Les parents d’adolescents se désolentbien souvent de voir leur progéniture traîner des pieds, se lever tard, et rechigner à la moindre tâche. Découvrez les explications mais aussi les conseils de Rachida Raynaud, psychologue, pour comprendre et accompagner au mieux votre ado.

• Causes
• Est-ce grave ?
• Motiver un ado

Un terme existe même pour parler de cet état apathique et indifférent à tout dans lequel se confortent les adolescents : l'adocrastination. Un phénomène normal et courant à cet âge… jusqu'à un certain point. Précisions.

Pourquoi les ados semblent-ils toujours fatigués et blasés ? 

La fatigue des adolescents est liée à des facteurs physiologiques, émotionnels et environnementaux.  

• Les facteurs physiologiques

"Sur le plan physiologique, il y a évidemment l'impact des hormones, la croissance qui est époustouflante à cet âge, des changement au niveau cérébral, des modifications du rythme veille/sommeil. Beaucoup de choses se passent dans le corps et apportent une fatigue supplémentaire.", explique Rachida Raynaud. 

• Les facteurs environnementaux 

 C'est coûteux en énergie de traverser l'adolescence !

Les adolescents ont également un rythme bien souvent anarchique : ils se couchent tard, se lèvent très tôt pour aller en cours. Les écrans sont très présents et cela peut aussi avoir un impact sur la qualité de leur sommeil, de même que la prise de substances éventuelles (tabac, cannabis, alcool.)

• Les facteurs émotionnels

"La fatigue des adolescents est également en lien avec le chamboulement émotionnel auquel ils font face : les questions identitaires, les réflexions autour des relations amoureuses, amicales, autour du corps", explique la psychologue. 

En résumé, cette apparente paresse des adolescents est en grande partie liée aux bouleversements qui les agitent. Elle est toutefois à nuancer, car généralement liées à certaines situations bien particulières. "Ils n'ont aucun problème à faire quelque chose qui leur apporte un plaisir immédiat (les copains, les sorties, les réseaux sociaux etc.) Il y a une alternance entre leur investissement dans ces activités plaisantes, et quelque chose de languissant par ailleurs. Ce n'est pas très grave tant qu'il y a de l'envie quelque part.", précise Rachida Raynaud. 

Les adolescents veulent montrer une individualité qui leur est propre, à contre-courant des propositions des parents. Il s'agit d'un processus normal, même s'il peut être mal vécu par les parents qui ont l'impression que rien n'intéresse leurs ados. "Ils affirment ça en étant dans un sentiment d'appartenance très fort à leur groupe d'amis, à leurs camarades. Ils agissent par mimétisme et rejettent parfois par principe les propositions de leurs parents", explique la psychologue. 

Est-ce grave si mon ado ne fait rien ? 

Les parents doivent rester vigilant quant à l'intensité de ce comportement et faire la part des choses entre un ado normalement blasé et fatigué, et un ado qui déprime. "Lorsque le lien est compliqué, que les notes chutent, que l'ado se renferme, qu'il semble avoir une impossibilité à prendre du plaisir même avec d'autres, ou que ses intérêts se transforment en addiction, il faut réagir et consulter", conseille la psychologue. Cette dernière rappelle que les jalons de l'adolescence se posent dès l'enfance. "Le maintien de la communication est primordial, et surtout la mise en place de la confiance. Il faut passer un contrat de confiance avec l'enfant, le mettre face aux responsabilités et accepter de le laisser grandir, en accordant progressivement de nouvelles libertés .", a-t-elle expliqué.  

Rachida Raynaud rappelle qu'il est important de maintenir un équilibre dans la vie de l'adolescent entre le travail intellectuel, les relations sociales, le sport, pourquoi pas une activité artistique. "Le sport peut l'aider à se sentir mieux dans son corps, à se relâcher par rapport au regard des autres. Et si bien sûr sa scolarité est importante, il ne sert à rien d'être hyper anxieux par rapport aux notes, ce qui renforcera le refus ou l'évitement de l'adolescent.  Il est bon aussi de laisser l'ado paresser s'il en a besoin, de se faire aider pour qu'il ait du soutien scolaire dans son établissement ou en dehors", ajoute-t-elle. 

Comment motiver mon ado à travailler et à sortir ? 

"Les adolescents ont besoin concrètement d'avoir un cadre et des limites. Il ne faut pas les laisser dans leur coin en se disant que ça passera. Il est primordial de garder un contact. Et cela passe par s'intéresser au monde de l'ado : aller vers ce qu'il écoute, ce qu'il regarde, en parler avec lui, partager les activités qu'il aime. C'est aussi un moyen de communiquer", explique la psychologue. Lorsque la situation est trop conflictuelle, passer un contrat avec son ado peut être une bonne idée afin de le responsabiliser. "Le contrat se négocie à deux, avec une proposition et une contrepartie. On peut par exemple l'autoriser à se coucher plus tard, à avoir un temps d'écran un peu plus long. Mais en lui disant que tel jour il va faire ses devoirs et que pendant le week-end il devra faire au moins une activité à l'extérieur de la maison." propose Rachida Raynaud. Le contrat est un moyen de montrer à l'enfant que ses efforts seront récompensés, qu'il va obtenir quelque chose en échange, et qu'il n'est pas seulement dans la position de celui qui doit toujours obéir puisque symboliquement le contrat est une négociation entre deux parties, avec donc un temps d'échange autour des attentes et envies/besoins de chacun.

Bien souvent les adolescents ont du mal à se projeter, c'est aussi pour cette raison qu'ils se raccrochent à ce qui procure un plaisir immédiat. Ils préfèrent éviter de penser à la suite, à l'avenir, au flou dans lequel ils se sentent, car c'est anxiogène. "Pour les motiver à travailler, on peut avoir une discussion informelle avec eux sur leurs attentes, leurs rêves. Cela permet de faire le lien avec ce qu'ils peuvent faire aujourd'hui pour atteindre leurs objectifs : le travail scolaire, l'assiduité.", explique la psychologue. Il s'agit aussi de mettre du sens et de les aider à se projeter dans l'année avec des objectifs, en les aidant à se mobiliser, à construire de petits projets, et investir cela avec eux. "Enfin, on peut lui demander de réfléchir à une activité à faire en famille. Une sortie, un concert, une chose à laquelle tout le monde pourra participer.", conclut Rachida Raynaud.

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