Violée et torturée au cœur de sa résidence, en plein Paris, cette petite fille, qui n’avait que 12 ans, est pleurée par toute la France…
La France avait connu le choc de l’ignoble meurtre du petit Grégory. Quelques décennies plus tard, la même tragédie serait-elle en train de se reproduire en France ? Tout porte à le penser.
Il est 23 heures 30, ce vendredi 14 octobre. La BPM (Brigade de la protection des mineurs) prévenue par un SDF, découvre, au troisième sous-sol d’une résidence plutôt huppée, rue Manin, dans un quartier pourtant tranquille du XIXe arrondissement parisien, le cadavre de la petite Lola, 12 ans. Plus jamais celle-ci ne sourira, alors qu’elle avait encore toute la vie devant elle. Car là, c’est une vision d’épouvante qu’offre ce corps martyrisé à coups de cutter, ligoté dans une caisse en plastique. L’autopsie indiquera plus tard que Lola serait morte asphyxiée.
Plus tôt dans l’après-midi, l’enfant est pourtant censée être revenue du collège Georges-Brassens, où elle se montre brillante élève. Ses parents, calaisiens et originaires de Béthune, ne la voyant pas rentrer, alertent rapidement la police. Il est déjà trop tard, mais ils ne le savent pas. Le père a pourtant le bon réflexe et consulte immédiatement les vidéos de surveillance de la résidence dont il est le gardien et où il habite avec sa femme et sa fille adorées.
Les marques de compassion affluent sous forme de bouquets au pied de l’immeuble où s’est déroulé le drame.
Trois autres suspects
Puis, c’est l’horreur, insoutenable : il voit Lola vivante… une dernière fois. Elle est accompagnée d’une femme d’une vingtaine d’années. À en croire Le Parisien, une voisine aurait aussi été présente : « Cette dame lui fait un geste, comme si elle lui disait de venir. Lola n’avait pas l’air rassurée du tout. On comprend que ce n’est pas normal, ce qui est en train de se passer. » C’est d’ailleurs l’avis de la police qui ne tarde pas à mettre la main sur l’inconnue, grâce au témoignage d’un jeune homme se souvenant l’avoir aidée à glisser la fameuse caisse à l’arrière d’une Dacia Lodgy, véhicule qui est identifié quelques heures plus tard, en même temps que son conducteur et trois autres suspects au passage.
De qui s’agit-il ? D’une certaine Dahbia B, une jeune femme de 24 ans dont les complices ne seraient autres qu’Amine K., Friha B. et Rachid N., à en croire les indiscrétions filtrant dans les médias. La principale suspecte, si elle n’affiche pas de casier judiciaire, présenterait néanmoins un lourd passé psychiatrique et aurait été interpellée le 21 août dernier dans un aéroport par les services de police pour défaut de carte de séjour. Elle n’aurait pas d’autres antécédents judiciaires si ce n’est qu’en tant que victime de violences conjugales.
Ce qui n’empêche pas l’émotion de submerger une France déjà en proie à un sentiment grandissant d’insécurité.
Dahbia B, 24 ans, une SDF, aurait agi par vengeance
Sévices barbares
Car, au-delà des marches blanches de circonstance, des larmes opportunes, des émois de confort, des poses face caméra, l’effroi suscité par cet assassinat dépasse l’habituel cirque médiatique. En effet, ce qui lui est arrivé pourrait concerner tous les parents et grands-parents. Il ne s’agit pas ici d’un règlement de comptes entre bandes rivales et autres gangs de voyous se disputant un territoire, mais de l’innocence fauchée d’un enfant sans histoire, d’une simple fillette à laquelle l’avenir appartenait, jusqu’à ce funeste vendredi 14 octobre.
Ensuite, comment expliquer un tel drame, sachant que l’hypothèse d’un crime crapuleux ou la piste d’un proxénétisme de plus en plus envahissant dans ces “zones” que l’on qualifie parfois de “non droit” ne saurait véritablement tenir la route ? Il est sûrement encore trop tôt pour répondre à ces questions. Nonobstant, une piste est esquissée par Le Journal du dimanche de ce 16 octobre : « Un riverain aurait été sollicité par deux fois [par la femme de la vidéo, ndlr] pour l’aider à porter une lourde boîte, lui promettant de l’argent en lien avec un “trafic d’organes”. Ce que l’homme en question aurait décliné. Faut-il ajouter foi à une telle hypothèse ? Ce n’est pas forcément l’avis des enquêteurs, tant ce genre de réseaux relèvent plus du banditisme international qu’à de tels sordides assassinats. En revanche, plus intrigants sont ces chiffres, “un” et “zéro”, inscrits en rouge sous chaque pied de la victime », selon la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau.
D’après l’AFP, la suspecte aurait rétorqué aux enquêteurs qui lui ont présenté des clichés du corps de Lola : « Ça ne me fait ni chaud ni froid ». Avant d’ajouter : « Moi aussi, je me suis fait violer et j’ai vu mes parents mourir devant moi ». Cependant, le formidable travail des enquêteurs de la brigade criminelle fournit quelques clés pour comprendre cette sombre affaire : interpellée au petit matin chez des proches à Bois-Colombes, Dahbia B. a avoué aux policiers effarés l’impensable, avant de se rétracter : elle aurait ordonné à Lola, conduite dans l’appartement de sa soeur, de se doucher avant de la violer, puis de l’étouffer.
Un acte odieux, suivi de sévices barbares, dont une pluie de coups à l’arme blanche au visage, au dos et au cou, portés à la malheureuse enfant post-mortem… Seul motif de ce déchaînement de violence gratuite : Dahbia B se serait vengée, car les parents de Lola, gardiens de l’immeuble, auraient refusé de lui délivrer un badge d’accès à la résidence…
Mise en examen
En attendant que s’éclaircissent les mobiles précis de ce meurtre d’une hallucinante sauvagerie, nombre de ténors politiques commencent à monter au créneau, n’hésitant pas à mettre le gouvernement sous pression et obligeant Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale à reconnaître : « Face à ce drame, au traumatisme des élèves et de l’équipe pédagogique, je leur apporte tout mon soutien et partage leur émotion. Merci aux cellules d’écoute pour leur travail si nécessaire. » Même si la principale suspecte a été mise en examen et placée en détention provisoire pour « meurtre sur mineur de 15 ans accompagné de viol, torture ou actes de barbarie » et même si son complice soupçonné de l’avoir hébergée et de lui avoir servi de chauffeur a été mis en examen pour « recel de cadavre », cela ne va pas forcément rassurer ces millions de parents qui désormais redoutent de laisser leurs enfants revenir seuls de l’école…
Nicolas GAUTHIER
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