Ayant loué son logis à une locataire indélicate, un couple de retraités s’est vu forcé de vivre dans son camping-car pendant plus de deux ans. L’occupante illégale a fini par être expulsée.

©VALERIE VREL – Pierre et Maryse 

Nous sommes en 2017, près de Marseille. Pierre et Maryse forment un couple uni comme au premier jour. Ayant travaillé dur leur vie durant, ils estiment qu’à 70 ans, ils ont bien mérité le droit de s’octroyer un petit plaisir. Ils veulent voir du pays : la France déjà, et un tour d’Europe ensuite. Alors, puisant dans leurs économies, ils s’offrent un joli camping-car et décident de partir à l’aventure, en amoureux. Pourtant, Pierre et Maryse sont prudents et conviennent de louer leur maison d’Estaque, afin de ne surtout pas la retrouver squattée à leur retour. Seulement voilà, un funeste sort en décide autrement…

Pour de graves raisons de santé, ils sont obligés de rentrer prématurément, fin 2019. Et là, le calvaire commence. Ils signifient à leur locataire, Nadia, que son bail arrive bientôt à échéance et qu’ils souhaitent réintégrer leur logis. Tout est évidemment fait dans les règles. Mais Nadia refuse d’entendre raison. Pis, devenue squatteuse, elle ne s’acquitte désormais plus de son loyer et de ses charges…

Larmes

À tel point que les propriétaires légitimes en sont réduits à régler ses factures d’eau. Et cela fait maintenant plus de deux ans et demi que ça dure ! Maryse, interrogée par BFM TV, ce 27 septembre, peine à retenir ses larmes : « Nous avons voulu bien faire les choses et finalement, on se retrouve à la rue… » Ainsi vivent-ils depuis dans leur camping-car. Et Maryse de poursuivre : « L’hiver, il faut trouver des places, il faut trouver des aires. Si on trouve des aires avec de l’électricité, c’est mieux. » Pire encore : « Le confinement, ça a été très dur. Pendant que cette personne, elle, était chez moi, tranquille. »

« Nous sommes devenus des SDF », soupire Pierre, son époux. Et depuis ? Le couple n’a pas d’autre choix que de dresser ce triste constat : « Ça fait deux ans et demi qu’elle devrait avoir trouvé un appartement. On a gagné le procès et elle était donc expulsable à partir du 14 septembre dernier. Elle a demandé, à ce moment-là, une prolongation de six mois pour chercher un appartement. Elle fait tout ce qu’elle peut pour retarder l’échéance. »

Pas un cas isolé

Ce drame n’est malheureusement pas un cas isolé. Le phénomène étant par nature illégal, il est donc délicat de le chiffrer. Néanmoins, pour la seule année 2019, les demandes d’expulsion locative s’élevaient à… 153 378. Pourtant, Pierre et Maryse ont paradoxalement eu de la chance dans leur malheur. Dans la région marseillaise en effet, d’autres conflits connaissent une issue bien plus dramatique. Souvenez-vous de ce jeune homme de 23 ans tué par balles dans la copropriété Le Gyptis, dans le IIIe arrondissement de la cité phocéenne, pour s’être opposé à des squatteurs qui s’étaient emparés d’un bâtiment entier où ils faisaient régner la terreur auprès des derniers locataires en règle. Là aussi, justice et police assurent vouloir résoudre le problème au plus tôt. On attend toujours.

Pourtant, le salut vient parfois de là où on ne l’attend pas forcément. Ainsi, depuis ce samedi 1er octobre, Cyril Hanouna, dans son émission Touche pas à mon poste, a décidé de mettre les pieds dans le plat en prenant la défense de Pierre et Maryse contre Nadia dont on sait maintenant qu’elle ne se donnait même pas la peine d’ouvrir les innombrables lettres en recommandé qu’elle recevait depuis des mois. Pour sa défense, cette dernière affirmait aussi être submergée de « menaces ».

Trève hivernale

Le ramdam suscité par Cyril Hanouna aurait-il joué un rôle dans le réveil de la machine administrative ? L’autorité publique semble s’être mise en branle. Il y avait péril en la demeure en effet. La traditionnelle « trêve hivernale » débutant le 31 octobre aurait contraint Pierre et Maryse à passer six mois de plus dans leur camping-car en maintenant la squatteuse dans leur logis. Or, ce lundi 10 octobre, la préfecture des Bouches-du-Rhône a effectivement procédé à l’expulsion de l’occupante.

Celle-ci « s’est vu proposer une solution de mise à l’abri dans un hôtel à proximité de son ancien logement en attendant qu’elle trouve une habitation pérenne », a indiqué la préfecture, selon des propos rapportés par BFM TV. Les services de l’État l’accompagneraient aussi « dans la constitution de son dossier Dalo [droit au logement opposable], en vue de l’instruction de sa demande de logement social ».

Et aussi ….

Affaire TRAORÉ : Le lynchage médiatique

Mon fils n’est pas un assassin (éd. Robert Laffont) est un livre qui fait déjà du bruit, d’abord parce qu’il rééquilibre la vox populi. Souvenez-vous, le 19 juillet 2016, Adama Traoré décède dans la cour de la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise). Depuis, les expertises médicales semblent donner raison aux forces de l’ordre : l’organisme déjà très fragilisé du délinquant aurait lâché au moment où il tentait de leur échapper. Virginie Gautier, la mère d’un des gendarmes mis en cause dans l’affaire, s’exprime aujourd’hui à la place de son fils tenu au devoir de réserve des militaires. « Nous avons subi la haine, confie-t-elle éplorée. […] Mon fils et son épouse ont été exfiltrés de leur logement, puis cachés plusieurs semaines, de peur qu’on n’attente à leur vie. » Et de dénoncer : « Dans cette affaire, la partie civile a eu longtemps un boulevard de communication. La gendarmerie est restée silencieuse et les fonctionnaires mis en cause n’ont pas eu accès au dossier durant deux ans. » Puis ce cri du cœur : « Nous sommes des gens de gauche, engagés, syndicalistes, antiracistes. […] Les médias ont fabriqué une icône, Assa Traoré, dont le discours est extrémiste et violent, a fait du prénom de son frère Adama, une marque déposée à l’INPI, Institut national de la propriété industrielle. » Une marque déclinée en tee-shirts et gadgets, souligne ce livre.

Nicolas GAUTHIER

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