Cet album est un hommage aux compositeurs de musique concrète « Pierre Henry et Pierre Schaeffer » et « aussi à la Maison de la Radio et de la Musique« , a déclaré ce vendredi sur franceinfo Jean-Michel Jarre qui sort son 22e album Oxymore réalisé dans le studio de création sonore de Radio France. Dans ce nouvel opus, le compositeur de musique électronique et d’œuvres immersives a utilisé des sons que Pierre Henry, lui a légués peu de temps avant sa mort.
Jean-Michel Jarre promet dans l’avenir des concerts « dans le monde réel et en même temps en direct dans le métavers et dans des univers virtuels« . Selon lui, le métavers « va devenir un mode d’expression en soi et va générer de nouveaux acteurs, de nouveaux créateurs, de nouveaux musiciens« .
C’est un projet qui s’est un peu concrétisé à Radio France ?
Tout à fait ! C’est un projet que j’ai en tête depuis longtemps parce que j’ai toujours été obsédé dans ma musique par la notion d’espace. Déjà en stéréo avec Oxygène, l’idée d’élargir l’espace était dans mes souhaits. C’est aussi un hommage à la Maison de la Radio et de la Musique dont on ne dira jamais assez à quel point le service public est défricheur en matière sonore. C’est dans cette maison qu’a été développé la FM, le binaural, le multicanal. Ce projet n’aura pas pu exister sans le studio Innovation de Radio France.
Mais c’est aussi un hommage à la musique concrète ?
Absolument. Pierre Henry et Pierre Schaeffer qui était le patron du Groupe de recherches musicales rattaché à l’O.R.T.F. à l’époque, ont défini ce qu’allait finalement être la musique d’aujourd’hui, c’est-à-dire dans une sorte d’apologie d’Oxymore, de pouvoir mêler les bruits de la vie dans la musique, de pouvoir mélanger le son d’un oiseau avec une clarinette, le son d’un moteur avec des percussions. Cette manière très iconoclaste et très surréaliste d’approcher la musique est finalement une contribution majeure dans la manière dont on écoute et fait la musique aujourd’hui. Qu’on fasse du hip hop, de l’électro, du jazz ou du rock, tout le monde est devenu un peu Sound designer, un peu des petits-enfants du service public, des petits-enfants de Pierre Henry notamment, et de Pierre Schaeffer auxquels je rends hommage à travers cet album.
Les concerts de cet album vont être forcément particuliers. Vous allez nous embarquer dans le métavers ?
Avec le Covid-19, on a changé de paradigme. Notre relation aux outils numériques a évolué. On en a parlé à sa famille à travers des écrans interposés. On s’aperçoit donc que les outils numériques sont en train de changer notre vie. On parle beaucoup de métavers, de réalité virtuelle qui ne sont pas des abstractions froides et inquiétantes, mais qui au contraire ont une dimension sociale. Le fait de pouvoir justement toucher des gens qui, pour des raisons géographiques, pour des raisons sociales, des raisons de handicap, n’ont pas pu jusqu’à maintenant être connectés, partager des concerts avec nous et le reste de la population. Donc effectivement, ce sont des technologies qui vont nous permettre de nous exprimer différemment, de démocratiser aussi des outils de création.
« Mes concerts dans l’avenir seront forcément dans une situation un peu hybride, c’est-à-dire dans le monde réel et en même temps d’être en direct dans le métavers et dans des univers virtuels. »
sur franceinfo
Vous dîtes « N’ayez pas peur, c’est l’avenir possible des spectacles vivants » ?
Un avenir possible, c’est exactement le terme. A l’époque des frères Lumière, on inventait le cinéma, les gens du théâtre disaient, « ces gens qui s’agitent sur un écran blanc, ce ne sont pas de vrais acteurs ». Un véritable acteur, c’est quelqu’un qui est sur une scène, devant un public. Finalement, le cinéma est devenu l’art majeur qu’on connaît. Pour tout le métavers, c’est la même chose. C’est quelque chose qui ne va certainement pas affaiblir le spectacle vivant, mais au contraire le renforcer, mais va devenir un mode d’expression en soi et va générer de nouveaux acteurs, de nouveaux créateurs, de nouveaux musiciens, tout un nouvel écosystème, et créer des emplois, de nouveaux ingénieurs du son, de nouveaux producteurs. Et le service public défriche encore sur ce plan, avec notamment le studio Innovation de Radio France avec lequel nous avons ensemble de grandes ambitions, de créer justement une académie du son qui nous permette de former et de passer le relais à de jeunes créateurs, des jeunes producteurs.
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