit parfaitement ce que je suis : je suis une combattante qui mène à la fois les armes du combat habituel et de l’ironie.

On a vraiment du mal à vous imaginer en mamie gâteau à la retraite !

(Rires) Mais je fais très bien les gâteaux. Je fais un Baba au rhum absolument dément, une Tarte Tatin qui récolte tous les suffrages. Un tiramisu qui est vraiment pas mal. Et un riz au lait orgasmique, en toute objectivité !

Donc la retraite, ce n’est pas pour tout de suite ?

Pas vraiment (rires) !

Vous est-il arrivé de regretter votre franc-parler ?

Non ! À chaque fois que des choses m’ont été rapprochées, quelques années après, on m’a rendu justice. Qu’est-ce que j’aurais dû faire, renoncer à mes convictions ? Parce qu’au fond, c’est ce qu’on me demande. C’est impossible. Je sais que mon temps viendra.

Et votre relation avec Laurent Ruquier, où en est-elle ?

Les brouilles sont de l’histoire ancienne. On a reconnu qu’on avait tous les deux des torts et maintenant cela fait 10 ans que tout cela est oublié. On est réconciliés, j’adore Laurent. Il est délicieux.

Vous n’êtes pas rancunière alors ?

Je n’ai pas de temps pour la rancune. Comme disait l’un de mes amis Bernard Pons : « Je pardonne, mais je n’oublie pas les dates ». Je ne vais pas m’épuiser à mener des complots, mais si un jour, je peux faire un petit croc-en-jambe… mais je n’irai pas le chercher (rires).

Vous vous démarquez, aussi bien par vos prises de parole que vos apparitions et notamment vos looks colorés. C’est important la mode ?

C’est quelque chose d’important pour moi. Mon grand-père maternel était tailleur. Ma mère adorait les beaux vêtements, elle nous habillait très bien avec ma sœur Françoise. Dans Don Juan, il y a un passage qui dit : « Rien ne vous donne plus de force qu’un beau vêtement ». Je revendique le droit à porter de la couleur pétante. Je pense que dans ma façon de m’habiller, il y a une part de provocation qui me convient assez bien.

L’ensemble vert à l’investiture d’Emmanuel Macron était-ce pour faire passer un message ?

Oh non ! Le vert était à la mode. J’ai d’ailleurs beaucoup porté ce tailleur. Je remarque qu’à son jubilé, la reine Élizabeth d’Angleterre avait un tailleur de la même couleur au balcon de Buckingham. J’avais le même tailleur que Viola Davis au festival de Cannes cette année-là (rires). Je n’ai pas l’outrecuidance de dire que mon tailleur doit exprimer un message politique. Je ne vais pas m’inscrire au Parti Socialiste parce que je porte du rose.

Une femme politique qui ose la couleur, c’est encore trop rare. Pourquoi selon vous ?

Je regrette, chez certaines femmes en politique, une certaine masculinisation. Je l’ai vu souvent : on voit arriver des femmes élégantes avec des tenues un peu colorées et six mois après, on les voit dans des tailleurs bleu marine ou beige ou marron, ou noir. Comme si elles étaient saisies d’une sorte de syndrome de Stockholm. Elles épousaient la cause de leurs ravisseurs en essayant de ressembler à des hommes.

Quel regard portez-vous sur votre parcours ?

Je me dis qu’à partir de ce que j’ai reçu qui était magnifique, je l’ai fait fructifier. Je suis allée un peu plus loin que ce qui pouvait être attendu de moi. Je n’ai jamais considéré les choses comme acquises. Je crois que mes parents qui sont forcément au ciel, même si je n’y crois pas au ciel, sont fiers de moi. Je crois que mon fils et mon petit-fils, et ma belle-fille, le sont aussi. Ce qui compte, c’est que les gens qui m’aiment soient fiers de moi. C’est le plus important.

Crédits photos : Agence / Bestimage

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Ci-contre, Roselyne Bachelot et son fils Pierre, lors de l’enregistrement de l’émission Vivement Dimanche le 26 mars 2008. Si mère et fils ont toujours été proches, le quinqua a longtemps souffert du poids de son patronyme : « Il a souffert du regard que les autres posaient sur nous. Il a été martyrisé à l’école, à travers des propos et des gestes. Nous avons été obligés de le retirer d’une école à cause d’un professeur qui le battait parce que c’était mon fils », a confié, peinée, la ministre de la Culture, lors d’un entretien accordé à Télé-Loisirs, en 2019.

Ci-contre, Roselyne Bachelot et son fils Pierre, à l’université d’été de l’UMP (le parti a depuis été rebaptisé Les Républicains, ndlr), à Royan, le 6 septembre 2008. Pendant des années, Pierre Bachelot s’est engagé auprès de sa mère, qui lui a donné le goût de la politique. Il a par exemple été son assistant parlementaire, de 1992 à 2002, avant d’investir le ministère de l’Écologie, puis le ministère de la Santé. Mais victime de la notoriété de Roselyne Bachelot, l’intéressé a finalement préféré s’éloigner de la vie politique.

Ci-contre, Roselyne Bachelot et François Fillon en train d’échanger lors d’une séance de Questions d’actualité au gouvernement, à l’Assemblée Nationale, le 27 octobre 2010. Ces deux-là se sont connus il y a plusieurs décennies et sont restés en bons termes. « Leur relation dépasse les petites tensions politiques », a glissé un proche de l’ancienne ministre de la Santé, auprès du JDD, en 2013. Cette année-là, l’ancien Premier ministre a d’ailleurs remis lui-même la Légion d’honneur à son amie de longue date.

Ci-contre, François Fillon et Roselyne Bachelot, à la sortie d’un déjeuner à l’hôtel Marigny, à l’occasion de la Fête nationale, le 14 juillet 2007. Au fil des années, ces deux personnalités politiques sont restées en contact. Lors de sa nomination au ministère de la Culture, en juillet 2020, Roselyne Bachelot a eu droit à « un SMS de félicitations » de la part de l’ancien Premier ministre, a rapporté Paris Match en juillet 2020. L’ex-chroniqueuse télé a d’ailleurs précisé à l’hebdomadaire que l’ancien bras droit de Nicolas Sarkozy était « un homme brisé », qui peinait à remonter la pente, depuis l’affaire du Penelope Gate.

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