- La poitrine : une zone toujours en vue
- Retoucher ses seins sans être stigmatisée
- Le naturel revient au galop
- Une nouvelle poitrine sans implants
Après des années de stigmatisation des femmes trop sexy et trop maquillées, la bimbo connaît un retour de flamme inattendu. Si, sur TikTok, les jeunes « bombes » autoproclamées de la génération Z revendiquent leur droit à s’exprimer sur des sujets de société sans se voir cantonnées à leur physique, elles conservent les caractéristiques sulfureuses de leurs aînées : ongles démesurés, chevelures ultra-longues assorties de poitrines généreuses dévoilées dans des vêtements très décolletés.
Un détail peut-être, mais qui tend enfin à normaliser cette partie du corps longtemps considérée comme seule machine à fantasmes, et que les femmes se réapproprient sans complexes.
La poitrine : une zone toujours en vue
Symbole indissociable de l’éternel féminin, le sein a désormais une existence médiatique qui dépasse les frontières de l’esthétique, qu’il s’agisse de prévention du cancer du sein ou de thématiques autour de l’allaitement. Cela n’a pourtant pas été chose simple, comme l’explique le sociologue Jean-Claude Kaufmann, auteur de l’ouvrage Corps de femmes, regards d’hommes : sociologie des seins nus (ed. Pocket).
« Les hommes ont joué un grand rôle dans la sexualisation des seins. Lors de la guerre de 14-18, des cartes postales érotiques circulent dans les tranchées et donnent l’idée, pendant l’entre-deux-guerres, à des dessinateurs américains d’inventer la pin-up à la poitrine obus, icône des cartoons puis, du cinéma. Dans les années 1950, Gina Lollobrigida et Sophia Loren incarnent le modèle de la beauté, affichant une silhouette ultra-féminine et suggestive, dotée d’une poitrine fortement sexualisée. »
Le corps n’est plus un « instrument » au service des hommes ou dévolu au rôle de mère. On s’inscrit dans une logique « d’empowerment ».
Ces poncifs évoluent dans les années 1960, début de la révolution des seins nus à la plage. « Un brusque revirement se produit dans les critères de beauté. L’idée de l’ultra-minceur s’impose, mais aussi celle d’un corps moins marqué par sa féminité et ses attributs sexuels, permettant une émancipation des femmes plus radicale et un élargissement de leur liberté de mouvements. C’est, notamment, ce que symbolise la pratique du topless sur les plages, qui va durer plus de trente ans. Une offensive majeure contre ce qu’on appelle désormais, le « male gaze« . Devant cette assurance et cette libération, les hommes ont été contraints d’adopter un nouveau type de regard : soumis, modeste et glissant. Nous avons perdu le potentiel émancipateur de cette époque et nous assistons aujourd’hui à la fois à une montée de la pudeur et à une banalisation de la nudité sur les réseaux sociaux », poursuit Jean-Claude Kaufmann.
Retoucher ses seins sans être stigmatisée
Longtemps caricaturée, la chirurgie mammaire renvoyait, jusqu’à peu, à une frivolité confinant au vulgaire. Rebutées par les interventions excessives qui aboutissent à des seins figés, certaines femmes hésitaient, il y a quelques années encore, à passer le cap.
Ces idées reçues n’ont plus lieu d’être aujourd’hui, comme l’explique Jérôme Monnier, chirurgien plastique et esthétique. « Malgré la persistance dans l’imaginaire collectif, ou dans certaines émissions de téléréalité, de la figure caricaturale de la bimbo à la poitrine XXL, la demande actuelle rejoint ma philosophie professionnelle, qui consiste à obtenir le résultat le plus naturel possible en harmonie avec le corps et la personnalité de la patiente. La démarche est avant tout personnelle et ne répond pas aux fantasmes d’un conjoint éventuel. Le corps n’est plus un « instrument » au service des hommes ou dévolu au rôle de mère. On s’inscrit dans une logique « d’empowerment« , où la patiente en est pleinement maîtresse, en accord avec ses envies. Cela peut passer par la correction d’une « petite » poitrine ou d’une malformation mammaire souvent négligée par le corps médical, comme les seins tubéreux. Mais cela peut aussi être la correction des stigmates de la grossesse ou de l’allaitement, ce qui représente la moitié des patientes que j’opère. »
Plus les femmes sont jeunes, moins elles vont rester dans la souffrance d’un complexe qui les handicape au quotidien
Bref, les femmes s’affranchissent aujourd’hui des procès en vanité et des injonctions au naturel à tout prix qui exigent de se contenter de ce que la nature nous a donné, en mettant ses complexes en sourdine. D’ailleurs, les patientes passent à l’acte de plus en plus tôt. « Plus les femmes sont jeunes, moins elles vont rester dans la souffrance d’un complexe qui les handicape au quotidien, pour adopter une approche volontariste », confirme le médecin.
Même si l’influence des réseaux sociaux joue un rôle indiscutable dans la quête de la perfection physique, elle permet aussi au plus grand nombre de s’informer sur les techniques, les suites médicales et les options envisageables. Position de la prothèse, taille idéale des implants… toutes les étapes de la chirurgie mammaire sont désormais décortiquées de façon décomplexée sur Instagram et TikTok.
Le naturel revient au galop
La règle d’or que rabâchent en chœur tous les bons chirurgiens ? Opter pour une taille modérée d’implants, garantie d’un résultat naturel. « Fixer une taille raisonnable et ne pas opter pour des prothèses trop grosses est pour moi le plus important », explique Mihai Gorj, chirurgien et plasticien esthétique.
« Quand une patiente vient me consulter, je n’opte jamais pour un implant dont la taille dépasse celle du diamètre de son sein naturel. Je privilégie une projection qui sera adaptée à son implant. Une patiente ayant eu des enfants et voyant donc sa poitrine assouplie, pourra sans problème gagner deux bonnets, tandis que cela sera parfois plus compliqué pour une très jeune femme à la peau encore très ferme. En effet, plus la prothèse est grosse, plus elle détend la peau des seins ; ce qui peut mener à un cercle vicieux où la patiente choisit des implants toujours plus gros afin de compenser la perte d’élasticité. J’essaye aussi d’utiliser des techniques composites, comme le lipofilling, en complétant la pose d’une prothèse de taille raisonnable avec une injection localisée grâce à la graisse prélevée sur la patiente, pour en camoufler les bords et procurer un résultat plus souple, plus mobile. »
Pour davantage de naturel, et si le diamètre de la prothèse est plus petit que celui du sein et que celui-ci couvre l’implant, on peut la placer devant le muscle pectoral. Ainsi, l’implant et la glande mammaire vieillissent harmonieusement ensemble. Pour obtenir un bonnet plus important, il faut le placer sous le muscle pectoral, lequel maintient alors la prothèse. Au risque d’obtenir un effet « boules » avec une glande mammaire et une prothèse qui avancent en âge de façon déconnectée.
Le muscle peut alors parfois chasser les prothèses sur les extrémités, donnant ce résultat de seins artificiels et très écartés. Mais là encore… chacun ses goûts.
Une nouvelle poitrine sans implants
« Le lipofilling consiste à réinjecter la graisse prélevée sur le corps dans les seins. Contrairement aux injections d’acide hyaluronique éphémères, ce procédé est définitif, et peut même s’effectuer sous anesthésie locale. La graisse est centrifugée avant d’être réintroduite. Seule une partie pourra être utilisée », explique Mihai Gorj. Autrement dit, ce n’est pas la méthode pour un résultat spectaculaire.
Pour corriger un affaissement sans implants, il existe une opération appelée : cure de ptôse, mastopexie ou lifting mammaire. Elle s’adresse à des poitrines au degré de chute modéré à important. Il s’agit de corriger le déséquilibre entre le contenant (peau) et le contenu (glande mammaire, graisse) pour regalber le sein, le remonter et réduire la taille des mamelons.
Dans certains cas, seule de la peau va être retirée afin de redraper l’étui cutané au moyen le plus souvent de trois cicatrices en T inversé. Celles-ci sont très fines et peuvent être encore améliorées par du laser en fin d’intervention, ou des LED. Dans d’autres, de la peau et de la glande mammaire vont être soustraits.
Effrayée par l’anesthésie ? Pensez à la radiofréquence invasive. « Avec le laser Inmode, on peut remonter la ptose de 2 à 4 centimètres sans cicatrices et sans anesthésie, au moyen d’une seule séance d’une heure et demie très peu douloureuse. Les seins restent cependant marqués pendant une quinzaine de jours », termine l’expert.
Enfin, autre phénomène très en vogue : le fait que de plus en plus de femmes décident de se débarrasser de leurs implants mammaires, et de retrouver leurs seins au naturel. Comme une libération. À chacune son choix !
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