Dans son dernier livre, Cher connard, Virginie Despentes fait l’apologie des groupes de Narcotiques Anonymes, ces espaces bienveillants de partage.
Et de fait, se retrouver pour parler d’une addiction, mais aussi dans d’autres contextes, comme les cercles de femmes, de traumatismes ou d’abus, voire juste de ce qui nous contrarie en ce moment, serait hautement thérapeutique.
« Un groupe de parole est un endroit où on peut partager sa vérité et son histoire pendant cinq minutes sans être coupé·e, ni recevoir de conseils. Si on y réfléchit bien, il y a peu d’espaces dans la vie qui autorisent cela », souligne Camille Sfez, auteure de Vulnérable (Éd. Leduc, 2021) et psychologue clinicienne, qui propose un programme en ligne autour de la vulnérabilité. Bizarrement, être authentique face à une armée d’inconnu·es (entre huit et seize personnes environ, selon les thérapeutes et les situations) s’impose assez naturellement.
« En général, la première personne qui parle est un peu réservée, mais à mesure que le partage a lieu, les langues se délient et on accède à beaucoup de profondeur », précise Caroline Nagel, fondatrice du groupe de femmes guérisseuses Les Amazones parisiennes. « Si besoin, la personne qui mène le cercle peut partager à son tour pour montrer l’exemple et rassurer les participantes », ajoute-t-elle.
Une libération émotionnelle
Et tout à coup, « comme quand quelqu’un ose tomber le masque dans un dîner en ville », rappelle Camille Sfez, cela fait du bien à chacun·e de se dévoiler. Car non, tout n’est pas merveilleux comme le laisse penser Instagram et on est loin d’être seul·e dans ce cas. Alors, l’autre devient un miroir de soi.
« Même si je ne choisis pas de thème pour une séance collective, je vais avoir « par hasard » six ou sept personnes qui vont parler des différentes facettes d’un même sujet. Celui qui écoute se sent relié, soutenu, et les paroles des autres entrent en résonance avec son expérience et enclenchent une libération émotionnelle. Energiquement parlant, les séances collectives sont très puissantes », appuie Jessica Picini, thérapeute holistique.
Plonger le cœur grand ouvert et sans complexes.
Sans remplacer une thérapie individuelle, le travail en groupe peut aller jusqu’à « décupler ses résultats », selon Pauline Charlon, psychologue.
« Le caractère inconnu des mots déposés par quelqu’un d’autre peut toucher des parts de soi de façon très profonde et inattendue », précise-t-elle. Néanmoins, ce temps de parole limité et l’absence de travail en profondeur ne remplacent pas un suivi régulier individuel avec un thérapeute.
« Surtout si l’on fait de la rétention d’information, par peur de dévoiler des renseignements sur soi ou par crainte du regard de l’autre », poursuit Pauline Charlon.
Bref, se soigner en groupe peut être magique, à condition de plonger le cœur grand ouvert et sans complexes.
Article publié dans le Hors Série Marie Claire 08 Respirations
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