• Qu’est-ce que le don de gamètes exactement ?
  • Un parcours plus lourd pour donneuses
  • L’anonymat des donneurs levé
  • La communauté LGBT particulièrement engagée

La Procréation Médicalement Assistée (PMA) ne serait rien sans le don de gamètes. Ces micro-stars de la fertilité font l’objet de la plus grande attention médicale, juridique mais aussi médiatique. Cependant, la connaissance des Français.es sur le sujet reste encore à construire, nous dit l’Agence de la Biomédecine, qui encadre, développe et sécurise l’offre de soins liée à la PMA. 86 % de la population ne se sent pas suffisamment informés sur le sujet.

Qu’est-ce que le don de gamètes exactement ?

Le don de gamètes permet de répondre au projet parental d’un couple (composé d’un homme et d’une femme ou de deux femmes) ou d’une femme non mariée. Une femme âgée de 18 à 37 ans, ayant eu ou non des enfants, peut donner ses ovules (ou ovocytes) à des femmes en couple ou célibataires qui notamment ne peuvent pas avoir d’enfant (par exemple, si la femme n’a pas d’ovules naturellement).

Du côté masculin, le candidat au don doit avoir entre 18 et 44 ans, avec des enfants, ou non. Comme tous les autres dons d’éléments et produits du corps humain, cet acte de solidarité est régi par les grands principes de la loi de bioéthique : anonymat, gratuité et consentement. 

Une évaluation médicale des deux membres du couple ou de la femme non mariée, en fonction de l’état civil de la personne donneuse, est obligatoire avant la prise en charge.

Le protocole est identique pour tous.tes : un premier rendez-vous est organisé avec un médecin dans un C.E.C.O.S. (Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains). « Le professionnel se penche d’abord sur les antécédents médicaux personnels ou familiaux des candidats », détaille le Professeur Michaël Grynberg, gynécologue-obstétricien spécialisé en médecine de la reproduction et préservation de la fertilité. « Une rencontre avec un psychologue est également prévue pour vérifier que le don est altruiste et pleinement consenti. Enfin, un généticien s’assure, par une simple prise de sang, qu’il n’y a pas d’anomalie chromosomique ».

Un parcours plus lourd pour donneuses

Le don est réalisé dans un établissement hospitalier autorisé. Selon le Pr Michaël Grynberg, la procédure médicale est bien plus contraignante pour la femme.

« Un homme produit des millions de spermatozoïdes en une éjaculation, alors que la femme expulse un ovule chaque mois. Aussi, nous devons mettre en place un contrôle de la fonction ovarienne et sa stimulation modérée en vue de faire produire à la femme plusieurs ovules en même temps », détaille l’auteur de Les secrets de la PMA : 100 questions pour mieux vivre ce parcours (Marabout). Exactement comme pour une FIV – fécondation in vitro, la candidate reçoit des piqûres d’hormones FSH pendant une dizaine de jours, à raison d’une à deux injections par jour.

« Le suivi de la maturation ovarienne se fait grâce à des prises de sang et des échographies régulières. À la fin du protocole, la ponction des ovules se fait en bloc opératoire, sous anesthésie locale où générale. En bref, les candidates doivent être motivées », explique le gynécologue. D’où la multiplication des campagnes de sensibilisation par l’Agence de la Biomédecine.

L’anonymat des donneurs levé

Brochures, podcasts, tables rondes… De nombreuses initiatives sont mises en œuvre pour créer et nourrir des discussions entre donneur.se.e, receveur.se.s, personnes en attente de don, personnes nées d’un don, personnes prêtes à donner. Le changement juridique récent qui permet la levée de l’anonymat des donneurs justifie aussi l’intensification de la communication.

La loi relative à la bioéthique du 2 août 2021 accorde effectivement un nouveau droit pour les personnes issues d’une assistance médicale à la procréation avec don de gamètes ou d’embryon. À partir de leur majorité, ils ou elles pourront demander l’accès à l’identité des donneur.se.s et/ou à leurs données non identifiantes au moment du don : âge, antécédents médicaux, caractéristiques physiques, situation familiale et professionnelle, pays de naissance, motivations.

Dorénavant, donneuses et donneurs doivent, en amont du don, consentir à ce que leur identité puisse être un jour révélée aux enfants qui en seront issus. La commission en charge de l’accès aux origines est opérationnelle depuis septembre 2022. Aucune filiation légale ne peut toutefois être établie entre la personne issue d’un don de gamètes et le.a donneur.se.

La communauté LGBT particulièrement engagée

« Nous craignions que ce virage juridique diminue le nombre de candidatures, comme cela s’est passé dans la plupart des autres pays ou la loi a été adoptée. Cela n’a pas été le cas en France », se réjouit le Pr Michaël Grynberg. 

Depuis l’évolution législative de 2021, l’Agence de la biomédecine a mené, avec l’institut Viavoice, un nouveau baromètre d’opinion pour mesurer l’évolution de la perception du don de gamètes par les Français.es. Résultats : la modification de la loi ne change en rien leur envie de faire un don de gamètes (82 % des répondants affirment y être favorables). On note même une augmentation du nombre de donneurs et donneuses depuis la nouvelle loi.

D’après le gynécologue, cette hausse serait liée à la sensibilisation de la communauté LGBT, en particulier de la communauté gay par les femmes lesbiennes et les femmes célibataires qui, jusque-là, n’avaient pas le droit à la PMA. « On a relevé un flux de nouveaux profils de donneurs au fil des années : au départ les donneurs étaient tous anonymes et devaient faire preuve de leur capacité à avoir un enfant (donc être déjà parent). Désormais, on accepte des donneurs.es jeunes qui n’ont pas forcément d’enfants. Ces derniers constituent même la majorité des dons actuels », note le spécialiste.

Si la progression des dons est très encourageante, elle demeure fragile et insuffisante pour répondre aux besoins du nombre croissant de personnes en attente. « On constate entre un et trois ans d’attente pour les dons d’ovocytes, voire cinq ans pour les minorités ethniques, souligne le Pr Michaël Grynberg. La situation est plus simple dans les pays où les donneuses sont dédommagées financièrement ».

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