- La saison 3 de The Marvelous Mrs Maisel installe son héroïne, incarnée par Rachel Brosnahan, dans le succès.
- Après Gilmore Girls, la créatrice de la série, Amy Sherman Palladino, goûte le plaisir d’avoir les moyens de ses ambitions scénaristiques.
- Pour la créatrice du show et son actrice principale, le propos de la série s’en trouve aussi modifié.
Est-ce que The Marvelous Mrs Maisel, la série d’Amazon, a du succès parce que Mrs Maisel, son héroïne incarnée par Rachel Brosnahan, en a ? Ou Mrs Maisel a-t-elle du succès parce que The Marvelous Mrs Maisel en a ? La question peut sembler idiote mais les destins croisés du show et de son héroïne sont troublants. Débarquée sur la pointe des pieds, la série d’Amy Sherman Palladino (Gilmore Girls), a, depuis, gagné
des tonnes de récompenses, dont huit Emmy Awards et trois Golden Globes, et le coeur du public. A tel point que la série, dont la saison 3 vient d’être dévoilée,
a été reconduite pour une quatrième.
Parallèlement, The Marvelous Mrs Maisel suit le parcours de
sa pétillante héroïne sur les routes du succès. Ex-femme au foyer dévouée et enjouée, puis jeune divorcée qui met sa verve et son désespoir au service de la stand up comedy, Midge Maisel est passé des micro-scènes du New-York interlope en saison 1, à une tournée à Las Vegas et Miami, et en Europe, en saison 3. Amy Sherman ne s’en cache pas : cette histoire, elle n’a pu l’imaginer, et la raconter, que grâce au colossal budget investi par Amazon.
Voyage obligatoire
Habituée à raconter ses histoires avec des bouts de ficelles, la créatrice des mythiques Gilmore Girls avait su compenser par un art du dialogue à la mitraillette, où l’éloquence remplace les décors et mouvements de caméras savants. Avec The Marvelous Mrs Maisel, elle a les moyens d’une reconstitution colorée de New-York au tournant des années 1960. « Quand on veut raconter un fantasme, on ne lésine pas », rigole Amy Sherman quand on l’interrogeait sur une autre reconstitution, montrée en saison 2, d’un Paris bohème et intello dans les années 1950. « Le grand plaisir, c’est d’avoir des décors, et beaucoup de caméras, explique Amy Sherman à 20 Minutes. Je sais que ça peut sembler bête mais c’est vraiment génial de pouvoir tourner dans les endroits où les personnages sont censés aller. Midge est une femme qui s’ouvre, au monde, entre autres choses.
Elle devait voyager, elle devait aller en Europe, elle devait aller en Floride… Elle est née pour ça. »
Au-delà des décors naturels et des reconstitutions minutieuses, Amy Sherman a mis l’argent de la production au service d’une réalisation généreuse. « Midge se définit dans sa manière de bouger. Un autre détail qui a son importance. Quand elle déboule dans les couloirs bondés, elle ne bouscule pas les gens mais elle continue d’avancer très vite en virevoltant, mi-virtuose, mi-clown. Cette gestuelle définit le personnage. Mais pour ces plans-là j’ai besoin de caméras, de rails, de décors sans plafond… Et toutes ces choses coûtent de l’argent. »
Un personnage inspirant
Mais il n’y a pas que l’argent dans la vie. En saison 3, alors que Midge Maisel découvre un certain confort de l’exercice de sa profession, ses parents sont confrontés, pour la première fois de leur vie, à la nécessité. Les récits croisent alors la question du succès, et de la reconnaissance sociale. Rachel Brosnahan, interprète de Mrs Maisel, a connu elle-même la reconnaissance grâce à ce personnage, dont la quête de succès l’a nourri. « C’est un personnage très sûre d’elle, très volontaire, elle pense qu’elle peut tout arranger avec son énergie, explique Rachel Brosnahan à 20 Minutes. C’est très agréable à jouer parce qu’elle ne perd pas de temps en doutes métaphysiques. Et je ne veux pas la jouer comme une petite chose fragile qui cache ses doutes sous ses tenues à la mode. Non, c’est vraiment une femme exemplaire, elle est positive même dans les moments où elle est perdue. »
En saison 3, l’actrice, qui toque désormais à la porte de la A List hollywoodienne, s’est aussi inspirée de l’engagement de son alter ego de fiction : « Au début de la série, on peut la juger superficielle. Elle découvre qu’il y a une manière plus radicale de se mettre en scène, plus politique, plus dérangeante, avec le stand up. Elle se découvre une voix originale. Et ça, c’est inspirant en tant qu’actrice. Les actrices, plus encore que les acteurs, peuvent parfois se sentir prisonnières des rôles qu’on leur propose, et d’une vision sexiste de l’industrie. Le succès de ce personnage, de cette série, me conforte dans l’idée qu’une actrice peut et doit avoir des opinions. »
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