Si les médicaments analgésiques sont efficaces, ils ont des effets secondaires. Comment en prendre moins ? Plusieurs techniques ont fait leurs preuves.
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L’hypnose : pour atténuer le signal douloureux
Selon Antoine Bioy, psychologue, responsable scientifique de l’Institut français d’hypnose, « la douleur a deux composantes : une perception objective et les émotions négatives que l’on y associe. Ce sont ces dernières qui la rendent difficile à supporter. Dans le cas de l’arthrose, par exemple, les patients ont peur d’avoir encore plus mal, de ne plus pouvoir se déplacer, etc. L’hypnose ne répare pas le corps, mais elle modifie son vécu en influençant le message nerveux. La douleur est toujours là, simplement elle perd sa dimension envahissante et redevient vivable. Lorsque l’on souffre d’un rhumatisme, le signal d’alarme part de l’articulation où l’os est meurtri pour se diriger vers le cerveau. Il est transmis à une zone spécifique, le gyrus cingulaire antérieur. C’est lui qui est chargé de décoder l’information, pour décider si la situation est dangereuse ou non. L’hypnose agit à ce niveau. Il faut en général trois ou quatre séances pour noter un bénéfice. Les patients doivent ensuite réaliser des exercices à la maison, qui sont aussi importants qu’une prescription médicamenteuse. Après sept à dix séances, la personne parvient à utiliser elle-même l’autohypnose pour se soulager.«
La musicothérapie : pour stimuler les hormones du bien-être
Pour Stéphane Guétin, psychologue, musicothérapeute et fondateur du logiciel de musicothérapie Music Care, « de nombreuses études très sérieuses ont été réalisées sur cette technique depuis quinze ans. Les chercheurs ont découvert que la musique agissait directement sur plusieurs zones cérébrales impliquées dans la douleur, ainsi qu’au niveau des circuits du “système de récompense”, un réseau de neurones qui s’active lorsqu’un élément nous fait plaisir. La musicothérapie provoque une libération de dopamine et d’endorphines, les hormones du bien-être, ainsi qu’une réduction des hormones du stress. On sait que l’anxiété aggrave nettement la douleur, en particulier à cause des tensions musculaires qu’elle génère. La musicothérapie agit aussi à ce niveau. Une séance dure environ quarante-cinq minutes. Une partie est consacrée à un entretien préalable et au bilan de l’écoute, qui dure généralement vingt minutes. Elle doit être pratiquée par un professionnel, formé par un diplôme universitaire. Le spécialiste peut proposer de jouer ou d’écouter de la musique. Dans le second cas, il prépare une sélection de morceaux adaptés au patient, fondée fréquemment sur une progression en U : les premières musiques sont assez fortes et rythmées, puis elles ralentissent, et repartent à la fin pour aider la personne à reprendre pieds dans la réalité.«
L’acupuncture : pour réduire l’inflammation
Pour le Dr Jean-Marc Stéphan, médecin acupuncteur et président du Syndicat national des médecins acupuncteurs de France (SNMAF), « l’acupuncture est une excellente alternative aux anti-inflammatoires chez les seniors. Il existe aujourd’hui de très nombreux travaux scientifiques pour attester de son efficacité sur les douleurs, en particulier en cas d’arthrose ou de lombalgie. Dans ce dernier cas, il est intéressant de noter que le niveau de soulagement constaté a été supérieur pour les personnes traitées par de l’acupuncture à celui qui a été rapporté chez les patients soignés de manière allopathique. Les bénéfices sont augmentés lorsque le praticien utilise l’électro-acupuncture. Dans cette variante, l’action des aiguilles est renforcée par un faible courant électrique. Après la première séance, il arrive que les douleurs soient un peu plus présentes dans les dix à douze heures qui suivent. Chez certains, au contraire, elle disparaîtra très rapidement. Mais quelle que soit la réaction première, quasiment tout le monde est soulagé dans la semaine qui suit. On conseille alors de revenir trois ou quatre fois, en espaçant petit à petit les séances. Les rares cas où l’acupuncture n’est pas efficace concernent les arthroses très avancées, notamment au genou, qui nécessitent une opération chirurgicale.«
La méditation : pour remettre la douleur à sa place
Selon le Dr François Bourgognon, psychiatre psychothérapeute et auteur de Savoir pour guérir : la méditation en 10 questions (éd. Mona édition), « la méditation de pleine conscience a été utilisée pour réduire le stress, l’anxiété et les douleurs chroniques dès les années 1970. Depuis, elle a fait l’objet de nombreuses études scientifiques, en particulier pour soulager les lombalgies chroniques, les sciatiques ou encore la fibromyalgie. Elle améliore objectivement le niveau de douleur, la détresse émotionnelle et l’irritabilité. Lorsque l’on souffre d’une douleur persistante, le champ de conscience se rétrécit et la souffrance finit par envahir tout l’espace. Méditer permet de se dégager de la lutte et de remettre la douleur à sa place. On élargit notre regard pour prendre en compte toutes les autres sensations et pensées. Paradoxalement, accepter la douleur la réduit nettement. On peut ainsi se remettre en mouvement, consommer moins de médicaments, retrouver une vie sociale. Les personnes qui pratiquent régulièrement rapportent une réelle amélioration de leur qualité de vie. Le processus de la méditation consiste à recentrer l’attention sur tous les ressentis corporels et les pensées qui traversent l’esprit, sans s’y arrêter. On peut méditer très simplement chez soi, mais il est tout de même conseillé d’être un peu guidé, surtout au début.«
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