- La saison 2 de The White Lotus est lancée ce lundi sur OCS en US + 24.
- Après l’hôtel de luxe à Hawaï, Mike White, le créateur de la série, accoste pour cette saison 2 en Sicile avec une nouvelle troupe de vacanciers.
- 20 Minutes a rencontré Mike White, à CanneSeries en octobre 2021, alors que HBO venait d’annoncer le renouvellement de The White Lotus.
Embarquement imminent ! The White Lotus, sensation de l’été 2021, revient pour une saison 2 ce lundi sur OCS. Le succès rencontré par ce qui devait n’être initialement qu’une minisérie, qui a raflé 10 récompenses lors de la dernière cérémonie des Emmy Awards, a convaincu HBO de prolonger le séjour.
Après l’hôtel de luxe à Hawaï, Mike White, le créateur du show à qui l’on doit aussi l’extraordinaire Enlightened, accoste pour cette saison 2 en Sicile avec une nouvelle troupe de vacanciers, à l’exception de Jennifer Coolidge, qui reprend le rôle de l’inénarrable Tanya McQuoid. 20 Minutes a rencontré Mike White, à CanneSeries en octobre 2021, alors que HBO venait d’annoncer le renouvellement de The White Lotus.
Avez-vous été surpris par le succès de la série ?
Je ne pensais pas que le public serait si nombreux et que les gens parleraient autant de la série. Ce qui était amusant pour moi, c’était d’avoir un large éventail de personnes qui débattaient de ce qu’ils ressentaient à propos d’une de mes séries… En tant que scénariste, je ne cherche pas à gagner un concours de popularité. Voir toutes les conversations qui ont découlé de The White Lotus, même de ceux qui n’aimaient pas la série ou les personnages, est très gratifiant pour un artiste. C’est un peu la raison pour laquelle on fait cela. Je veux que le public soit stimulé, pas nécessairement qu’ils sortent en courant ou qu’ils adorent, mais qu’ils s’engagent.
Comment est née l’idée de faire de The White Lotus une anthologie ?
La vérité, c’est que nous nous sommes retrouvés dans cette situation parce que beaucoup de séries ont été interrompues à cause du Covid. HBO m’a demandé de créer une série facile à produire, sur laquelle le Covid n’aurait pas beaucoup d’impact. C’est comme cela qu’est née l’idée d’un show dans un hôtel, qu’on ne quitterait pas. The White Lotus a été construit pour cela, c’était le concept. L’idée était de ne faire qu’une saison, mais la série a eu un grand succès. Cela n’avait pas de sens de retourner dans le même hôtel, parce que toutes les intrigues autour des personnages sont bouclées. Alors, on fait quelque chose de nouveau, avec de nouveaux personnages et de nouveaux thèmes. Pour moi, c’est génial, je n’ai jamais travaillé sur une série qui a duré plus de deux saisons. Je pense qu’il y a une raison à cela. C’est parce que c’est amusant de repartir de zéro, j’aime ça ! Vous savez, je suis plus un sprinter qu’un marathonien !
Une anthologie comme La Quatrième Dimension suppose des points communs, qu’est qui fait, selon vous, l’ADN de The White Lotus ?
Je pense que l’action doit rester dans un hôtel, et qu’il doit s’agir, toujours, de suivre des gens pendant leurs vacances. Je pense que The White Lotus est une sorte de comédie existentielle, dans le sens où, quand les gens sont en vacances, c’est un moment où l’on évalue sa propre vie. Parfois, pendant les vacances, le fait d’être avec ses proches, permet de réaliser avec qui vous vivez et qui vous êtes vraiment. En découle un genre de comédie et de drame universels.
La saison 1 explorait aussi les questions de domination, de classes sociales, etc. Souhaitez-vous continuer d’explorer ces questions ?
La première saison portait sur l’influence de l’argent sur nos relations les plus intimes. La domination vient réellement de celui qui a l’argent, le pouvoir. Ce pouvoir peut déformer les relations, même au sein de la famille ou entre un mari et une femme. Mais évidemment, entre l’employé d’un hôtel et un vacancier, il y a une sorte d’approfondissement de toutes ces itérations. Pour la seconde saison, comme nous l’avons déjà fait, je pense que nous aborderons cet aspect sous un angle différent.
Au travers vos nouveaux personnages, vous souhaitez toujours explorer ce qui fait société aujourd’hui ?
Oui, je pense que la raison pour laquelle les gens ont réagi à la première saison était son caractère opportun. Elle était très actuelle et nous voulons recommencer. C’est difficile parce que tout va si vite dans notre culture actuelle. C’est difficile de suivre le rythme !
En saison 1, nous avions un couple en lune de miel, une famille, une femme esseulée… Des archétypes avec lesquels vous avez réussi à surprendre le spectateur…
J’ai toujours aimé les histoires où vous pensez savoir ce que sont les gens, et vous comprenez qu’ils ne sont pas réellement cela. C’est vrai aussi dans la vie. On ne peut réduire quelqu’un à un stéréotype culturel. Ça ne colle jamais aussi bien que cela. Aujourd’hui, et surtout en Amérique, tout le monde est réduit à son identité de groupe. Beaucoup d’essais et de non-fictions sont écrits en ce sens. La fiction nous rappelle qu’on ne rentre pas forcément dans les cases, qu’il y a un élément humain, parfois en désaccord, avec ce qu’on voit les uns des autres comme étant partie d’un groupe.
Vos personnages discutent de la culture woke en saison 1, quelle est votre opinion personnelle sur ce sujet, pensez-vous par exemple qu’il faut des auteurs noirs dans les salles d’écriture ?
C’est une question compliquée, ou peut-être que la réponse compliquée. Je me considère comme un écrivain, pas comme un producteur de télévision. Si je n’écrivais pas pour la télé, j’écrirai un livre, un poème ou une pièce de théâtre. Je suis un écrivain introverti qui aime écrire. L’idée de sous-traiter une partie de l’écriture à d’autres sape toute ma raison d’être. Chaque fois que j’ai travaillé avec une équipe, ça a été très difficile. Je ne peux pas. Je pense aussi qu’il y a un vrai argument à faire-valoir, c’est que jusqu’ici ceux qui ont eu la possibilité de raconter des histoires sont des hommes hétéro blancs. Il est vraiment important que le monde s’ouvre pour que plus de personnes différentes puissent raconter leurs histoires. Mais, le but de l’art n’est pas nécessairement de dire que les Noirs ne peuvent voir les choses que du point de vue noir, ou qu’un blanc ne peut voir les choses que d’un point de vue blanc, qu’un homme ne peut que raconter l’histoire d’un homme. Cela va à l’encontre de l’exercice de l’art, qui est de nous rappeler que par l’imagination et la compassion, nous pouvons entrer dans la tête des autres. Il y a plein d’autres aspects de l’expérience vécue qui ont à voir avec l’âge, l’argent, le lieu où l’on vit… Si on devient trop dogmatique, si on pousse cela à l’extrême, ça mettra fin à l’effort artistique, et on ne ferait qu’écrire ses mémoires. Mais je comprends aussi pourquoi les gens utilisent cet argument pour ouvrir le marché du travail et offrir plus d’opportunités d’emploi aux personnes qui, historiquement, n’ont pas pu en trouver.
Succession, Billions, White Lotus… Il y a beaucoup de séries sur les ultra riches qui représentent peu de monde sur Terre. Pourquoi fascinent-ils tant ?
Je n’ai pas l’habitude d’écrire sur les gens riches. C’est drôle que la série que j’ai écrite sur des gens riches soit le plus grand succès de ma carrière ! Le fait que ce soit sur des gens riches et séduisants a probablement attiré plus de monde… Je pense qu’il y a en ce moment beaucoup d’anxiété et d’incertitudes dans le monde et que The White Lotus touche à quelque chose d’universel. Mais l’emballage joue la carte de l’évasion, et cela a compté pendant le Covid. Les gens veulent se voir quand ils regardent la télé, mais ils ne veulent pas non plus qu’on leur rappelle la facture ou le loyer qu’ils n’ont pas payé ! The White Lotus est divertissant et existentiel. Je ne vais passer le reste de ma carrière à écrire sur les riches, mais c’est drôle de constater que cela attire un si grand public.
Vous n’avez jamais fait de séries avec plus de deux saisons, aimeriez-vous faire une saison 3 pourThe White Lotus ?
On verra comment ça se passe. Ce serait le rêve de pouvoir continuer à aller dans différentes parties du monde et refaire une série avec d’autres personnages. Ça sonne comme une sorte d’idéal pour un créateur comme moi… Espérons que HBO aime toujours cette saison et que les gens l’aimeront encore. Je ne suis pas le genre de personne qui reste à une fête si l’ambiance n’est plus bonne.
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