« Je ne parle jamais de ça, mais là, vraiment, je n’en peux plus. » Le 31 octobre 2022, Maëlle, étudiante boursière de 20 ans à Science Po (elle ne précise la ville de l’IEP), a partagé dans une vidéo TikTok « likée » 1,2 millions de fois son désespoir quant à sa situation financière.

Mais elle n’est pas la seule. Depuis son cri de colère et l’alerte du syndicat étudiant de l’Université Rennes 2 « Union Pirate » lancée sur Twitter le 28 octobre, plusieurs étudiants prennent la parole sur les réseaux sociaux et font part de leur difficulté.

Précarité étudiante : le désespoir de Maëlle

Dans cette vidéo TikTok, Maëlle (son nom de famille n’est pas cité) fond en larmes. La jeune femme épuisée raconte à ses 114 000 abonnés que sa bourse versée par le centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) de Paris a nettement diminué en quatre ans.

Combien d’heures je vais devoir travailler pour payer ma vie ?

Sans aide de ses parents qui vivent avec « le strict minimum », l’étudiante explique travailler depuis deux ans « 20 heures par semaine », et ce, sans compter celles passées à étudier.

La vingtenaire dont le père est au chômage accuse le coup : « Je ne suis pas censée galérer juste parce que mes parents n’ont pas de moyens. » Désespérée, elle s’interroge : « Combien d’heures je vais devoir travailler pour payer ma vie ? ».

L’étudiante ne touche plus que 100 euros par mois

Interviewée par plusieurs médias dont le Figaro Étudiant ce 2 novembre, Maëlle, en double diplôme Sciences Po en partenariat avec l’Université libre de Berlin dans laquelle elle étudie actuellement, détaille la dégradation de son niveau de vie : « La première année, tout allait bien. J’étais boursière échelon 4 et touchais environ 400 euros par mois, cumulés avec une aide de Science Po et une aide pour les doubles diplômes. Je bénéficiais d’environ 900 euros pour payer mon loyer et mes courses. »

Malheureusement, l’année suivante, le Crous, qui calcule les échelons en fonction du revenu des parents déclaré deux ans plus tôt, a comptabilisé le salaire de son père en tant qu’intérimaire. Sa bourse a donc été divisée par deux.

En quatrième année, c’est la panique. La jeune femme apprend en faisant une simulation sur le site du Crous qu’elle ne touchera plus que 100 euros par mois, car ses parents ont déménagé à Mayotte (département de France d’outre-mer) et ont le droit à un apport financier « qualité prix » pour faire face aux prix élevés des DOM-TOM en comparaison à la Métropole. Si cet argent permet à ses parents de vivre décemment, ils n’ont pas assez pour l’aider.

Après la publication de cette vidéo, la TikTokeuse, encouragée par les internautes, a ouvert une cagnotte en ligne, sur laquelle plus de 14 000 euros ont été récoltés en quelques heures. Gênée par ces dons, Maëlle l’a rapidement fermée, avant d’en ouvrir une nouvelle, dédiée aux associations étudiantes, ce 2 novembre. Elle compte pour l’instant plus de 1 700 euros.

Le Crous Bretagne mis en cause par un syndicat d’étudiants

Trois jours avant cette vidéo bouleversante, le syndicat étudiant rennais Union Pirate » tirait la sonnette d’alarme sur Twitter. À travers plusieurs publications, les membres de l’organisation qui se définissent comme « combatifs », « inclusifs » « écologistes » et « solidaires », ont dénoncé les maigres portions de nourriture données par le Crous Bretagne.

Les étudiants témoignent 

Sur les réseaux sociaux, plusieurs étudiants ont partagé leur actuelle et précaire situation, comme « Astrogurl ». Dans un tweet publié le 1er novembre, l’internaute qualifie la politique du Crous de « dégueulasse ». 

Interrogée le 2 novembre par BFMTV, Samya Mokhtar, vice-présidente de l’Union nationale des étudiants de France (Unef), précisait que les budgets des Crous « dépendent des dotations de l’État » et étaient « insuffisantes ». La fréquentation des étudiants dans ces structures pour se nourrir a par ailleurs augmenté de 24 % dans toute la France depuis la crise sanitaire du Covid-19.

Sur Twitter, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche Sylvie Retailleau s’est adressée en vidéo aux étudiants, qui, « ce 2 novembre », sont « déjà trop nombreux, comme Maëlle, à [se] demander comment [ils boucleront] la fin du mois ».

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