En juillet dernier, lors d’un concert célébrant la sortie de son album Lately I Feel Everything (1), Willow Smith reprenait Whip my Hair, la chanson qui l’a rendue célèbre en 2010 dans une version plus rock, tandis qu’elle se faisait raser la tête en direct.

Un geste radical, punk, qu’elle expliquait dans une interview ultérieure comme « nécessaire à chaque moment important de sa vie ». Annonciateur, donc, d’un renouveau personnel et artistique ?

Willow Smith, née pour les étoiles

Chanteuse, romancière (elle publiait en octobre son premier roman, Black Shield Maiden (2), l’histoire d’une guerrière africaine parachutée chez les Vikings), activiste, Willow Smith trace ainsi sa route avec énergie hors des sentiers battus d’Hollywood, milieu dans lequel elle a grandi.

Son père est l’acteur Will Smith, oscarisé en 2022 pour La méthode Williams au cours d’une cérémonie explosive. Sa mère, Jada Pinkett Smith, actrice et ex-chanteuse du groupe de metal Wicked Wisdom, a dévoilé avec courage son alopécie (perte des cheveux).

Née en 2000, Willow a donc, très tôt, baigné dans un environnement artistique qu’elle a su s’approprier à sa manière. À 9 ans, elle sort sur le label du rappeur Jay-Z le tube planétaire Whip my Hair qui prône (déjà) la liberté d’expression… par les cheveux.

Redéfinir ce qu’est la féminité, ce que nous percevons comme la beauté, me passionne.

Ultra-créative dans ses coiffures mais aussi dans ses looks, elle devient vite l’icône de la génération Z. Pour ses prises de position, aussi, qui embrassent de nombreux sujets comme l’écologie, l’inclusivité, la santé mentale qu’elle expose dans le talk-show Red Table Talk, coanimé avec sa mère et sa grand-mère, Adrienne Banfield-Norris. Et sur son compte instagram suivi par 10,5 millions de followers.

Mais c’est sans doute dans sa musique que Willow Smith s’engage le plus passionnément. Après Lately I Feel Everything, elle publiait ce mois d’octobre 2022 son cinquième album, CopingMechanism (3), plus rock, plus authentique, plus libérateur aussi.

On comprend pourquoi Mugler, maison qui a toujours aimé les femmes fortes et inspirantes, a choisi de faire de Willow l’égérie de son nouveau parfum Alien Goddess Intense. Un voyage olfactif et spirituel vers l’extraordinaire et la bienveillance qui lui va comme un gant. L’occasion de parler avec elle de musique, de mode, de littérature et de l’importance de l’amour et de la force d’une vision créative. 

Le nouvel univers rock de Willow Smith

Marie Claire : Vous avez été nommée l’une des cent personnalités les plus influentes de l’année 2021 par Time Magazine, comment vivez-vous cette reconnaissance ?

Willow Smith : Bien sûr, je suis très honorée. J’aime communiquer, m’exprimer, alors si cela touche certaines personnes, c’est génial, mais en réalité, j’essaie juste d’inspirer positivement les gens et d’apporter un peu d’amour dans ce monde.

Aujourd’hui, votre musique est devenue très rock, qu’est-ce qui vous intéresse dans ce style musical ?

Je trouve que c’est la meilleure musique pour raconter les cicatrices, les douleurs, les doutes que vous portez en vous. Elle a aussi toujours été le moteur de changements dans la société.

Beaucoup d’artistes rock ont ainsi fait évoluer les regards comme Sister Rosetta Tharpe, qui jouait de la guitare électrique en 1947, à une époque où la situation des Noir·es aux États-Unis n’était pas à son meilleur. S’exprimer par le biais de cette musique en étant une femme noire était donc très fort. Aujourd’hui, heureusement, dans le rock ou ailleurs, on sort plus facilement des cases.

Il faut s’autoriser à ressentir ses émotions de la manière la plus authentique.

CopingMechanism est votre cinquième album et le plus intimiste, pourquoi ?

Je le vois comme mon album préféré, mon projet le plus personnel et le plus vulnérable.

Vous savez, beaucoup de choses se sont passées dernièrement dans ma vie, mais la chose la plus importante que j’ai apprise, c’est qu’il faut s’autoriser à ressentir ses émotions de la manière la plus authentique.

Les inspirations de Willow Smith

Quel rôle joue la mode dans votre vie ?

La mode est un moyen incroyable de s’exprimer, une forme d’art que j’admire beaucoup.

Quand j’étais plus jeune, je composais mes propres looks, je changeais de vêtements trois fois par jour. Sans doute parce qu’à cet âge, on cherche constamment à se situer, à montrer aux autres qui on est, et les vêtements sont le premier outil qu’on utilise pour cela.

Aujourd’hui, j’ai gardé cette relation avec la mode, mais j’aime aussi collaborer avec des gens qui la comprennent mieux que moi.

Une icône de style ?

Incontestablement Yves Tumor (musicien et producteur américain avant-gardiste et non-binaire, ndlr). Il inspire ma façon de m’habiller mais aussi ma musique, et je l’ai d’ailleurs invité sur mon nouvel album.

Définir son style ? C’est tout simplement impossible tant il est éclectique et c’est pour cela que je l’adore.

J’ai toujours été très attirée par le cosmos, par les représentations ancestrales de déesses que l’on trouve dans les grottes ou sur les statues antiques.

En quoi Alien Goddess Intense vous ressemble-t-il ?

Mugler est une marque iconique depuis très longtemps. Je trouve sa manière de faire cohabiter le masculin et le féminin magnifique et très moderne. Redéfinir ce qu’est la féminité, ce que nous percevons comme la beauté, me passionne aussi.

J’ai toujours été très attirée par le cosmos, par les représentations ancestrales de déesses que l’on trouve dans les grottes ou sur les statues antiques. Qu’un parfum puisse associer l’idée de la beauté de l’inconnu et de divinité féminine c’était juste extraordinaire.

Un premier roman entre passé et futur

Que vous a apporté le fait de grandir dans un environnement créatif ?

Je crois que cela m’a appris à respecter les gens qui ont une vision et qui sont capables de la rendre la plus concrète possible, c’est vrai pour les artistes et pour tout le monde.

Je voulais montrer comment le fait de regarder le passé peut nous apprendre beaucoup sur notre futur.

Vous êtes aussi l’icône de la génération Z, vous sentez-vous à l’aise dans ce rôle ?

Il y a certaines choses que j’aime dans ma génération, et d’autres qui me préoccupent profondément. Nous avons de très bonnes intentions, mais parfois, la façon dont nous tentons de les mettre en pratique n’est pas optimale. Mais je suppose que toutes les générations ont leurs hauts et leurs bas.

Si je devais lui souhaiter quelque chose, ce serait de pouvoir mettre de côté l’adoration pour la célébrité, qui est un énorme sujet de l’époque. Si on pouvait diffuser l’amour et la compassion et essayer d’aider chaque personne à progresser, le monde serait un endroit bien meilleur.

Black Shield Maiden, votre premier roman, vient de sortir. Quel est son message ?

J’adore lire depuis que je suis petite et je suis particulièrement fan des romans de Science-Fiction d’Octavia E. Butler ou de l’humour noir de Kurt Vonnegut.

Black Shield Maiden est une fiction historique, je voulais montrer comment le fait de regarder le passé peut nous apprendre beaucoup sur notre futur. Par exemple en parlant maintenant du changement climatique et de l’état de notre planète, peut-être qu’on pourrait commencer à changer les choses…

1. (Universal Music).

2. Coécrit avec Jess Hendel, éd. Penguin. Non traduit.

3. (Polydor).

Cette interview a initialement été publiée dans le magazine Marie Claire numéro 843, daté décembre 2022.

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